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Pourquoi les médailles belges aux championnats d’Europe ne présagent rien de bon pour les JO
16·01·24

Pourquoi les médailles belges aux championnats d’Europe ne présagent rien de bon pour les JO

Hans Vandeweghe est journaliste au quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 4 minutes
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Dans un passé pas si lointain, les premières semaines du mois de janvier n’avaient pas grand-chose à offrir sur le plan sportif. Les Belges ne remportaient aucun triomphe, à l’exception des championnats de Belgique de cyclocross — qui présentaient (c’est toujours le cas) un avantage non négligeable : seuls des Belges pouvaient gagner. Sans la concurrence des Hollandais, l’ambiance est toujours à la fête — on a encore pu le voir dimanche à Meulebeke.

Samedi, le journal de la VRT s’est ouvert sur les médailles d’or et de bronze décrochées au championnat d’Europe de patinage artistique par les Belges Loena Hendrickx et Nina Pinzarrone. Dans son édition de la nuit, il s’est ensuite focalisé sur le tour de force de Lotte Kopecky, qui a raflé l’or deux fois d’affilée aux championnats d’Europe de cyclisme sur piste, ainsi que sur les deux médailles de bronze décrochées par Hanne et Stijn Desmet aux championnats d’Europe de short-track.

La Belgique vit-elle un moment de rupture ? Est-elle devenue un pays de sportifs de haut niveau ?

Pour répondre à cette question, il faut s’intéresser à différents facteurs. Tout d’abord, un constat éminemment positif : le niveau des Belges s’est amélioré, principalement grâce aux athlètes flamands. Les résultats obtenus ces dernières décennies sont incontestablement meilleurs que ceux du siècle précédent — et sont, pour l’essentiel, à mettre à l’actif des femmes. Un phénomène qui s’explique par la plus grande marge de progression que connaît le sport féminin, conséquence d’un retard historique et du nombre moins important d’athlètes.

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Ensuite, il faut dire ce qui est : la Belgique progresse — même s’il reste quelque peu embarrassant de rappeler que les six médailles décrochées à Atlanta en 1996 valaient au moins autant que les sept glanées à Tokyo en 2021. En effet, en l’espace de 25 ans, le nombre de médailles décernées a augmenté d’un quart.

Et comme les résultats sont meilleurs, on a tendance à perdre de vue le tableau global et à considérer chaque victoire comme une énième merveille du monde. Prenons l’exemple des championnats d’Europe de cyclisme sur piste et de patinage artistique, qui ont lieu chaque année. Les championnats d’Europe annuels pèsent moins lourd, sur l’échelle de valeurs internationale, que ceux qui sont organisés tous les deux ans (athlétisme, natation) ou tous les quatre ans (football). Les championnats d’Europe ne sont plus la norme.

« Malgré toutes ces médailles, la Belgique reste aux abonnés absents en matière de sport de haut niveau, et n’a pas toujours le sens des priorités. »

Sans compter qu’un autre élément impose d’exprimer d’autres réserves. Les championnats d’Europe qui ont lieu durant une année olympique ne sont généralement pas très courus, et les têtes d’affiche qui s’y présentent ne sont pas à 100 % de leurs capacités. Ce qui n’enlève rien à la performance qu’a livrée Lotte Kopecky samedi soir : elle a absolument tout donné pour parvenir à faire coup double.

Sans vouloir jouer les rabat-joie, une dernière chose : la Belgique a terminé sixième de ce championnat d’Europe, en remportant six médailles — autant que les Pays-Bas. Mais seuls le bronze de Fabio Van den Bossche dans l’omnium et l’argent dans la course par équipe relèvent de disciplines olympiques, tandis que c’est le cas de toutes les médailles, sauf une, décrochées par les Néerlandais. En cette année des Jeux, cela ne présage rien de bon, car les pays qui prennent le sport au sérieux misent précisément sur les disciplines olympiques.

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Passons maintenant aux deux médailles de patinage artistique. Pourquoi, après tout, ne pas ouvrir le JT sur cet événement qui peut mettre du baume au cœur d’un petit pays tel que la Belgique alors que le monde est en proie aux pires tourments (Gaza, Yémen, Ukraine) ?

On peut en revanche se réjouir du fait que le journaliste de la VRT qui a couvert l’événement, en Lituanie, ait posé à Loena Hendrickx la question qui s’imposait : qu’en aurait-il été si les patineuses russes avaient participé à la compétition ? Et encore plus se réjouir de la réponse de l’athlète, d’une rare sincérité : « Je ne serais pas sur le podium, mais je vais quand même savourer cette médaille d’or. »

« Décrocher l’or ne sera possible que si la Japonaise Sakamato chute et que je fais un sans-faute. »

Et qu’en sera-t-il des championnats du monde, qui se tiendront au mois de mars à Saitama, au Japon, dans la même salle où les Belgian Cats ont ruiné leurs chances de décrocher une médaille olympique ? Loena Hendrickx a certes déjà été deuxième et troisième mondiale (de nouveau en l’absence des Russes), elle reste réaliste : « Décrocher l’or ne sera possible que si la Japonaise Sakamato chute et que je fais un sans-faute. »

Malgré toutes ces médailles, la Belgique reste aux abonnés absents en matière de sport de haut niveau, et n’a pas toujours le sens des priorités. Quel est le point commun entre Bart Swings, les autres patineurs de vitesse, les short-trackers et les patineurs artistiques ? Ils ne peuvent pas du tout (pour Bart Swings) ou très difficilement (pour tous les autres) compter sur leur pays pour s’adonner à la discipline dans laquelle ils excellent.

Y a-t-il un autre pays qui obtient d’aussi bons résultats, et aussi fréquemment, dans quelque sport de haut niveau que ce soit, sans infrastructures adéquates ? Les cyclistes sur piste ont obtenu, à Zolder, le deuxième vélodrome qu’ils réclamaient tant — à juste titre. Il reste de la place, dans cette même ville, pour une patinoire. Elle coûtera un paquet d’argent et ne rapportera rien, mais c’est le cas de tous les vélodromes et de toutes les piscines olympiques.

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