Ne les croyez pas, ces politiques qui prétendent ne pas se livrer à de petits jeux politiciens, comme le fait Sammy Mahdi (CD&V). Il n’est pas le seul, évidemment. La N-VA aussi est pleinement embarquée dans une partie de Stratego. Par exemple, à l’occasion de la réception de Nouvel An de son parti, Bart De Wever (N-VA) a répété qu’après les élections, il souhaitait former un zakenkabinet, littéralement un « gouvernement d’affaires », une sorte de gouvernement minoritaire temporaire en affaires courantes, qu’il accepterait de diriger, mais uniquement si cela s’avère vraiment, mais alors vraiment, nécessaire. Le bourgmestre d’Anvers est prêt à se sacrifier pour libérer la Flandre du marasme économique. Il tire sur le PS, mais en même temps, il veut et doit rétablir l’ordre socio-économique avec le PS.
La N-VA se concentre avant tout sur le fédéral. C’est pourquoi Jan Jambon a été condamné à jouer un rôle de second plan lors de la petite sauterie de son parti. Au CD&V, c’est l’inverse. Les chrétiens-démocrates visent la Flandre, mais surtout la N-VA, qui devient le PS de la Flandre. La stratégie est incompréhensible, alors que le parti gouverne au fédéral avec le PS, mais c’est une manière pour le CD&V d’entrer sur le ring, car la campagne risque bien de ne pas s’intéresser au parti de Sammy Mahdi, qui, pourtant, sait se battre. Et nous l’affirmons sans une once de cynisme. Se battre, c’est important en politique. Quand bien même sa tactique n’a ni queue ni tête, il a démontré ces derniers jours qu’il savait cogner.
Ainsi, Mahdi plaide pour « une vie digne dans un pays digne ». On en oublierait presque que le CD&V est à la barre à tous les niveaux de pouvoir : flamand, fédéral et surtout local. Mais alors, où le parti s’est-il dignement planté ? « Le seul choix pour protéger le pouvoir d’achat, c’est le CD&V », prêche Mahdi. Voilà que votre portefeuille est devenu, petit à petit, le Graal de la campagne, l’objet qui fait subitement monter tous les politiques aux barricades. Le CD&V protège entre autres l’indexation des salaires. Mais après avoir ressuscité numériquement Jean-Luc Dehaene grâce à l’intelligence artificielle, le parti ne nous dit pas comment il compte s’y prendre pour faire ce que l’ancien Premier ministre avait réussi à faire, à savoir remettre de l’ordre dans les finances du pays. Mais en même temps, nous avons entendu que le parti n’appréciait pas beaucoup les banques qui recourent aux chatbots et à l’IA pour répondre à leurs clients. Attendez… quoi ?
« Tout à coup, le CD&V, épris d’un amour pour le moins stratégique, fait front avec Les Engagés pour nous sauver, vous et moi, du grand chaos. »
En plus de travailler, les gens doivent aussi pouvoir avoir une famille, des loisirs et du repos ? Comme s’il existait un seul parti pour nier cette évidence. Mais en même temps, le CD&V s’oppose à une ingérence excessive de l’État, y compris en Flandre. Heureusement que nous avons un ministre flamand de la Jeunesse qui laisse les jeunes être jeunes ! Tout à coup, le CD&V, épris d’un amour pour le moins stratégique, fait front avec Les Engagés pour nous sauver, vous et moi, du grand chaos. Mais en même temps, sans réforme fiscale, le CD&V n’est pas prêt à s’engager. Le CD&V n’a jamais été aussi « en même temps ».
Ce sera nous ou le chaos. Apparemment, c’est tout ce qui relie le CD&V et la N-VA. Ne les croyez pas, ces anciens partenaires de cartel. Et soupirez bien profondément. Quand parle-t-on de chaos et de finances qui déraperont au point de nous enlever tous nos rêves ? Si on ne trouve rien de mieux à présenter à l’électeur, il ne faudra pas s’étonner de le voir séduit par des partis qui inventent des taux d’imposition fallacieux de « multinationales » comme Colruyt pour mieux les dénoncer. Il se dira que les partis que l’on n’a jamais essayés feront forcément mieux.
