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Pêcher des volontaires pour lutter contre la pénurie de professeurs? C’est contre-productif!
23·03·23

Pêcher des volontaires pour lutter contre la pénurie de professeurs? C’est contre-productif!

Bart Eeckhout est l’éditorialiste en chef du quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo de Taylor Flowe sur Unsplash

Bart Eeckhout
Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Chaque petit geste compte. C’est ainsi que l’on pourrait résumer, dans un élan d’optimisme, le projet imaginé par le ministre flamand de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA) pour remédier à la pénurie d’enseignants. Le ministre souhaite en effet assouplir les règles applicables aux professeurs invités afin qu’ils puissent intervenir plus souvent en classe, et autoriser les entreprises à déléguer leurs salariés dans une école en qualité de professeur de travaux pratiques.

Qui sait : il se pourrait qu’un professeur invité se découvre soudain une passion pour l’enseignement et change définitivement d’orientation. C’est loin d’être exclu, et les exemples en sont nombreux. Pourtant, il y a là une difficulté. L’un des (nombreux) problèmes fondamentaux qui expliquent l’énorme pénurie d’enseignants que nous connaissons est leur (manque de) formation. Manifestement, celle-ci prépare mal aux réalités de la salle de classe et elle attire donc trop peu de profils forts. Il est donc essentiel de réformer et de réévaluer la formation. L’initiative du ministre, consistant à aller pêcher des volontaires dans tous les coins et recoins, conforte l’idée qu’une formation adéquate n’a aucune importance. C’est contre-productif.

Mais voyons, le fait d’avoir un enseignant, invité ou non, en classe, cela représente une heure d’étude en moins, non ? Et aide les élèves à progresser ? Non ? Espérons-le, mais là encore, le signal peut être ambigu. Qu’en est-il des « invités » qui, au bout de deux semaines, se rendent compte que le métier très particulier d’enseignant n’est pas fait pour eux ? Ou des invités disposant d’excellentes connaissances pratiques, mais dénués d’expérience éducative ou pédagogique ? En réalité, l’arrivée — laborieuse — d’enseignants extérieurs pourrait très bien faire chuter plus encore la motivation des enfants.

Il faut plus qu’une hausse des salaires pour remédier à la pénurie d’enseignants

Enfonçons une porte ouverte : la pénurie d’enseignants est un problème structurel, majeur et même croissant. L’actuel ministre de l’Enseignement ne l’a pas causée, mais semble également incapable de le résoudre. Tous les acteurs clés du domaine de l’éducation — ministres, institutions scolaires, syndicats, formateurs — ont sous-estimé la pénurie pendant trop longtemps, et la situation est bloquée.

« La différence entre la formation et la pratique constitue souvent un choc. »

Impossible de dissocier la pénurie d’enseignants de l’étroitesse du marché de l’emploi. L’enseignement n’est tout simplement pas assez attractif pour attirer et fidéliser suffisamment de talents. Que peut offrir aujourd’hui l’enseignement à un jeune candidat enseignant ? Voilà toute la question. Le tableau n’est toujours pas très reluisant. La différence entre la formation et la pratique constitue souvent un choc. Il y a le constat démotivant que les enseignants sont parfois incapables de maintenir adéquatement le niveau de la classe. Il y a une grande insécurité de l’emploi et les débutants sont insuffisamment encadrés. Sans compter la perspective d’une carrière souvent linéaire, les pressions de l’administration, et une juridicisation croissante.

C’est là que se situe le problème multiforme de la pénurie d’enseignants. Toute politique qui ne s’attaquerait pas à la racine du problème — formation, orientation, politique des ressources humaines — est vouée à l’échec. Peut-être le ministre Weyts est-il trop impuissant pour faire mieux. Si c’est le cas, il vaudrait mieux qu’il l’admette, au lieu de vouloir sauver les apparences. Cela permettrait de mener enfin cet important débat avec tous les acteurs clés.

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