Hôtesse de l’air, candidate de Miss Sports, mais aussi députée fédérale, bénévole en faveur des réfugiés et presque ministre : au fil des années, Nawal Farih (CD&V) a collectionné les cartes de visite. Depuis l’été passé, elle peut y ajouter celle de « Madame Sammy Mahdi ». Une relation potentiellement gênante pour le président des chrétiens-démocrates en vue des élections de 2024.
Un message, « C’est elle », accompagné d’un cœur rouge. Sammy Mahdi, 34 ans, président du CD&V, n’a pas eu besoin de longs discours pour annoncer au grand public la nouvelle sur Instagram. Une photo a suffi : oui, il forme un couple avec Nawal Farih, 34 ans également, députée fédérale CD&V. Cela fait plus d’un an que les rumeurs vont bon train à la rue de la Loi, mais le coup de foudre n’aurait eu lieu qu’il y a six mois.
Si le président des chrétiens-démocrates ne cachait pas qu’il avait trouvé l’amour, il a fallu attendre ce week-end pour que nous puissions mettre un visage sur l’élue de son cœur. « Comme n’importe quel couple, nous souhaitons partager notre relation avec le monde entier. Et de toute façon, tôt ou tard, quelqu’un nous aurait repérés », explique Nawal Farih. Cependant, il n’y a rien d’illogique à ce que le couple ait voulu rester sous les radars pendant un petit temps. En effet, ils ont le même âge, mais ils entretiennent aussi une relation hiérarchique particulière : il est le big boss du parti, elle est députée fédérale du même parti. De mauvaises langues pourront donc désormais accuser le président de favoritisme. Il n’en demeure pas moins que Nawal Farih n’a pas besoin du soutien de son amoureux, tant sa carrière politique a le vent en poupe.
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D’hôtesse de l’air à députée
Il s’en est pourtant fallu de peu pour que la Genkoise devienne française. La petite Nawal voit le jour à Sarcelles, commune de près de 60 000 âmes au nord de Paris. Sa mère a du mal à s’y acclimater et décide, cinq ans après la naissance de sa fille, de déménager dans le Limbourg, plus précisément dans le quartier minier de Genk. Devenue assistante sociale, elle côtoie des familles défavorisées, ce qui ne laisse pas Nawal, devenue adolescente, de marbre. La future députée commence alors à apporter un soutien scolaire à des jeunes de la cité. Elle dépense également son énergie dans l’athlétisme, ce qui l’amène à des lieux parfois étonnants : à seize ans, elle atterrit en finale de l’élection de Miss Sports, qu’elle ne remporte pas.
Étudiante en commerce international, Nawal Farih commence à voler de ses propres ailes… ou presque : elle décroche, selon ses propres dires, « le job étudiant le plus cool du monde », hôtesse de l’air chez TUI. « Et deux semaines après l’obtention de mon diplôme, je suis rentrée chez moi, pour dire à mes parents que je déménagerais aux Philippines pour mon premier emploi », confie-t-elle. Elle résidera ensuite à Singapour, à Dubai, au Qatar et à Oman.
Après ces aventures à l’étranger, elle retrouve ses racines genkoises, où elle se plonge dans le travail associatif. En 2015, en pleine crise européenne de l’asile, elle acquiert une certaine notoriété dans la région, où elle collecte des vêtements, des denrées alimentaires, des draps et des matelas pour les réfugiés. Aujourd’hui encore, des centaines de demandeurs d’asile dorment dans la rue et dans le froid. Une source de conflit avec Sammy Mahdi ? « Je soutiens la politique d’asile sévère mais juste de notre gouvernement, mais disons que Sammy dit les choses plus fermement que moi », reconnaît-elle.
Cette action éveille l’intérêt du monde politique. En 2017, elle commence à travailler comme secrétaire particulière du ministre flamand du Bien-être, Jo Vandeurzen (CD&V). Un an plus tard, elle se retrouve en deuxième position sur la liste du bourgmestre de Genk. Puis, en 2019, elle est élue députée à la Chambre des représentants. Elle se spécialise alors dans les questions de santé publique, au point de suivre des études en gestion de la santé à la VUB.
Farih est également l’un des noms cités au moment de remplacer Wouter Beke comme ministre flamand du Bien-être. Elle était apparemment encore trop novice pour un tel poste. Un autre scénario évoqué à l’époque était de la voir remplacer Benjamin Dalle comme ministre des Médias et de la Jeunesse, afin que ce dernier remplace Wouter Beke. En fin de compte, le parti a préféré confier le portefeuille du Bien-être à une femme d’expérience plus chevronnée, Hilde Crevits, et c’est un autre Limbourgeois, Jo Brouns, qui reprendra le département des Travaux et de l’Agriculture laissé vacant par Mme Crevits. Le nom de Nawal Farih refait son apparition au moment de pourvoir le poste de secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, mais Sammy Mahdi opte pour une femme qui connaît le département comme sa poche, Nicole De Moor.
Pas de déménagement en vue
En 2024, Nawal Farih risque de donner du fil à retordre à Sammy Mahdi, qui devra jouer les équilibristes. En effet, le Limbourg possède déjà une figure de proue au parlement fédéral : Wouter Beke. Maintenant que le parti n’est plus crédité que de 10 % d’intentions de vote, il y a fort à parier que seule la tête de liste pourra obtenir un siège à la Chambre. Avec Farih en première place, le CD&V jouerait la carte du renouvellement, mais les mauvaises langues prétendront qu’elle aura bénéficié du favoritisme de son président. Wouter Beke a toujours été une machine à voix, mais ses performances de ministre ont fortement nui à sa propre image et à celle du parti. Toutefois, il ne sera pas facile de s’en débarrasser. Des bruits de couloir évoquent une solution élégante : Beke ne dirait pas non à un siège au Parlement européen. Le CD&V ne souhaite pas réagir à ces rumeurs, qui relèvent de la « cuisine interne ».
L’avenir nous dira ce qu’il en adviendra, car pour le moment, Mahdi et Farih sont surtout « heureux et amoureux », comme ils le disent. Pas de déménagement en vue, cependant : il reste à Vilvoorde, elle à Genk. La Limbourgeoise y aura fort à faire aux prochaines élections communales, face à des poids lourds comme Zuhal Demir (N-VA), Meryame Kitir (Vooruit) et Chris Janssens (Vlaams Belang).
Il y a peu, Mahdi a quand même laissé échapper que les choses pourraient se développer rapidement dans sa relation. « Mon horloge biologique avance. Et pour moi, le rêve ultime, c’est d’avoir des enfants. » En attendant, le couple partage déjà une « fille », comme ils l’ont fait savoir sur Twitter : la fidèle chow-chow de Sammy Mahdi, Pamuk.
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