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Derrière la joie et le succès de Lotte Kopecky, se cache une profonde détresse
16·08·23

Derrière la joie et le succès de Lotte Kopecky, se cache une profonde détresse

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

DAVID PINTENS

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Trois titres de championne du monde en quatre courses ! Nous avons vu aux côtés de sa maman comment Lotte Kopecky a plus que pleinement assumé son rôle de superfavorite à Glasgow. « 2023 est la plus belle et en même temps la pire année de sa vie. »

« C’est le moment de la décompression, celui où toutes les émotions remontent à la surface. » Dans la salle De Eekhoorn du camping campinois De Lilse Bergen où elle est en vacances, Anja De Graeve (51 ans), la maman de Lotte Kopecky, fixe sur le grand écran les yeux grossis de sa fille. Pendant sa toute première interview en tant que meilleure coureuse sur route au monde, les larmes ne cessent de couler. « Ce sont clairement des larmes de joie, mais également de profonde détresse », ajoute-t-elle. Rien n’échappe à l’œil d’une mère…

Lotte elle-même ne cache pas qu’elle éprouve un double sentiment après avoir remporté ce qui constitue peut-être la plus belle victoire de sa carrière. « Je ne sais pas à quoi j’ai pensé en franchissant la ligne d’arrivée. Cette année 2023 a jusqu’ici été fantastique pour moi, mais elle a également été très difficile. »

Pour celles et ceux qui ne suivent pas de près le cyclisme féminin, rappelons que Lotte Kopecky a notamment inscrit à son palmarès le Tour des Flandres et le Circuit Het Nieuwsblad, qu’elle a brillé de mille feux sur les routes du Tour de France en terminant contre toute attente sur le podium final et qu’elle s’est adjugé deux médailles d’or et une de bronze lors des épreuves sur piste de ces championnats du monde. Sur le plan privé, par contre, 2023 a tout pour elle d’une annus horribilis puisqu’elle a perdu son frère Seppe, qu’elle a rompu avec son compagnon, qui était également son entraîneur, et que son grand-père est lui aussi décédé à la fin du mois de juin.

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Une vieille bécane en fer comme premier vélo

En voyant les larmes de sa fille, Anja pleure spontanément avec elle. « Aucune médaille d’or ne peut faire oublier le noir le plus sombre. Ce maillot arc-en-ciel ne constitue donc pas une consolation, ni pour moi, ni pour Lotte, et c’est normal car ce sont deux choses qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre, même si Lotte aura peut-être puisé une énergie supplémentaire dans la disparition de son frère. Seppe aurait tellement aimé être ici aujourd’hui (note du traducteur : lisez dimanche dernier). Il était son plus grand supporter. Nous disons toujours que, désormais, Seppe est partout avec elle sur le vélo et qu’il l’aide à pédaler. Symboliquement, du moins, car toutes ces victoires, Lotte ne les doit qu’à elle-même, à tout le travail effectué et à tous les sacrifices consentis depuis l’enfance. Et dire que pour elle, tout a commencé avec ce vélo d’enfant que je lui ai acheté sur Internet. Une vieille bécane en fer qui pesait une tonne ! Probablement ne trouvait-on pas moins cher à l’époque sur le Net… »

Champagne

« In-cro-ya-ble », s’écriait Anja dix minutes plus tôt tandis que Lotte escaladait une dernière fois la diabolique côte de Montrose Street. Elle n’en croit pas ses yeux. « Je savais qu’elle en était capable, mais encore faut-il le faire et rester à l’abri de la malchance ». Elle se met enfin à croire que le grand rêve de sa fille va devenir réalité. Au bar, on remplit déjà secrètement les coupes de champagne.

Dans la salle De Eekhoorn, une bonne cinquantaine de supporters et supportrices de Lotte Kopecky applaudissent pour la première fois à tout rompre. Un klaxon retentit. Anja ne parvient plus à contenir ses émotions et a bien besoin du mouchoir qu’elle sort de sa poche. Depuis la première seconde de la retransmission, elle n’a eu de cesse de faire craquer ses doigts comme une possédée. De se ronger les ongles, aussi : après une semaine de mondiaux de cyclisme où Kopecky a concouru dans plusieurs catégories, c’est un miracle s’il lui en reste quelques-uns.

« On ne met pas des enfants au monde avec l’idée qu’ils deviendront les meilleurs du monde dans un domaine, et ce n’est d’ailleurs pas nécessaire qu’ils le deviennent. À mes yeux, mes enfants sont tous les trois les meilleurs du monde. » Anja ne se contente pas de le dire, elle le montre également. C’est ainsi qu’elle arbore au bras un tatouage qui dit que l’amour entre une mère et ses enfants est éternel, avec à l’intérieur les initiales de Seppe, Hannes et Lotte. « Mais cela ne m’empêchera pas de lui dire que je suis incroyablement fière d’elle lorsqu’elle viendra rechercher son labrador Ollie au camping et que je trouve qu’elle est une championne. Elle estimera que j’exagère et me répondra probablement Enfin, maman ! tant elle est modeste. Lotte, c’est l’humilité incarnée, enrobée désormais d’un maillot arc-en-ciel. »

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