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Le dossier de l’azote n’en finit pas d’empoisonner le gouvernement flamand
14·02·23

Le dossier de l’azote n’en finit pas d’empoisonner le gouvernement flamand

Isabel Albers est la directrice des rédactions de Mediafin (De Tijd et L’Echo).

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo de James Baltz sur Unsplash

Isabel Albers
Auteur⸱e
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Le gouvernement flamand s’enlise dans le dossier de l’azote. La proposition actuelle n’est pas solide sur le plan juridique, ne fait pas l’unanimité au niveau politique, et ne s’inscrit pas dans une vision globale des rapports que doivent entretenir la nature, l’économie et l’agriculture. Sans compter que l’azote n’est pas le seul point de divergence.

La pression s’intensifie sur le gouvernement flamand pour qu’il débloque le dossier qui le tenaille depuis des mois : l’azote. Vendredi, un dernier coup de semonce a été tiré par le Voka, le réseau d’entreprises flamand. « Il faut un cadre définitif, faute de quoi le coût se chiffrera en milliards. » Le ministre-président, Jan Jambon (N-VA), a annulé une mission économique au Maroc dans l’espoir de réaliser une percée dans les négociations.

À l’évidence, l’ensemble des parties prenantes ont besoin de clarté quant au cadre qui s’appliquera en Flandre et à ses répercussions sur l’agriculture et l’horticulture — bien au-delà des 40 exploitations classées « rouge » —, ainsi que sur une multitude d’autres activités économiques. La délivrance de permis d’infrastructure et d’exploitation pourrait s’en trouver menacée. Les entrepreneurs, y compris les agriculteurs et les entreprises agroalimentaires, veulent savoir à quoi s’en tenir. Même son de cloche du côté des organismes de protection de la nature.

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S’il peut sembler tentant, à première vue, de pousser le gouvernement flamand à boucler cet accord au plus vite, se pose néanmoins la question délicate de l’opportunité de la solution proposée.

Premièrement, des doutes ont été émis, à juste titre, quant à la capacité de certains éléments, pourtant essentiels, des travaux de la tempétueuse ministre Zuhal Demir (N-VA) à résister à une analyse juridique rigoureuse. L’agriculture et l’industrie ne sont pas traitées de la même manière, par exemple. Quant aux milliers de réserves formulées dans l’enquête publique, il convient de les prendre au sérieux. Or, il y a fort à craindre que le gouvernement flamand, par le jeu des marchandages politiques, ne les balaie rapidement, sans leur avoir donné l’examen qu’elles méritent. Cette semaine, des députés, y compris de la majorité, se sont d’ailleurs indignés de ne pas pouvoir consulter les réclamations et, de ce fait, d’être mis sur la touche.

Deuxièmement, il n’y a aucun consensus sur la question de savoir si les solutions proposées par le gouvernement flamand pour réduire les émissions d’azote permettront de favoriser la biodiversité. Spécialiste du domaine au sein de l’Université d’Anvers, le professeur Tobias Ceulemans estime que le débat sur l’azote fait fausse route. « Il ne faut pas accabler l’agriculture. » Il préconise plutôt des interventions dans la gestion et l’aménagement des espaces naturels, qui seraient bien plus efficaces. Cet argument, qui met en cause les méthodes des organismes de défense de la nature, avait eu très peu d’écho jusqu’à présent.

« Il n’y a aucun consensus sur la question de savoir si les solutions proposées par le gouvernement flamand pour réduire les émissions d’azote permettront de favoriser la biodiversité. »

Troisièmement, la nature des liens que doivent entretenir l’économie et l’écologie, dans une Flandre densément peuplée, ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement flamand. Cet accord à long terme est également nécessaire au niveau flamand, mais les trois partenaires de la coalition ne parviennent pas à se mettre d’accord. Cette question fondamentale, qui doit s’inscrire dans la durée, va bien au-delà de l’animosité qu’entretiennent la ministre de l’Environnement, Zuhal Demir (N-VA), et le ministre de l’Agriculture, Jo Brouns (CD&V). C’est une question difficile qui revient dans presque tous les grands dossiers que doit traiter ce gouvernement : le « stop au béton », le décret azote, la nouvelle mouture du plan d’action sur les engrais, les permis d’environnement…

L’érosion de la biodiversité est une préoccupation légitime. Mais quels sacrifices sommes-nous disposés à consentir ? Depuis la guerre en Ukraine et la crise de l’énergie, nous redécouvrons l’importance de l’autonomie stratégique. En va-t-il de même pour l’agriculture et l’alimentation ? Quels types de rapports entre la nature et l’agriculture ou l’économie sommes-nous prêts à accepter ? Jusqu’où faut-il aller pour protéger de minuscules îlots d’espaces naturels ? Ne vaudrait-il mieux pas regrouper de grands ensembles ? Le gouvernement flamand osera-t-il se prononcer clairement à ce sujet ? En matière d’aménagement du territoire, d’agriculture et de nature, il ne peut pas partir d’une page blanche. Ce qu’il peut faire, en revanche, c’est fixer un cap bien plus clair pour l’avenir — à condition, toutefois, de pouvoir se montrer suffisamment puissant et uni sur le plan politique.

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