Une époque est en passe de s’achever : c’en est fini du centre, place aux extrêmes. L’extrême droite n’est pas la seule à connaître un essor, l’extrême gauche aussi. À l’évidence, les électeurs apprécient de plus en plus les discours qui cognent, qui s’opposent à l’establishment, qui polarisent. Les partis contestataires sont plus que jamais en position de force. Au Limbourg, ce sont ainsi pas moins de 25,7 % des citoyens qui prévoient de voter pour le Vlaams Belang, et 12,4 % pour le PTB. Soit près de quatre voix sur dix, selon les résultats de notre sondage. Même en tenant compte de la marge d’erreur, on ne peut que conclure que les résultats de 2024 ne se calqueront pas sur les élections de 2019. À l’époque, dans le Limbourg, on se demandait plutôt si le PTB passerait le seuil électoral.
Ces scores élevés traduisent le niveau de colère des électeurs, qui est extrême. Il faut dire qu’ils ont toutes les raisons de l’être, à commencer par l’inflation. Si les responsables politiques ne parviennent pas à combler le fossé des taux d’intérêt, le mécontentement ne fera que grandir. À l’heure actuelle, un emprunt coûte les yeux de la tête alors même que l’épargne ne cesse de se déprécier. L’exaspération est donc générale, tant chez ceux qui ont besoin de liquidités que chez ceux qui souhaitent économiser pour parer aux incertitudes de l’avenir. Adresser une mise en demeure aux banques, comme l’a fait le vice-premier ministre Vincent Van Peteghem (CD&V), ne suffira pas. Pas plus que les quelques menaces brandies par la secrétaire d’État au Budget et à la Protection des consommateurs, Alexia Bertrand (Open Vld). À présent que la flambée des prix de l’énergie s’est stabilisée, voilà la Vivaldi confrontée à un nouveau problème.
Tandis que les extrêmes progressent, le centre recule. L’Open Vld perd du terrain au point de devenir un parti qui s’approche du gouffre absolu, à savoir le seuil électoral. Les libéraux pèsent à peine plus que Groen. Quant au CD&V, s’il s’en sort mieux dans le Limbourg que dans les sondages nationaux, il fait tout de même nettement moins bien qu’en 2019, année où il avait déjà atteint un niveau historiquement bas.
« Pour ce qui est des partis extrémistes, peu importe, au fond, le nom qui figure sur la liste. Les électeurs du centre, en revanche, se montrent plus regardants. »
De toute évidence, les partis centristes n’ont pas intérêt à poursuivre sur la même voie. Mais le renouvellement n’est pas sans risque non plus. Car il est extrêmement difficile, comme le démontre notre enquête, de se bâtir une notoriété en tant que député. Il faut un poste de ministre. Ou la présidence du parti. À moins que les électeurs ne soient prêts à voter pour des personnalités relativement inconnues ?
Pour ce qui est des partis extrémistes, peu importe, au fond, le nom qui figure sur la liste. Les électeurs du centre, en revanche, se montrent plus regardants. A fortiori à la Chambre, où le CD&V et l’Open Vld risquent d’échouer à un siège près. Pour conduire sa liste à la Chambre, le CD&V misera-t-il sur la relève, en la personne de Nawal Farih, ou plutôt sur son vétéran, Wouter Beke ? L’Open Vld, pour sa part, choisira-t-il Hilde Vautmans ? L’un comme l’autre peuvent aussi espérer figurer sur la liste des élections européennes… Les sondages ne sont certes « que » des sondages, mais il serait surprenant qu’ils n’influent en rien sur la constitution des listes.
Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, les présidents de partis flamands se dévoilent dans une série d’interviews inédites pour DaarDaar. Chaque semaine, un président différent sera mis en lumière. Au programme: une biographie le lundi, ainsi qu’une vidéo et un article/interview le mercredi.
