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Azote: le gouvernement flamand a toutes les cartes en main, mais est incapable de les exploiter
21·02·23

Azote: le gouvernement flamand a toutes les cartes en main, mais est incapable de les exploiter

Bart Haeck est journaliste politique au quotidien De Tijd.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo de James Baltz sur Unsplash

Bart Haeck
Auteur
Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

La lutte qui agite le gouvernement du nord du pays pour déterminer qui peut faire quoi sur le sol flamand cache également un défi politique : montrer qu’il est encore possible de gouverner au départ du centre de l’échiquier politique – avec seulement trois partis et sans tensions communautaires -, y compris dans les domaines les plus sensibles.

Le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) a convoqué vendredi dernier les architectes de son accord de gouvernement – les présidents de la N-VA, du CD&V et de l’Open VLD – afin d’éviter que le gouvernement flamand s’embourbe dans un marais de reproches et de vétos à propos de sa politique de lutte contre les rejets d’azote dans la nature.

Cette réunion a-t-elle été fructueuse ? Tout dépend de si vous voyez le verre à moitié vide ou à moitié plein. D’un côté, il n’y a toujours pas d’accord et il n’y en aura pas d’ici la fin des vacances de Carnaval (congé de détente), malgré les promesses du gouvernement. Mais d’un autre côté, il semble qu’un accord ait été trouvé sur une méthodologie pour continuer à travailler ensemble et que la confiance personnelle entre les présidents des trois partis de la coalition ait été suffisamment restaurée pour aller de l’avant.

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L’analyse politique de cette minicrise est assez limpide. Le gouvernement flamand n’arrive tout simplement pas à prendre le dessus sur son homologue fédéral alors qu’il a a priori tous les atouts pour y parvenir les doigts dans le nez. Parce qu’il ne compte en son sein que trois partis, contre sept à l’attelage fédéral. Parce qu’il n’est pas miné par les crispations communautaires. Parce qu’il est beaucoup moins sensible aux fortes fluctuations des taux d’intérêt sur la dette publique. Et parce que l’impact du vieillissement de la population sur sa politique en matière de bien-être n’est rien en comparaison de celui que le gouvernement fédéral doit absorber via la sécurité sociale. Bref, le gouvernement flamand a toutes les cartes en main, mais il est incapable de les exploiter.

L’une des explications à cette situation réside dans le fait qu’il est compétent pour beaucoup de matières liées au sol, de l’aménagement du territoire à l’agriculture en passant par l’environnement, l’économie ou les travaux publics. Il fut un temps où ces questions pouvaient être considérées comme plutôt techniques, mais elles ont pris une orientation de plus en plus politique ces dernières années.

« Le gouvernement flamand a toutes les cartes en main, mais il est incapable de les exploiter. »

Le fond du problème consiste à savoir ce que nous voulons faire sur ce lopin de terre qu’est la Flandre. Et à cet égard, les réponses varient de l’agriculture qui doit être synonyme d’autosuffisance alimentaire à la préservation d’espaces naturels inexploités, de la croissance économique qui paie les factures à la nature qui doit nous procurer une quiétude bien méritée après toutes ces années de dur labeur ou encore de la volonté de vivre au contact de la nature à la nécessité d’une certaine densité de population afin que les services publics puissent fonctionner de manière efficace.

Le cœur du débat est par conséquent loin de se limiter à la lutte contre les rejets d’azote dans la nature. Ce dont il est question, c’est de l’avenir de l’agriculture, de l’industrie et de la nature, sans oublier la question des logements, dont il importe qu’ils restent financièrement abordables. La vraie question n’est pas tant de savoir comment nous comptons organiser tout cela et combien ça coûtera que de savoir où nous voulons construire cet avenir.

Et dans ce contexte, il est plutôt cohérent que le gouvernement flamand, faute de pouvoir compter sur un réel dynamisme en son sein, s’en soit remis vendredi dernier aux présidents des trois partis qui le composent. N’est-ce pas eux, après tout, qui ont négocié l’accord de gouvernement flamand ? Via les membres de leur parti élus au Parlement flamand, ils disposent d’un mandat pour affiner cet accord, et éventuellement l’ajuster.

Cette mission en cache une autre, au moins aussi importante. Les personnalités politiques au pouvoir ont la tâche ingrate de prouver qu’il y a encore de la vie au centre du jeu politique, là où les décisions se prennent, et ce même lorsque, rue de la Loi, c’est surtout par les flancs de l’extrémisme que le jeu tend à progresser.

L’une des principales réponses à apporter à ce mécontentement est de montrer qu’il est encore possible de gouverner au départ du centre, aussi difficile cela soit-il. La lutte pour le sol flamand est l’un de ces combats difficiles. Mais si même une coalition composée d’à peine trois partis et qui n’est pas minée par des tensions communautaires n’en est pas capable, n’est-on pas en droit de s’interroger sur le signal envoyé par le gouvernement flamand à propos du dynamisme et de la gouvernabilité de la Flandre ?

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