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Élections : un « accord secret » entre le MR, Les Engagés et le CD&V ?
04·04·24

Élections : un « accord secret » entre le MR, Les Engagés et le CD&V ?

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Belga (BERT VAN DEN BROUCKE)

Auteur
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Selon Bart De Wever (N-VA), le MR, Les Engagés et le CD&V ont constitué un axe et « les portefeuilles ministériels ont déjà été distribués ». Les présidents des partis concernés démentent formellement et continuent de tendre la main à la N-VA.

« Intox totale !! » Maxime Prévot, le président des Engagés, conteste avec véhémence — en témoignent les deux points d’exclamation — la rumeur selon laquelle son parti, son parti frère, le CD&V, et le MR, auraient d’ores et déjà conclu une entente. « Il n’y a aucune espèce d’accord. »

C’est pourtant ce qu’affirme Bart De Wever, le président de la N-VA, dans un entretien à l’hebdomadaire Humo. « Le CD&V, Les Engagés et le MR ont constitué un axe et, dans un de ces partis, les portefeuilles ministériels ont déjà été distribués. La direction de l’Open VLD est également sur la ligne d’une Vivaldi II. »

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Sammy Mahdi, le président du CD&V, nie également — dans les deux langues nationales — l’existence d’un « accord secret ». « Je dialogue avec tous les partis, de part et d’autre de la frontière linguistique. Mais ce n’est un secret pour personne que je préfère former un axe avec Les Engagés et le MR plutôt que de lier mon sort à celui du PS, comme le fait la N-VA. »

« Nous n’excluons aucune piste, sauf celle du PTB et du Vlaams Belang », ajoute Maxime Prévot. Il s’interroge sur l’intérêt, pour Bart De Wever, de telles affirmations. « Pourquoi donc Bart De Wever s’abaisse-t-il à lancer de fausses rumeurs ? Je l’ai connu plus confiant et moins fragile… »

Main tendue

Le CD&V et Les Engagés avaient déjà fait savoir qu’ils lieraient leur destin après les élections, tout comme les autres formations qui constituent les grandes familles politiques par-delà la frontière linguistique. Ce qui étonne davantage, c’est que Bart De Wever prenne pour cibles le MR et Les Engagés. Le CD&V a sa petite idée sur les motifs de cette manœuvre. « Bart De Wever cherche à donner l’impression que plus rien n’est possible en Belgique, parce que les Wallons seraient fondamentalement de gauche et les Flamands fondamentalement de droite. La seule issue serait donc le confédéralisme. Lorsque des partis font des propositions qui vont dans le sens de celles de la N-VA, elles viennent contrarier toute sa stratégie. La N-VA est prise de panique. »

Les présidents du MR et des Engagés continuent de tendre la main à la formation nationaliste. « Que les électeurs fassent d’abord leur choix », tance Georges-Louis Bouchez. « À l’issue des élections, nous espérons former un gouvernement de réforme qui soit le plus possible au centre droit de l’échiquier politique. L’idéal serait que le noyau soit composé du MR, de l’Open VLD, de la N-VA et du CD&V, auxquels viendraient s’ajouter d’autres partis réformateurs. »

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Le MR et les démocrates-chrétiens soulignent qu’ils ont davantage de points communs avec la N-VA qu’avec le PS, mais que Bart De Wever préfère pourtant lorgner sur le parti de Paul Magnette. « Bart De Wever s’est plaint pendant des années que le problème venait du PS, mais depuis 2020, il ne rêve que de former un gouvernement avec Magnette », analyse M. Bouchez. « Dans une telle configuration, la Flandre devra toujours mettre la main au portefeuille en échange de compétences renforcées. »

D’où la proposition de réforme de l’État que le président du MR a d’ores et déjà présentée dans l’émission De Afspraak op vrijdag. « Les compétences actuelles doivent être assorties de responsabilités financières », précise-t-il. « Ceux qui paient doivent être ceux qui décident, et inversement. »

Sammy Mahdi et Bart De Wever

Sammy Mahdi estime, lui aussi, que le MR et Les Engagés sont clairement disposés à entreprendre des réformes, notamment en ce qui concerne la limitation des allocations de chômage dans le temps, le durcissement de la politique migratoire, le renforcement de la justice et la question de l’énergie nucléaire. « Je sens chez le MR une volonté de parvenir à une fiscalité plus juste, à condition de réformer également le marché du travail. Mais pour ce qui est de la N-VA, la voie libérale qu’elle emprunte sur le plan socio-économique n’est pas celle d’un parti populaire. Bart De Wever veut supprimer l’indexation des salaires, mais refuse d’accroître la contribution des grandes fortunes. Avec une vision néolibérale telle que celle-là, nous ne sommes pas près de conclure un accord de gouvernement. »

C’est un véritable gouffre qui sépare Sammy Mahdi et Bart De Wever, ce que vient encore confirmer ce dernier dans son entretien à Humo. « J’ai des rapports normaux avec la plupart de mes collègues », explique-t-il. « Mais pas avec Sammy Mahdi, parce qu’il a provoqué des crises inutiles au sein du gouvernement flamand et humilié publiquement Jan Jambon. »

Pour rappel, en 2022, le ministre-président flamand avait dû reporter sa Déclaration de septembre, car le CD&V exigeait de revenir sur une réduction des allocations familiales prévue dans le paquet croissance. Sammy Mahdi s’était montré inflexible dans ce dossier crucial pour le CD&V, le parti des familles, et avait obtenu gain de cause. Il affirme néanmoins que sa porte est toujours ouverte. « Je pense qu’il est bénéfique de rencontrer les présidents des autres partis régulièrement. De son côté aussi, Georges-Louis Bouchez a déjà répété 36 fois sa porte était ouverte à la N-VA. C’est Bart De Wever qui se met peu à peu hors jeu. Il ne parle à personne et ne veut négocier qu’avec Paul Magnette à propos de la scission du pays, c’est regrettable. De notre côté, nous préférons dialoguer avec tout le monde plutôt que de créer un parti en Wallonie qui ne fera qu’y affaiblir le centre droit et rendre la formation d’un gouvernement fédéral quasi impossible. »

En 2014, c’est une entente entre Wouter Beke (CD&V) et Charles Michel (MR) qui avait permis de mettre sur pied la première coalition suédoise, avec la N-VA et l’Open VLD. C’était la première fois en un quart de siècle que le PS ne participait pas au gouvernement fédéral, appuyé par une minorité francophone, qui était tombé après le retrait de la N-VA à la suite de la ratification du pacte de Marrakech.

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