Lors du dernier Tour des Flandres, Mathieu van der Poel a une nouvelle fois été arrosé avec des gobelets de bière, au grand dam des véritables amateurs de vélo, mais aussi de la police. Celle-ci entend bien identifier les auteurs de ces jets, et si possible les sanctionner lourdement.
Mathieu van der Poel a remporté dimanche dernier son troisième Tour des Flandres. Alors qu’il escaladait le Vieux Quaremont, des spectateurs – des fans de Wout van Aert qui avaient trop forcé sur la bouteille, d’après des personnes présentes sur place – ont jeté quelques gobelets de bière sur lui. Après sa victoire, le Néerlandais ne s’est pas appesanti sur cet incident, se contentant de confirmer qu’il avait été « quelque peu arrosé ».
Si Van der Poel n’en a pas fait toute une histoire, nombre de commentateurs, de passionnés de vélo et de téléspectateurs ont condamné ces débordements. La police n’entend pas en rester là elle non plus. « Nous avons ouvert une enquête », déclare Joost Duhamel, le chef de corps de la zone de police des Ardennes flamandes. « Cela ne sera pas simple, mais nous allons tenter d’identifier les personnes qui ont lancé ces gobelets de bière. Nous établirons ensuite un procès-verbal dans lequel nous attribuerons à ces faits la qualification la plus sévère possible, à savoir des coups et blessures. »
Derrière la joie et le succès de Lotte Kopecky, se cache une profonde détresse
Une foule immense
Si la tâche de la police ne sera pas simple, c’est parce qu’une foule immense s’était massée dans le Vieux Quaremont dimanche dernier. Certains recensements font état de plus de 40.000 personnes, dont beaucoup étaient sérieusement éméchées. « On peut voir sur les images de vidéosurveillance que des gobelets de bière sont lancés en direction de Van der Poel, mais il est très difficile de déterminer avec exactitude qui les a lancés », indique la police.
Le chef de corps Duhamel est bien conscient lui aussi qu’identifier ces fauteurs de troubles ne sera pas une sinécure. « Mais nous comprenons que la scène ait choqué, tant elle témoigne d’un manque de respect. L’enquête que nous avons ouverte est donc à considérer comme un signal à la société : nous ne voulons pas de personnes qui lancent de la bière sur les coureurs. Ni aujourd’hui, ni demain. Nous établirons un procès-verbal pour chaque personne que nous pourrons identifier. »
Qu’en pense-t-on chez Flanders Classics, l’organisateur de la course ? Ici aussi, on en a marre de l’attitude tapageuse et antisportive de certains spectateurs. Si les lanceurs de bière sont identifiés, « nous nous constituerons partie civile », déclare son PDG, Tomas Van Den Spiegel. Le cas échéant, Flanders Classics pourra réclamer des dommages et intérêts au tribunal.
De la bière, mais aussi des crachats
Quelques semaines plus tôt, lors du Circuit Het Nieuwsblad, les mêmes débordements avaient eu lieu dans le Mur de Grammont. À cet endroit mythique, un spectateur ne trouva rien de mieux à faire que de lancer un gobelet rempli au visage de la cycliste néerlandaise Marianne Vos. Entretemps, la zone de police de Grammont/Lierde a pu identifier cette personne grâce à des images de vidéosurveillance très claires et a établi un procès-verbal pour coups et blessures à son encontre.
Il incombe à présent au parquet de décider des « suites pénales de ce dossier », selon le corps de police de Flandre orientale. L’infraction de coups et blessures est passible d’une amende pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros et peut même donner lieu, si nécessaire, à une peine de prison. Il est fort peu probable qu’on en arrive là, mais la police de Grammont voulait elle aussi surtout donner le signal que les spectateurs doivent « respecter » les athlètes.
Mathieu van der Poel lui-même ne fait pas grand cas de l’incident. « Je me suis effectivement fait quelque peu arroser dans le Vieux Quaremont, mais j’étais tellement concentré sur mon effort que cela ne m’a guère perturbé », a-t-il réagi. Ce qui ne veut pas dire que le lauréat du Tour des Flandres estime que ces jets de gobelets sont acceptables, et il les cautionne d’ailleurs d’autant moins qu’un spectateur lui a encore craché dessus juste avant la ligne d’arrivée.
