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À Anvers, les subsides pleuvent: comment la N-VA a copié le PS…
12·01·24

À Anvers, les subsides pleuvent: comment la N-VA a copié le PS…

Peter Reekmans (né en 1975) est bourgmestre de Glabbeek, vice-président national de la Lijst Dedecker (LDD) et ex-député et président de groupe au Parlement flamand.

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(C) BELGA / VIRGINIE LEFOUR

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Le 6 janvier 2005, la N-VA, avec son président Bart De Wever en tête, a organisé un convoi de camionnettes venues de Flandre jusqu’à l’ascenseur à bateaux de Strépy-Thieu, en Wallonie. Avec des fourgons remplis de fausse monnaie, le parti entendait dénoncer les transferts Nord-Sud, se chiffrant en milliards.

Voilà près de deux décennies que cette action, qui visait à mettre en lumière cette injustice, a vu le jour. Aujourd’hui, ce sont les bourgmestres des 299 autres villes et communes de Flandre qui pourraient lancer un mouvement similaire afin de dénoncer les transferts d’argent abusifs dont profite la ville d’Anvers. En effet, sous la houlette de Bart De Wever, la ville portuaire a tendance à s’accaparer l’enveloppe à subsides de la Région flamande.

Les autres communes se partagent les miettes

Chaque année, la ville d’Anvers perçoit ainsi 1,1 milliard d’euros de subsides. Gand, qui arrive en deuxième position, en touche moins de la moitié, à savoir 488 millions d’euros. Si l’on ajoute à cela d’autres sources de revenus tels que le Fonds communal et la reprise des pensions, on arrive rapidement à plus de 2 milliards d’euros, au détriment des 299 autres villes et communes. À titre d’illustration, ce montant équivaut à 50 m³ de billets de cinquante euros, soit plusieurs camionnettes pleines à craquer.

“Ce sont 6 238 000 contribuables flamands qui portent le chapeau”

Depuis que la N-VA est au pouvoir à Anvers, le reste de la Flandre paie un lourd tribut. Facile, dans ces conditions, de se vanter de ne pas avoir de dette, comme le fait le conseil communal qui va même jusqu’à proposer des réductions d’impôts en période d’élections. Aux frais des contribuables du Nord du pays. En effet, 6 238 000 Flamands ont porté le chapeau afin d’éponger les dettes historiques de 536 000 Anversois. Pour ce faire, aucune compétence politique ne s’est avérée nécessaire. Une bonne dose de népotisme a suffi.

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Fonds communal

Il ressort des chiffres de l’ABB (l’Agence flamande de l’administration intérieure, ndlr) qu’Anvers avait une dette de 2.591 euros par habitant en 2012. En 2022, ce chiffre se situait à environ 771 euros, et en 2023, la ville a pu atteindre la barre de 577 euros de dette par habitant seulement, donnant lieu à 52 millions d’excédents d’emprunts pour les investissements restants. Comment Anvers a-t-elle pu apurer sa dette en 11 ans à peine, exploit qu’aucune autre ville ou commune n’est jamais parvenu à réaliser ?

« En 2023, Anvers a reçu la bagatelle de 1 488 euros par habitant de la part du Fonds communal, tandis que les autres villes et communes de Flandre devront se contenter de 270 euros en moyenne. « 

Plus d’un quart du Fonds communal flamand, soit 783 millions d’euros, est attribué chaque année à Anvers. Le gouvernement Jambon a également repris la moitié des pensions des fonctionnaires de la ville, ce qui représente 350 millions d’euros. L’année dernière, la ville d’Anvers a aussi pu récupérer plus de 120 millions d’euros issus de 95 fonds de subsides flamands. En outre, la dernière dette de 52 millions d’euros a pu être effacée au Schoon Verdiep (traduction littérale du français « bel étage », où se trouve notamment le cabinet du bourgmestre au sein de la maison communale d’Anvers, ndlr) en 2023 grâce à l’annexion de Borsbeek. En fusionnant avec cette commune sans dettes – 3 millions d’euros à peine – Anvers remporte à nouveau le jackpot, la Flandre prenant à sa charge pas moins de 50 millions d’euros de dettes de l’entité fusionnée.

La répartition des dotations du Fonds communal flamand est d’ailleurs tout à fait déséquilibrée depuis des années. Les deux grandes villes que sont Anvers et Gand monopolisent à elles seules 40 % des subsides. En 2023, Anvers a reçu la bagatelle de 1 488 euros par habitant de la part du Fonds communal, tandis que les autres villes et communes de Flandre devront se contenter de 270 euros en moyenne. Ma propre commune, Glabbeek, perçoit 183,55 euros par habitant.

Des subsides injustifiés

Mais Anvers ne doit pas uniquement son salut à cette répartition disproportionnée. Il se trouve qu’au cours des dernières années, les subventions flamandes sont devenues plus politisées que jamais.

En substance, il existe deux types d’aides financières. Les communes peuvent d’une part demander des subventions réglementées destinées, par exemple, aux pistes cyclables, aux égouts, au désamiantage, à la construction d’écoles, moyennant certaines conditions. Les collectivités locales expertes en la matière peuvent toucher le gros lot, en toute légalité. Toutes les communes sont en effet soumises aux mêmes règles, encore faut-il tirer son épingle du jeu.

“Depuis l’avènement de la N-VA, des subsides faramineux, purement politiques, tombent dans l’escarcelle de la ville d’Anvers”

D’autre part, il existe des fonds de subsides injustifiés créés par le gouvernement lui-même et dans lesquels les ministres peuvent piocher à leur guise, sans la moindre contrainte. Avant que la N-VA ne joue les premiers rôles au niveau flamand, ces fonds étaient beaucoup plus modestes, et la répartition se faisait également de manière beaucoup plus subtile qu’aujourd’hui. Depuis l’avènement de la N-VA, des subsides faramineux, purement politiques, tombent dans l’escarcelle de la ville d’Anvers au vu au su de tous.

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Le Flamand est en droit de se poser la question haut et fort : quelle est la différence entre des transferts d’argent injustifiés vers la Wallonie (où le PS est au pouvoir) et des subsides grassement versés à une ville flamande (dirigée par la N-VA) ? Jamais auparavant un président de parti n’avait transféré des fonds flamands vers sa propre ville, sans la moindre gêne, laissant ainsi le reste de la Flandre sur le carreau.

J’écris ces quelques lignes en me basant sur des faits et des chiffres précis, car en tant que bourgmestre, je ne supporte plus ces transferts d’argent inéquitables. Au final, les habitant de commune trinquent également. Il est grand temps que la Flandre ouvre les yeux : l’enracinement de la N-VA au pouvoir fait des dégâts. Récemment, mon village a été élu meilleure commune de Flandre. Pour gagner ce titre, je n’ai pas eu besoin d’argent malhonnête. Onze années d’engagement total et de sobriété budgétaire ont porté leurs fruits. Inutile  de compter sur l’argent d’autrui.

Comment mettre fin aux transferts de la Flandre vers la Wallonie? Un taux d’emploi de 80 %!

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