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Crise de l’azote en Flandre: privilégier l’industrie ou les services, le dilemme
05·10·23

Crise de l’azote en Flandre: privilégier l’industrie ou les services, le dilemme

Bart Haeck est journaliste politique pour le quotidien De Tijd.

Temps de lecture : 3 minutes
Bart Haeck
Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

L’avis du Conseil d’État sur l’azote contraint les responsables politiques à une quête de sécurité juridique. À plus long terme, il faudra se résoudre à mener un débat plus radical sur ce que nous voulons faire de ce petit bout de territoire appelé Flandre.

On croirait voir un accident de train au ralenti. Avec le dossier de l’azote, le monde politique flamand va droit dans le mur, comme ce fut déjà le cas aux Pays-Bas. Le point de départ de ce dossier est le même que celui auquel ont été confrontés nos voisins du Nord : une directive européenne relative à l’azote, dont on n’a pas mesuré d’emblée toutes les conséquences — surtout pour une région dont le territoire est moucheté d’une myriade de petites réserves naturelles.

Comme aux Pays-Bas, c’est lorsqu’un juge a invoqué cette directive pour refuser un permis d’exploitation que les choses sont parties en vrille : pour la Flandre, en l’occurrence, il s’agissait d’un poulailler dans le petit village de Kortessem, dans le Limbourg. Ce fut le début du difficile exercice visant à trouver un équilibre entre l’intérêt de la nature, l’intérêt des éleveurs et l’intérêt de l’industrie. La première tolère mal l’azote, tandis que les deux autres en émettent systématiquement.

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Cette situation a suscité plusieurs crises au sein du gouvernement flamand : aux alentours des vacances de Pâques 2021, autour de Noël de la même année, mais aussi lors des congés de printemps et des vacances d’été, en 2023. Et au lendemain de la publication d’un avis du Conseil d’État, nous revoici à la case départ. Mardi, le gouvernement flamand a tenu une réunion de crise, à l’issue de laquelle il a été décidé d’analyser les possibilités d’échappatoires légales.

« Peut-être pourra-t-on même établir une différence entre l’agriculture et l’industrie — à condition de pouvoir en justifier scientifiquement la nécessité et le bien-fondé. »

Trouver de telles échappatoires est un exercice délicat. La première question à se poser est la suivante : comment mesurer correctement les émissions probables de pollution azotée ? C’est seulement après cette étape qu’il sera possible de déterminer les diverses (im) possibilités avec un peu de sérieux. Peut-être pourra-t-on même établir une différence entre l’agriculture et l’industrie — à condition de pouvoir en justifier scientifiquement la nécessité et le bien-fondé.

À court terme, ce n’est qu’ainsi que l’on pourra rétablir la sécurité juridique, faire adopter par le parlement flamand un décret ayant l’aval de la Cour constitutionnelle, et éviter le blocage des demandes de permis à proximité de réserves naturelles surchargées.

Mais l’exercice ne s’arrête pas là. À plus long terme, il faudra encore répondre à une autre question, à savoir si nous ne voulons pas en faire trop sur ce petit bout de territoire qu’est la Flandre. La Flandre est fragmentée ; l’aménagement du territoire, bien souvent, ne mérite guère ce mot d’« aménagement ». Dans ce domaine, nous devons garder pour ambition d’opérer des choix.

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Une des réflexions intéressantes à mener serait d’étudier la possibilité de regrouper certaines réserves naturelles actuellement morcelées. C’est en effet à proximité de ces réserves que l’azote pose véritablement un problème. Un meilleur redécoupage des réserves naturelles permettrait de créer davantage d’espace pour assurer la création de richesse.

Bien entendu, la discussion ne s’arrête pas là. Le vrai débat porte sur la question suivante : que voulons-nous faire de ce bout de territoire où se passent tant de choses et où se créent tant de richesses ? Voulons-nous encore faire place à l’industrie du futur ? Sommes-nous prêts à réduire notre dépendance industrielle à l’égard de l’étranger ? Sommes-nous fiers de notre industrie agroalimentaire, qui évite à certaines populations, dans le monde, de souffrir de la faim ?

« Que voulons-nous faire de ce bout de territoire où se passent tant de choses et où se créent tant de richesses ? »

Ou à l’inverse : acceptons-nous l’idée d’une Flandre moins prospère, qui aboutirait à une diminution des budgets publics disponibles ? Devons-nous au contraire nous inspirer du Luxembourg et développer notre prospérité dans le secteur des services (activités dont l’empreinte écologique locale est réduite), comme la finance ou le commerce de diamants ?

La véritable leçon que nous donne le Conseil d’État, c’est que l’époque où l’on voulait faire un peu tout à la fois est désormais révolue. Et qu’il est grand temps, pour nous, de viser, en Flandre, un certain minimalisme.

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