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Pascal Smet, un homme polarisant mais doté d’une vision pour Bruxelles
21·06·23

Pascal Smet, un homme polarisant mais doté d’une vision pour Bruxelles

Steven Van Garsse est rédacteur senior pour Bruzz et spécialiste de la rubrique politique.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

BELGA

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Le secrétaire d’État Pascal Smet (one.brussels/Vooruit) jette l’éponge. La pression était devenue trop forte après la participation de la délégation iranienne au Brussels Urban Summit.

Face au Parlement bruxellois, Smet a longuement justifié la venue de la délégation par la nécessité de parler avec tout le monde, y compris avec l’ennemi. C’était de la realpolitik, mais dans un contexte de réseaux urbains transnationaux. Il a refusé de présenter des excuses et rejeté toute forme de responsabilité personnelle. Le soutien que lui témoignaient encore ses partenaires de coalition a fondu comme neige au soleil. Dimanche, de nouveaux faits sont venus l’incriminer : c’est la Région bruxelloise qui a payé les frais d’hébergement de la délégation iranienne. La démission était devenue inévitable. Autant abréger les souffrances.

Pascal Smet détonnait dans le paysage politique bruxellois. Il polarisait, il n’avait pas sa langue dans sa poche, mais pendant vingt ans, il est resté fermement attaché à sa vision de la ville. Il a contribué à façonner l’image que nous avons de Bruxelles aujourd’hui, à savoir une ville aménagée pour les gens avant tout, qui met l’accent sur la qualité de vie. Une ville où la voiture cède la place au vélo.

Bien entendu, il a surfé sur une tendance sociétale déjà présente en Flandre, mais il est passé à la vitesse supérieure, notamment en démontrant l’importance d’un changement de paradigme en matière de mobilité et en transformant les places en lieux de rencontre.

« Au cours de la législature actuelle, par contre, les belles paroles ont repris le dessus. »

Mais le volontarisme forcené de Pascal Smet avait aussi ses revers. Certaines réalisations concrètes sur le terrain n’ont pas toujours été couronnées de succès. Smet lui-même l’avait compris à un moment donné. Au cours de la législature précédente, il avait pu se concentrer sur les résultats engrangés, comme les pistes cyclables sur la petite ceinture, plutôt que sur les belles paroles.

Au cours de la législature actuelle, par contre, les belles paroles ont repris le dessus, notamment au sujet du plan Good Living, une vision enthousiasmante de l’espace public et de la qualité de vie. En verrons-nous un jour les résultats concrets ? Le nouveau Règlement régional d’urbanisme verra-t-il le jour ? Et nous n’avons même pas encore parlé du principal combat de Pascal Smet : une union de Bruxelles par la fusion des pouvoirs locaux, une idée dont personne ne semble se soucier.

Pascal Smet : « RER = Réseau Éternellement Retardé »

Sa sortie illustre à quel point une démission n’est pas spécialement une mauvaise chose. Nombreux sont ceux qui se souviendront de l’homme visionnaire, doté d’un plan, plutôt que de l’homme qui a démissionné – soyons de bon compte – pour une broutille.

C’est même une aubaine pour son parti, qui peut désormais préparer Ans Persoons à lui succéder : une année au secrétariat d’État avant d’être nommée tête de liste pour les prochaines élections. Ironie du sort : c’est exactement ce qu’avait fait Smet il y a 20 ans. En effet, le défunt président du SP.A, Steve Stevaert, l’avait nommé secrétaire d’État moins d’un an avant le scrutin de 2004 afin d’étouffer dans l’œuf les dissensions internes au sein du SP.A bruxellois. Ce fut le début d’une carrière réussie.

Et en définitive, la démission de Pascal Smet est une bonne chose pour la politique même, à l’heure où celle-ci est de plus en plus méprisée par la population. Le geste du secrétaire d’État montre qu’un homme politique est capable de prendre ses responsabilités au lieu de s’accrocher sans vergogne au pouvoir.

« La démission de Pascal Smet est une bonne chose pour la politique même, à l’heure où celle-ci est de plus en plus méprisée par la population. »

Puis, il y a la deuxième partie du scandale : Hadja Lahbib (MR), ministre fédérale des Affaires étrangères. L’ancienne journaliste viendra s’expliquer mercredi à la Chambre. L’issue semble inévitable ici aussi : la ministre et son parti sont totalement bloqués. La semaine passée, elle s’en est prise vigoureusement à l’exécutif bruxellois et à Pascal Smet, qu’elle a accusés de ternir l’image de la capitale en invitant une délégation iranienne. Mais les e-mails dévoilés par Pascal Smet démontrent clairement que la ministre n’a pas fait grand-chose pour empêcher l’arrivée de la délégation iranienne, bien au contraire.

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Pourtant, il y a fort à parier que la ministre s’accrochera à son poste. Il faut tenir compte, ici, d’une différence essentielle entre les deux situations. Smet est en fin de carrière. Il comptait annoncer son retrait de la politique en septembre et espérait pouvoir poursuivre une carrière internationale, dans la diplomatie urbaine probablement.

D’un point de vue électoral, Hadja Lahbib, arrivée récemment en politique, représente une mine d’or pour le MR. Elle peut attirer les voix de la classe moyenne progressiste féminine, d’origine immigrée ou non. Elle constitue un pion majeur dans la lutte pour le maïorat schaerbeekois et peut contribuer à une victoire électorale du MR dans la capitale. Certes, si elle parvient à traverser la tempête, elle ne s’en sortira pas indemne, mais il y a de fortes chances que de nombreux électeurs aient oublié cet épisode dans un an.

Elle devra toutefois trouver une manière de se sauver sans démissionner. Surtout si, dans les jours et les heures qui viennent, d’autres e-mails accablants font surface.

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