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Sammy Mahdi (CD&V) : « Pour les francophones de Bruxelles, la politique flamande, c’est une autre planète »
24·05·23

Sammy Mahdi (CD&V) : « Pour les francophones de Bruxelles, la politique flamande, c’est une autre planète »

Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, DaarDaar part à la rencontre des présidents de partis flamands. Qui se cache derrière l’homme ou la femme politique? Comment sont-ils arrivés en politique ? Comment voient-ils l’avenir du pays ?

Cette semaine, nous avons commençons par Sammy Mahdi, président du CD&V depuis le 25 juin 2022. Lundi, c’était sa biographie. Ce mercredi, son interview.

[Projet réalisé avec le soutien du Fonds pour le journalisme]

Temps de lecture : 13 minutes
Aubry Touriel
Auteur

Hypocondriaque, fan de rap français, accro au Mc Do… ce ne sont sûrement pas les images qui vous viennent à l’esprit quand vous pensez à Sammy Mahdi, le président du CD&V. Et pourtant! À travers une série d’interviews inédites, DaarDaar vous fait découvrir les présidents des partis flamands comme vous ne les connaissiez pas.

Son rêve ? Devenir papa. Son ambition pour le cd&v ? Transformer ce dinosaure politique en un avion de chasse. Dans cet entretien, Sammy Mahdi revient aussi sur les difficultés qu’ont les politiques flamands à se faire connaître à Bruxelles. Alors que son parti encaisse les sondages défavorables, le président du cd&v reste persuadé qu’il peut convaincre un électorat qui prône le respect et la nuance, loin des extrêmes.

Est-ce qu’on parlait politique chez les Mahdi ?

Oui, on parlait de tout et de politique aussi. Par contre, dire pour qui on votait, c’était tabou. C’est très belge, à mon avis. Pour ma mère, son droit de vote est acquis. Mais c’est aussi son droit de ne pas dire pour qui elle votait. Mes grands-parents ne le disaient pas non plus d’ailleurs. Par contre, mon père racontait souvent pour qui il votait. En soi, il suivait la politique belge, mais ça partait parfois dans plusieurs sens dans ses choix politiques.

Je me souviens très bien quand j’étais chez mes grands-parents et que ça discutait politique une semaine avant les élections. J’avais 12 ans et je leur demandais pour qui ils allaient voter. Mes grands-parents répondaient : « on votera pour les bons ». Point à la ligne. Quelques années plus tard, j’ai découvert que mes grands-parents avaient aussi une carte du CVP. Je l’ignorais. Mais parler politique et déclarer qu’on suivrait un parti jusqu’à la mort, ce n’était pas comme ça chez les Mahdi.

Quelles valeurs vos parents vous ont-ils inculquées ?

La valeur la plus importante, ça a toujours été le respect. Respecter l’autre. J’ai le sentiment qu’il n’y a pas assez de respect par rapport à nos aînés. C’est la raison pour laquelle j’ai précisé lors de la réception de Nouvel An du cd&v qu’il faut vraiment avoir du respect pour les aînés. Un respect pour chaque citoyen. Il faut aussi une citoyenneté où chacun participe.

À la maison, quand il y avait quelque chose qui nous dérangeait, ce n’était pas le but de rouspéter, de rester frustré, il fallait trouver une solution soi-même à son problème. Et donc on ne pouvait pas rester là à ne rien faire.

Vous avez un rapport un peu particulier avec les maladies…

Oui, je suis hypocondriaque à l’extrême. Il n’y a pas une semaine où je ne tape pas sur Google « mal au ventre », « mal aux genoux ». Au final, on sait tous que sur Google ça termine par les pires maladies qui existent. Et donc malheureusement cette nuit encore j’avais mal aux genoux et je me demandais si je n’avais pas une maladie grave. Donc c’est vrai que ça m’angoisse souvent.

« Je suis hypocondriaque à l’extrême. Il n’y a pas une semaine où je ne tape pas sur Google ‘mal au ventre’, ‘mal aux genoux’. »

Ce côté hypocondriaque ne sortira jamais de moi. Et je pense que quelque part c’est parce que j’aime tellement la vie. Il y a encore tellement de choses que je veux accomplir dans la vie que l’idée que ça pourrait se finir plus tôt que prévu dû à certaines maladies, ça m’angoisse énormément.

Et si vous aviez 24 heures de libres, que feriez-vous?

Je dirais bien manger d’abord. Et puis surtout être avec des amis et faire des voyages, s’amuser. Dans le monde politique, on n’a plus trop le temps de faire ce qu’on veut. Le bonheur, c’est quand je pars en voyage avec mes potes, ma copine. On s’amuse et on peut tout oublier. Pour moi, c’est ça le bonheur.

Sammy Mahdi en couple avec la députée Nawal Farih : une relation potentiellement gênante pour le CD&V

En quoi n’êtes-vous pas doué ?

Je suis très mauvais en cuisine, il ne faut pas me laisser faire parce que c’est horrible. Même si j’ai coupé des fruits au Lunch Garden pour un job étudiant.

Qu’est-ce que vous pouvez bien faire ?

Pour ma famille et mes amis, écouter les autres c’est quelque chose que je sais bien faire. Donc je suis quelqu’un qui est à l’écoute. D’ailleurs, quand j’ai commencé mes études, je n’ai pas commencé par Sciences Po, mais par la psychologie, justement parce que mes amis d’enfance me disaient que, quand il y avait un problème, ils pouvaient venir chez moi et j’écoutais.

Et s’il y a un truc quand même que je voudrais dire que je peux bien faire, même si on aura l’impression que je frime, je sais très bien me garer.

Sammy Mahdi, le roi des créneaux?

Oui, exactement.

Qui est Sammy Mahdi (CD&V), ce roi des créneaux qui veut supprimer le Comité des Régions?

Quel est votre péché mignon ?

Je ne sais pas si aller au McDo est un péché mignon, mais en tout cas, j’adore le fast food. Il n’y a pas une semaine où je ne passe pas au McDo. Quand j’étais gosse en secondaire, on allait souvent aussi au snack près de l’école pour aller commander une mitraillette ou un durum.

« Il n’y a pas une semaine où je ne passe pas au McDo »

Je sais que je ne dois pas faire de la pub pour des snacks, mais j’avoue que j’adore ça. Pour moi, tout l’aspect hyper culinaire avec une assiette où il y a deux petits légumes, c’est sympa pour les autres, mais je préfère avoir juste mon Big mac, mes frites, mes chicken nuggets. Et puis on me laisse tranquille.

Qu’est-ce qui vous fait vibrer ?

Faire partie d’une foule quand je suis à des concerts et voir qu’il y a toute une foule qui s’élève. Je suis allé à cinq reprises à Tomorrowland. Le fait de voir des milliers de personnes ensemble qui crient un message. C’est la raison pour laquelle je ne rate quasiment pas un match des Diables rouges dans le stade Roi Baudouin. Ça montre qu’on est plus qu’un individu : quand on est en relation avec l’autre, on arrive à aller beaucoup plus loin. Un plus un égal trois dans mon regard de la société.

Quel est votre rêve ?

Mon plus grand rêve, c’est de devenir papa. C’était mon grand rêve quand j’avais 17 ans je disais : « à 23 ans au plus tard, je vais devenir père et je vais avoir minimum quatre gosses. » Là, aujourd’hui, je vais avoir 35 ans cette année et pour le moment il n’y a pas encore de gosse. Mais ça reste vraiment mon plus grand rêve.

L’amour le plus propre qui existe, c’est l’amour d’un parent envers ses enfants et des parents envers leurs parents. Je vois qu’il y a beaucoup de présidents de partis qui sont en train de postuler pour devenir premier ministre ou autre. Si je peux remplir mon CV quelque part pour devenir père, là demain, j’écrirais la plus belle des lettres de motivation.

Qu’est-ce qu’il vous manque ?

À part les enfants que j’aimerais avoir, pas grand-chose. J’ai une bonne santé, en tout cas je l’espère, et j’ai des amis. J’ai une copine avec qui je vis le grand amour. J’ai des parents qui sont là pour moi donc je ne peux pas me plaindre. Mes parents m’ont toujours appris aussi à ne pas trop me plaindre. Quand on se plaint, c’est à nous d’essayer de faire en sorte qu’on puisse résoudre nos propres problèmes. Parfois, ils sont impossibles à résoudre. J’ai par exemple des amis qui mènent des combats contre des grosses maladies en ce moment et qui ont le droit de se plaindre. Moi, je n’ai pas le droit. Je dois être très satisfait de la vie que j’ai.

Quels sont les aprioris que les gens ont sur vous?

Aujourd’hui, je dirais qu’on me perçoit comme un homme sévère. À mon avis, c’est entre autres à cause de mon langage non verbal : en tant qu’homme politique à la télé, tu dois te montrer sérieux. On me dit régulièrement « Tu ne ris pas assez souvent quand tu es à la télé. » Après, quand on discute de la fiscalité ou du marché d’emploi, c’est compliqué de taper un fou rire.

Mais c’est vrai que je devrais essayer de montrer que je suis quelqu’un qui aime rire, qui aime s’amuser et qui a un bon cœur en soi. Et ce, grâce à mes parents qui m’ont donné une bonne éducation.

La gestion du dossier du Béguinage à Bruxelles en tant que secrétaire d’État et n’a pas aidé à adoucir votre image…

En tant que secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, il faut essayer de trouver un moyen d’avoir une migration contrôlée. Ce n’est pas évident et donc il y a un message souvent très dur à faire passer aussi : on ne peut pas juste ouvrir les portes à tout le monde.

« Tu te retrouves souvent dans la position du grand méchant loup alors que tu essaies simplement d’organiser les choses de manière correcte avec respect pour les règles. »

Pour avoir une immigration contrôlée, il faut donc faire preuve d’une certaine sévérité pour s’assurer que les procédures soient bien suivies. C’est vrai que tu te retrouves souvent dans la position du grand méchant loup alors que tu essaies simplement d’organiser les choses de manière correcte avec respect pour les règles.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ?

Rester soi-même, et ce n’est pas toujours facile. Je suis arrivé jeune et je suis différent du parti : bilingue de Bruxelles, j’ai un père qui vient d’ailleurs. À cause de ça, tu as tendance à vouloir, même dans le langage que tu utilises, essayer de montrer que tu fais partie du groupe.

Si les gens ont une image sévère de moi à la télé, c’est parce que justement je me dis « vu que je suis un jeune gamin qui vient de Bruxelles, enfin dans ma tête, je dois me comporter le plus sérieusement possible, je n’ai pas le droit de rire ». Et là, mes proches me disent : « tu dois montrer qui tu es réellement, tu dois pouvoir te comporter comme tu es. » J’avoue que parfois je dois essayer de me lâcher et de montrer qui je suis.

Vous avez un exemple ?

Quand je suis passé chez Bruzz, la radio flamande à Bruxelles, on me demandait de donner une liste de trois chansons que je voulais faire passer à la radio. Il y avait plusieurs chansons de rap français et la présentatrice était très étonnée.

Ma jeunesse à Bruxelles dans les années nonante a été rythmée par le rap français. Mais encore aujourd’hui, quand je mets mon compte Spotify dans la voiture, ou quand je travaille dans mon bureau, en arrière-plan, il y a du rap français.

Boitsfort, Etterbeek, Schaerbeek, Ixelles, Molenbeek… Vous avez transité par de nombreuses communes bruxelloises. Quelle perception les francophones de Bruxelles ont-ils des partis flamands ?

Quand j’habitais à Bruxelles, je faisais mes premiers pas en politique. En tant que néerlandophone à Bruxelles, tu essaies de discuter du contenu de campagnes politiques. Mais la personne devant toi te dit « CD&V quoi? C’est quoi ça? » Et là je réponds : c’est un parti politique comme la N-VA, l’Open VLD, le SP.A. Elle répond :« N-VA, quoi? »

Le monde politique flamand, pour la communauté francophone à Bruxelles, c’est quasiment une autre planète. Et c’est frustrant parce que tu arrives avec tes brochures flamandes devant un Bruxellois que tu veux aider, et puis tu te rends compte que c’est compliqué de pouvoir vraiment parler à tous les citoyens. Il ne faut pas en conclure que tout homme politique flamand à Bruxelles doit abandonner et qu’on doit laisser Bruxelles au monde francophone. On doit respecter justement cet aspect bilingue de Bruxelles. Il faut que le néerlandais et le français aient leur place à Bruxelles.

Finalement, vous vous établissez à Vilvorde, pourquoi ?

C’était l’opportunité de pouvoir faire de la politique pour toute la région du Brabant flamand et d’essayer d’avoir un message qui est partagé par plus de personnes. En tant que Flamand à Bruxelles, si on veut devenir député à la Chambre, c’est juste impossible. D’un point de vue mathématique, il est impossible de devenir élu à la Chambre.

Pour moi, le fait de pouvoir représenter tout son pays au Parlement fédéral, c’est un honneur. C’était mon ambition quand je suis devenu président des jeunes, je voulais vraiment être à la Chambre.

Qui est votre modèle en politique ?

Mon grand exemple a toujours été Jean-Luc Dehaene, qui était le grand homme politique qui osait faire des réformes, même si elles n’étaient pas toujours les plus populaires. Et c’est ce qui manque en politique à mon avis.

Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous étiez président du CD&V ?

C’était à la fête des familles, au parc d’attractions Plopsaland. On a annoncé mon nom. Tu as une foule devant toi. Les ministres, les parlementaires, les bourgmestres, des ambassadeurs, des membres du parti qui sont là à t’applaudir et à scander ton nom. Ça fait chaud au cœur de voir que j’ai l’opportunité de pouvoir être à la tête du cd&v, c’est le grand dinosaure politique qui a été l’architecte de quasiment toute la Belgique comme on la connaît aujourd’hui. Et avoir cette opportunité à 34 ans, en tant que jeune qui ne vient pas d’une famille politique, c’est un honneur.

Vous utilisez la métaphore du dinosaure. Le CD&V n’est-il justement pas une espèce en voie d’extinction ?

C’est justement la raison pour laquelle il faut essayer de rechanger ce dinosaure, pas dans son projet idéologique. On doit justement mettre en avant le projet idéologique. On est un parti de valeurs. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, le mot respect a été le mot que j’ai lancé en début d’année.

C’est à moi de faire en sorte que ce parti, qui s’est développé comme un parti où il y a plusieurs baronnies, où chacun travaillait l’un à côté de l’autre, redevienne ce qu’il était auparavant : un parti basé sur le respect, sur la famille, sur la santé.

Sammy Mahdi est-il le nouveau Conner Rousseau ?

Qu’est-ce que la démocratie chrétienne ?

La démocratie chrétienne est une idéologie politique comme le libéralisme, le socialisme, l’écologisme et autres, le conservatisme, le nationalisme. Et je peux continuer avec tous les -ismes. On est quelque part frère ou demi-frère des conservateurs parce qu’on croit dans l’importance de la famille, du tissu social, de la communauté.

On ne croit pas non plus dans un état qui va décider de comment on vit. Après, il y a Rerum Novarum, le moment où, le fossé se creuse entre conservateurs et chrétiens-démocrates. L’aspect socio-économique a aussi son importance. On ne peut laisser personne derrière nous et on doit être social.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la course à la présidence du CD&V ?

Contrairement à ce que certains pensaient, ce n’était pas un choix stratégique. Je me suis battu corps et âme pendant des années. Avec ma petite Toyota, je passais d’une section locale à une autre, j’allais de Lommel à Ronse, d’Ostende à Herent. Je faisais toute la Flandre pour aller parler avec les membres de notre parti et montrer qu’il y a besoin d’un renouvellement.

Je donne souvent l’exemple de la France, là où il y a liberté et égalité. La « liberté », ce sont les libéraux, « l’égalité » ce sont les socialistes. Mais le troisième aspect qui manque dans notre société, plus que jamais, c’est la fraternité. Et c’est nous, ce parti de la fraternité. Pendant des années, j’ai essayé de mobiliser les troupes autour de cette vision. Je savais très bien que j’avais une réelle opportunité de pouvoir changer le parti d’un dinosaure à un avion de chasse.

Quel est le moment le plus marquant de votre carrière ?

Quand j’ai prêté serment au Parlement. Ça s’est passé dans une petite commission sans public, parce que personne ne pouvait être là, c’est moins drôle. Il y a aussi le moment où je suis devant le roi et je prête serment pour devenir secrétaire d’État. Tu fais partie du gouvernement qui représente ton pays et qui peut développer une politique pour les citoyens. C’est une des plus belles périodes de ma carrière politique. En tout cas dans son symbole.

Pour le reste, c’est beaucoup plus dans les contacts interpersonnels. Dans une section locale, j’ai croisé récemment une dame âgée de 95 ans, qui, les larmes dans les yeux, me regarde et me dit « Écoute, j’adore tellement ce que tu fais, je crois en toi, tu es ce qu’il nous faut dans ce parti ». Quand tu vois que cette génération-là qui a construit tellement de choses croit en toi, ça fait chaud au cœur.

Quels sont les stéréotypes sur les électeurs du CD&V ?

Il est catholique, ce qui n’est pas toujours le cas. Il y a des catholiques qui votent pour le CD&V, mais ce n’est un parti confessionnel.

Un autre a priori c’est que l’électeur du cd&v est âgé. Premièrement, l’âge d’une personne ne me dérange pas. C’est drôle de voir que quand on dit l’électeur de parti X ou Y est jeune, c’est vu comme un aspect positif. Quand on dit l’électeur du parti CD&V est âgé, ça a un aspect négatif. Quand on a plus de 60 ans, on devient quelqu’un de négatif. On est un mauvais électeur parce qu’on est vieux. C’est une vision qu’on a des personnes âgées qui me dérange énormément.

Autre cliché : l’électeur du CD&V n’a pas d’avis, il opte toujours pour le compromis mou

Certains diront peut-être aussi que c’est ceux qui n’ont pas d’avis qui restent au centre et qui n’arrivent pas à décider entre guillemets. Bon nombre de gens dans la société n’ont pas un avis hyper à gauche ou hyper à droite. Ils comprennent qu’il faut des nuances. Quand on est confronté à la criminalité, crier « peine de mort » ou crier « libéraliser tout ce qu’on veut », ce ne sont pas les réponses.

C’est compliqué dans une carrière politique ou dans un monde politique de vendre son projet. Mais au final, il ne faut pas croire que l’électeur est stupide. Je pense qu’il peut voir beaucoup plus loin que les idées parfois très simplistes de certains partis d’extrême.

Quel est l’enjeu de ces élections ?

Remettre ce pays sur la bonne voie. On a un déficit budgétaire de 30 milliards l’année passée. Notre dette en tant que pays est énorme. Les générations suivantes vont devoir payer. On a un taux d’activité sur le marché d’emploi qui est de 72 % dans ce pays, on doit être à 80 %. Notre société devient de plus en plus âgée.

Santé, climat, énergie… les enjeux sont nombreux. Pour y répondre, il faut avoir des moyens. Il faut donc remettre le pays sur les bonnes voies avec des réformes importantes, essayer d’arrêter de travailler dans la marge et réformer la fiscalité. Notre ministre des Finances, Vincent Van Peteghem, a développé aussi une proposition pour réformer complètement la fiscalité et arrêter d’être le pays avec des taxes sur le travail les plus élevées d’Europe. On y travaille.

Cela fait des dizaines d’années que vous êtes au gouvernement fédéral et flamand, alors pourquoi n’avoir pas mis en place ces changements plus tôt?

Parce qu’on est plusieurs partis dans ce gouvernement. Dans les années 90, sous la période Dehaene, le CVP, ce n’était pas le parti de 10-15 %. C’était le gros parti qui décidait, qui dirigeait et qui a mis le pays sur de bonnes voies. Il a notamment fait en sorte qu’on puisse rentrer dans la zone de l’euro. Depuis, le monde politique devient de plus en plus fragmenté et ça complique les choses.

Pour moi, il est important que mon parti et que mes ministres et mes représentants réforment. Aux autres de dire s’ils veulent aller de l’avant ou pas.

Un autre enjeu au niveau flamand et belge, c’est que de plus en plus de personnes ont l’impression de ne plus faire partie de la société.

Le CD&V se profile comme le parti des seniors: un choix audacieux

Vous accordez pas mal d’attention aux personnes âgées, au monde rural: les éternels oubliés ?

On délaisse le monde rural. Le port d’Anvers, c’est important quand une grosse entreprise a besoin de faire des affaires pour pouvoir y travailler. On met tout en œuvre pour que ça puisse être également le cas pour l’agriculteur qui veut continuer à travailler dans le monde rural.

Les personnes âgées n’ont plus d’endroit pour aller chercher de l’argent liquide. Les personnes qui vivent dans le monde rural, voient qu’il y a de moins en moins de bus, trains, trams. C’est une réelle frustration.

Est-ce que vous pensez qu’on aura un gouvernement flamand avant les élections communales ou pas ?

Ça dépendra de plusieurs partis, mais je l’espère. En tout cas, ce serait une mauvaise chose. Ça voudrait dire que, pendant cinq mois, on n’arrive pas à former un gouvernement, même pas au niveau régional. Ce serait aussi néfaste pour les élections d’octobre : comment essayer de convaincre quelqu’un d’aller voter en octobre quand on constate que le monde politique ne fait pas ce qu’il doit ? J’espère que tous les partis politiques comprendront que c’est bien de jouer au poker et d’essayer de jouer à cache-cache, mais il faudra former un gouvernement le plus rapidement possible.

Quelle serait votre coalition idéale?

Ce serait avec le CD&V en tête et tous les partis politiques qui veulent suivre la logique et la philosophie de mon parti.

Le cd&v peut-il arrêter sa chute ?

D’ici 2024, arriverez-vous à limiter les dégâts et à contrecarrer la tendance de la chute du CD&V dans les sondages?

C’est le but en tout cas. Nous voulons vraiment essayer d’aller de l’avant. Ça ne se fait pas naturellement en deux temps, trois mouvements. En tout cas, je crois fortement qu’aujourd’hui, au sein de notre société, il y a vraiment beaucoup de personnes qui sont à la recherche d’un projet politique qui essaie justement de redonner le respect aux citoyens, de faire les réformes nécessaires, de ne pas juste critiquer l’autre. Et c’est ce qu’on essaie de faire.

Quel est le pourcentage que vous espérez obtenir en 2024?

Le plus possible. C’est toujours compliqué de coller un chiffre. En tout cas, si on veut éviter de terminer dans un monde politique hyper fragmenté, divisé et polarisé, on aura besoin d’un centre très très fort. Si les extrêmes sortent renforcés, le monde politique sera de plus en plus chaotique.


Ne ratez aucun épisode de cette série:

Sammy Mahdi (CD&V): semaine du 22 mai

Nadia Naji (Groen): semaine du 29 mai

Egbert Lachaert (Open Vld): semaine du 5 juin

Raoul Hedebouw (PTB/PVDA): semaine du 12 juin

Tom Van Grieken (Vlaams Belang): semaine du 19 juin

Conner Rousseau (Vooruit): semaine du 26 juin

Bart De Wever* (N-VA): semaine du 3 juillet

* Bart De Wever a refusé de participer à notre série d’interviews, mais une biographie et un article bonus paraîtront aussi sur le président de la N-VA.

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