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300 destinations et un diplôme pour Yvo, globe-trotteur: « Je ne voudrais vivre dans aucun autre pays. »
05·04·24

300 destinations et un diplôme pour Yvo, globe-trotteur: « Je ne voudrais vivre dans aucun autre pays. »

Temps de lecture : 5 minutes Crédit photo :

Photo de Mantas Hesthaven sur Unsplash

Auteure
Noëlle Michel
Traducteur⸱trice Noëlle Michel

Même s’il ne peut toujours pas survoler les États-Unis à cause de l’ancien président américain Donald Trump, Yvo Peeters, 75 ans, habitant de Coxyde, n’est pas près de renoncer à ses voyages. Il fait partie du groupe sélect de ceux qui ont au moins 300 destinations au compteur, ce qui lui a permis de décrocher cette année le « diplôme de diamant » du Travelers’ Century Club. « Je n’ai peut-être pas d’ordinateur ou d’Internet, mais je ne manque pas de cran pour autant », indique malicieusement le Flamand occidental qui a même obtenu un permis de séjour en Albanie au cours d’une de ses aventures. C’est cependant en Corée du Nord qu’il a vécu ses expériences les plus dépaysantes.

Enfant, Yvo Peeters ne lisait pas de contes, mais les histoires de voyages et d’aventures de Jules Verne. Il est allé aux quatre coins du monde grâce à des ONG, des ministères, des organisations de défense des droits humains et d’autres organismes, mais ne le considérez pas comme un touriste : « Je suis un voyageur, affirme-t-il. Je me laisse inspirer par les histoires que je lis, elles me donnent envie de vérifier si la réalité correspond à ce qu’a décrit l’auteur. La nature m’attire moins, je m’intéresse davantage aux peuples, à leur culture, leur histoire. Je voyage environ six fois par an, pour trois semaines en moyenne. Cela fait soixante ans que je pars ainsi à l’aventure. J’ai pris l’avion à peu près 600 fois et usé 24 passeports différents. Sans compter la carte d’identité demandée par mon père au début des années 1960 pour me permettre de franchir la frontière à vélo vers la Flandre française, alors que j’étais mineur (rires). »

À seize ans, Yvo a dressé une liste de quinze destinations qu’il voulait absolument voir une fois dans sa vie. Parmi elles figuraient les fameuses pyramides d’Égypte, la Grande Muraille de Chine, le Machu Picchu au Pérou, Stonehenge en Angleterre et les chutes du Niagara aux États-Unis. Il a pu toutes les cocher depuis, ainsi que 285 autres destinations. Il a rassemblé une partie de ses récits de voyage dans son livre Vanuit de Westhoek de wijde wereld in [Du Westhoek au vaste monde].

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Avec son premier salaire gagné grâce à un job étudiant, il a acheté en 1967 un billet d’avion Ostende-Southend. Ce fut son premier vol de ligne. Après ses études d’histoire et d’archéologie à l’Université libre de Bruxelles, c’est surtout sa carrière qui lui a permis de voyager si souvent. « Je venais d’obtenir mon diplôme et les médias ne parlaient que de la sécheresse au Sahel. Les images de gens morts ou décharnés ne laissaient personne indifférent. Avec une poignée d’autres jeunes, nous avons mis sur pied une expédition humanitaire. En 1972 et 1973, nous avons effectué deux voyages de trois mois à travers le Sahel et parcouru plus de 42 000 kilomètres. La confrontation à ces souffrances inhumaines et à la famine a changé ma vision de la vie. De nombreuses expéditions m’ont rappelé à quel point nous vivons bien, ici. Jamais je ne voudrais émigrer. Les voyages m’ont aussi appris à relativiser. »

Yvo Peeters

Yvo a rejoint le Travelers’ Century Club, fondé au milieu des années 1950 à Los Angeles. D’après le Coxydois, il compte approximativement 1500 membres – des Américains pour la plupart, et à peine six Belges. Ceux qui ont visité plus de 300 destinations reçoivent le « diplôme de diamant », la distinction la plus prestigieuse. Un honneur qui échoit à Yvo. « C’est seulement une fois pensionné que j’ai commencé à voyager plus méthodiquement, afin de me rendre là où je n’étais pas encore allé. Pourtant, il reste des zones que je n’ai pas pu visiter, en particulier dans les régions en guerre comme la République centrafricaine, la Somalie ou l’Afghanistan. Et aussi des micro-États comme Tuvalu, Nauru et la Guinée équatoriale, qui ne délivrent aucun visa. Les deux zones militaires réglementées de l’archipel des Chagos et des îles Midway sont également difficiles d’accès. »

Les États-Unis, zone interdite

L’ancien président Donald Trump a forcé Yvo à renoncer à ses projets de voyage. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York, des mesures strictes s’appliquent. L’accès du pays est ainsi interdit aux citoyens d’Irak, d’Iran, de Lybie, de Somalie, du Soudan et du Yémen. « Cependant, Trump en a rajouté une couche en 2017 en étendant cette interdiction aux personnes qui ont visité ces pays au cours des dix dernières années. Par conséquent, je ne peux plus me rendre aux États-Unis ni même survoler le continent. Après l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, qui a supprimé une bonne partie des décisions de Trump, j’ai introduit une nouvelle demande, mais elle a de nouveau été refusée. J’espère que cette interdiction sera bientôt levée, pour que je puisse me rendre en Alaska en passant par le nord du Canada, comme je le souhaite. L’Antarctique fait partie de mes destinations favorites, avec les déserts. »

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Yvo en Corée du Nord

Dans son livre, Yvo décrit la Corée du Nord comme son expérience la plus dépaysante. « La seule possibilité pour entrer dans ce paradis fermé peuplé d’ouvriers et de paysans est de passer par Pékin. De là, on peut prendre l’avion ou le train. J’ai choisi le rail. La Corée du Nord est une dictature à parti unique où la moindre contestation est sanctionnée par un emprisonnement en camp pénitentiaire ou de rééducation. Il fallait donc que je reste sur mes gardes. La plupart des habitants ne sont pas des fanatiques hystériques, mais des travailleurs ordinaires qui vaquent à leurs occupations. Les femmes portent des tailleurs et les adolescents aiment faire du roller à roulettes lumineuses. J’ai souvent eu l’impression d’être un spécimen exotique quand on m’invitait à venir poser sur une photo de famille ou à participer aux exercices de gym du matin. Mes deux guides avaient insisté pour que je ne quitte jamais l’hôtel seul, que je ne dise jamais de mal des dirigeants et que je demande toujours l’autorisation avant de faire quoi que ce soit. Notre groupe n’a pas trahi leur confiance, ce qui nous a permis d’explorer le pays. La visite du musée de l’armée, qui compte pas moins de 280 salles, m’a le plus impressionné. Pendant 18 jours, je me suis levé à 7 heures tous les matins, nous partions en bus à 8 heures et revenions à 22 heures à l’hôtel. Chaque jour, nous parcourions plusieurs centaines de kilomètres sur des dalles de béton cassées. »

Yvo en Albanie

L’Albanie est une autre destination qui a marqué Yvo : « C’était le pays le plus isolé d’Europe pendant près d’un demi-siècle. À la chute du communisme au début des années 1990, j’ai sauté sur l’occasion et réservé un billet pour l’Albanie. Ça n’a pas été facile, mais je connaissais des gens sur place – ce genre de réseau est toujours utile pour voyager vers des destinations non touristiques. J’ai donc pris l’avion direction Corfou, où je pourrais, d’après mes contacts, embarquer sur un bateau de pêche pour l’Albanie. Lorsque j’ai montré mon passeport belge, les policiers sont restés stupéfaits. Ils n’en avaient encore jamais vu. S’en est suivie une discussion animée dans un petit bureau délabré. Malgré la barrière de la langue, l’un des agents a fini par me fourrer un document entre les mains. Lorsque je l’ai regardé de plus près, j’ai constaté qu’il s’agissait d’un permis de séjour permanent pour la République socialiste d’Albanie (rires). Dommage, je n’avais pas l’intention de m’installer là-bas. »

Des souvenirs rassemblés dans un livre

Yvo présentera son ouvrage Vanuit de Westhoek de wijde wereld in. Reisverhalen 1972-2023 [Du Westhoek au vaste monde. Récits de voyage 1972-2023] le samedi 23 mars à 16 h à la librairie Standaard Boekhandel de Coxyde. Le livre coûte 20,95 euros et compte 180 pages. Il est également disponible à la librairie Standaard Boekhandel de Furnes.

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