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Imposer le pouvoir d’achat face à la question de l’immigration : le pari risqué de Bart De Wever
30·04·24

Imposer le pouvoir d’achat face à la question de l’immigration : le pari risqué de Bart De Wever

Dimitri Antonissen est journaliste politique pour le quotidien Het Nieuwsblad.

Temps de lecture : 2 minutes

Tous les sondages le montrent : l’immigration est un des deux grands thèmes autour desquels s’articulent les élections. Pourtant, c’est à peine si le sujet a été évoqué lors du congrès de la N-VA — une seule petite phrase, pour être précis. Bart De Wever parviendra-t-il à occulter cette thématique (et à éclipser le Vlaams Belang au passage) en focalisant l’attention des électeurs sur l’autre enjeu, celui du pouvoir d’achat des Flamands qui gagnent leur pain à la sueur de leur front ? Le pari est ambitieux.

Le week-end même où Vooruit met de nouveau en avant le durcissement de ses positions — en subordonnant le versement d’aides aux efforts déployés par les immigrés pour s’intégrer —, la N-VA opte pour une stratégie diamétralement opposée. À rebours de sa décision de précipiter la chute du gouvernement à la suite de la ratification du pacte de Marrakech, en 2018, et de mettre en avant Theo Francken pour empiéter sur les platebandes du Vlaams Belang avec une figure stricte mais convenable, le parti nationaliste choisit désormais d’éviter les sujets qui fâchent : quand la copie ne peut pas rivaliser avec l’original, mieux vaut faire profil bas. Si la question est encore évoquée sur ses réseaux sociaux, la N-VA préfère jouer d’autres cartes lors de ses grands discours.

Cette stratégie n’est pas sans risques, puisqu’elle consiste à passer sous silence un sujet dont les électeurs indiquent justement qu’il leur tient à cœur. Sans compter qu’à l’étranger, certains partis sont parvenus à faire main basse sur le thème de l’immigration, qui demeurait jusque-là l’apanage de l’extrême droite. Au Danemark, le parti socialiste a ainsi remporté les élections de 2022 en proposant un programme plus dur en la matière — c’est d’ailleurs de cet exemple que Vooruit tient son inspiration. Seulement voilà : la situation est différente en ce qui concerne la N-VA. Positionnée à droite sur l’échiquier politique, elle ne peut pas (et ne souhaite pas) pencher encore plus à droite que le Vlaams Belang. Bart De Wever se rend compte, plus que jamais, qu’il ne peut pas en faire un « argument clé de vente » — la promesse principale destinée à rallier un maximum de suffrages.

Tout l’art, pour la N-VA, consiste à imprimer, dans l’esprit des électeurs, l’idée selon laquelle nombre de leurs préoccupations liées à l’immigration se retrouvent également dans le thème de la prospérité économique. Partons du principe que la plupart des électeurs ne sont pas racistes. Car voilà bien longtemps que la diversité ne se cantonne plus aux grandes villes. Avoir une voisine polonaise ou un collègue d’origine marocaine est désormais monnaie courante dans de nombreuses communes de Flandre. Et au quotidien, les rapports interpersonnels sont le plus souvent très cordiaux. C’est principalement lorsque les citoyens se mettent à craindre que l’immigration ne les frappe au portefeuille que des frictions se font jour. Ce n’est donc pas un hasard si le pouvoir d’achat constitue l’autre grand thème des élections. Bart De Wever parviendra-t-il à en faire un enjeu tel qu’il engloutira celui de l’immigration ? Il en va de sa victoire — ou de sa défaite — le 9 juin prochain.

Qui est Bart De Wever, le président de la N-VA qui boycotte la plupart des médias francophones?

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