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Pour gérer les problèmes d’ego des Diables Rouges, mieux vaut jouer profil bas
22·06·23

Pour gérer les problèmes d’ego des Diables Rouges, mieux vaut jouer profil bas

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

BELGA IMAGE

En football, le douzième homme n’est autre que l’ego. Dans les rangs des Diables Rouges, la personnalité de Thibaut Courtois s’est heurtée de plein fouet à celle de Domenico Tedesco, nouveau sélectionneur de l’équipe nationale. La question suivante se pose alors : en tant que leader, comment mettre une équipe sur la bonne voie ?

La tâche n’est pas simple. Loin de là. Zeus en personne n’arrivait pas à dompter les dieux de l’Olympe. Même sa femme, Héra, se moquait de lui avec délectation. Domenico Tedesco, entraîneur des Diables Rouges, peut y voir une analogie après son affrontement avec le gardien Thibaut Courtois, qui a quitté le navire par dépit, privé du brassard de capitaine. Il se trouve que Tedesco doit mener une équipe composée d’individualités ayant atteint le statut de demi-dieu sur la scène internationale. Comment y parvenir ? « La tâche s’avère extrêmement difficile, mais elle n’est pas impossible pour autant », affirme Jesse Segers, professeur de leadership et de culture organisationnelle au Sioo, un pôle interuniversitaire néerlandais, et à l’université d’Exeter, en Angleterre.

Nouveau venu

Avant toute chose, il convient de se pencher sur la notion de leadership. « Sur le papier, le coach national est le patron. Mais cette réalité organisationnelle à caractère officiel n’en fait pas un leader de facto. Ce statut est un fait social. Le leader est celui qui se voit confier les rênes par le groupe. Une relation sociale se met alors en place. Dans l’idéal, le leader et le patron sont une seule et même personne, ce qui n’est pas le cas en l’occurrence. »

Le fait que le sélectionneur national occupe le poste depuis peu joue également un rôle. « Comme le disent nos voisins du nord, il faut d’abord tisser des liens avant d’éventuellement les rafistoler : lorsque l’on débarque dans un nouvel environnement, il vaut mieux nouer le contact avec les membres de l’équipe avant de procéder à des ajustements. Quiconque tente d’insuffler un nouveau souffle d’entrée de jeu se heurte automatiquement à des réticences. Non pas que les intentions de Tedesco soient mauvaises. Le coach allemand veut établir une organisation sans faille en n’accordant pas le moindre traitement de faveur, pas même aux stars de l’effectif. Le schéma tient la route, mais ne se met pas en place du jour au lendemain. »

Les Diables rouges, genou à terre: la force d’un message

Les problèmes d’ego ne se retrouvent pas uniquement chez les footballeurs de haut niveau. D’autres secteurs en font les frais : citons par exemple la profession d’avocat, le monde médical, les milieux universitaires ou encore la classe politique. « Deux systèmes coexistent. D’un côté, on trouve le monde traditionnel de l’entreprise ou de la fonction publique, régi par une hiérarchie rigide : le plus haut gradé endosse le costume de leader ; et, de l’autre, des environnements de travail où ce sont les personnes les plus qualifiées dans leur domaine qui se voient naturellement confier des responsabilités. Ainsi, un chirurgien de haut vol fera autorité dans le milieu médical. Et puis, il y a également des mâles alpha de bas étage qui cherchent à tout prix à s’affirmer ».

La situation se complique davantage lorsque vous réunissez 11, voire 22 mâles alpha qui sont au sommet de leur art. « Il faut voir ce qu’a réalisé Herman Van Rompuy en tant que président de l’Union européenne. Sa mission consistait à mettre 27 chefs d’État et de gouvernement, issus de tous bords politiques, au diapason. Comment a-t-il réussi son coup ? En ne se laissant pas emporter par son ego. En restant une petite souris discrète, qui ne paie pas de mine. Ce qui lui a d’ailleurs valu les critiques du Britannique Nigel Farage, qui n’a pas hésité à le qualifier de « serpillière humide » et de « petit employé de banque ». Or c’est justement la force de Van Rompuy. Cette attitude lui a permis de faire preuve d’une grande diplomatie et de se frayer un chemin à travers une forêt d’egos ».

Des équipes de leaders

Le divorce entre Courtois et Tedesco est-il consommé ? En théorie, rien n’est moins sûr. « En tout cas, ce ne sera pas facile de recoller les morceaux », estime Katrien Fransen (KULeuven), maître de conférences en leadership et en coaching au département des sciences du mouvement et fondatrice du centre d’expertise Leading Insights. Quid du brassard de capitaine ? « Nous ferions mieux d’abandonner cette pratique. Les études montrent qu’à peine 1 % des capitaines sont de bons leaders. Ils sont souvent choisis en raison de leur ancienneté ou de leur talent sportif, mais ne sont pas nécessairement de bons meneurs d’hommes. »

Les Diables rouges, bien plus qu’un symbole de diversité

Partant de ce constat, de nombreux groupes choisissent désormais de constituer des équipes de leaders. Les qualités des uns et des autres peuvent ainsi s’exprimer au mieux. « Le partage du leadership permet à différents leaders d’assumer des tâches différentes. Si un joueur doit quitter le groupe pour cause de blessure, par exemple, la cohésion du groupe ne s’en verra pas affectée ».

Thibaut Courtois, dont les capacités et le statut de vedette ne peuvent être remis en cause, vient de montrer qu’il est un piètre leader. « Un bon leader doit mettre son ego de côté et privilégier l’intérêt de l’équipe. Ce n’est pas qu’il a fait », souligne Katrien Fransen. « Un ego démesuré a besoin d’être constamment nourri par des applaudissements, des galons ou un brassard de capitaine. Un ego bien équilibré ne réclame pas cette reconnaissance perpétuelle. Un bon leader se doit d’avoir cette mentalité », conclut Jesse Segers.

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