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Qui est Bart De Wever, le président de la N-VA qui boycotte la plupart des médias francophones?
10·07·23

Qui est Bart De Wever, le président de la N-VA qui boycotte la plupart des médias francophones?

Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, DaarDaar part à la rencontre des présidents de partis flamands. Qui se cache derrière l’homme ou la femme politique? Comment sont-ils arrivés en politique ? Comment voient-ils l’avenir du pays ?

Après Sammy Madhi (CD&V), Nadia Naji (Groen), Egbert Lachaert (Open VLD), Raoul Hedebouw (PTB), Tom Van Grieken (VB) et Conner Rousseau (Vooruit), nous achevons la série avec Bart De Wever, le président de la N-VA depuis près de vingt ans. En théorie, une interview était au programme, mais le doyen des présidents de partis flamands a refusé de participer à notre série d’interviews. Il est d’ailleurs le seul à avoir décliné l’invitation.

La raison officielle de ce refus envoyée par e-mail : l’agenda du président de la N-VA était « trop chargé ». À la suite d’un bref échange à l’issue du conseil communal à Anvers, en avril 2023, le bourgmestre d’Anvers a déclaré boycotter le rédacteur en chef adjoint de DaarDaar et auteur de la série d’interviews, Aubry Touriel. La raison invoquée : ce dernier s’était infiltré à la N-VA entre 2014 et 2017 dans le cadre d’enquêtes journalistiques pour Le Vif L’Express.

[Projet soutenu par le Fonds pour le journalisme]

Temps de lecture : 12 minutes
Aubry Touriel
Auteur

Élevé dans une famille anti-belge, Bart De Wever perpétue la pensée nationaliste flamande à travers la présidence de la N-VA qu’il occupe depuis près de 20 ans. L’idéologue de la N-VA est parvenu à inverser les rôles avec le CD&V : le parti nationaliste est le premier dans le nord du pays depuis 2010. Portrait de ce doyen des présidents de parti flamands qui n’a pas réussi à appliquer une seule partie de son programme communautaire en deux décennies.

Famille anti-belge

« Un environnement anti-belge, d’extrême-droite et nationaliste flamand ». Bruno De Wever, le frère de Bart, décrit sa famille lors d’une interview pour Schamper, le journal étudiant de l’Université de Gand.

Issu d’une famille flamingante, Bart De Wever grandit à Kontich Kazerne, dans la province anversoise jusqu’en 1980. Sa mère, Irene Torfs, tenait une épicerie qui vendait aussi des journaux. Son père, Henri ‘Rik’ De Wever, était un cheminot qui avait milité après la Seconde Guerre mondiale au sein du Vlaamse Militante Orde, un ancien groupe d’action nationaliste flamand et plus tard de propagande d’extrême droite en Flandre.

« Un environnement anti-belge, d’extrême-droite et nationaliste flamand »

Son grand-père était pour sa part membre du Vlaams Nationaal Verbond (La Ligue nationale flamande), un parti nationaliste flamand fondé en 1933 qui avait obtenu 17 % des voix en Flandre aux élections de 1939. Ce parti s’est lancé, pendant la guerre, dans la collaboration politique avec l’occupant nazi.

Tombé dans la marmite du nationalisme flamand, Bart De Wever devient très jeune membre de la Volksunie, l’ancêtre de la N-VA. Son frère Bruno, de 10 ans son aîné, a étudié l’histoire à l’université de Gand pour y devenir professeur. Contrairement à Bart, Bruno s’est explicitement distancié du nationalisme flamand inculqué à la maison.

Fan d’histoire, pas de foot 

En 1980, la famille De Wever déménage à Mortsel. Bart De Wever fréquente le collège pour garçons de Notre-Dame-de-Lourdes à Edegem, dans la périphérie anversoise. « On ne voyait les filles qu’une fois par an quand elles venaient voir un film dans la salle de projection », explique-t-il dans une interview avec le duo de Youtubers anversois Kurkdroog.

Bon étudiant, il n’a eu qu’un examen de passage en mathématiques en troisième secondaire. « Sinon, rien de spécial », ajoute-t-il lors de l’interview.

En ce qui concerne les hobbys, Bart De Wever déteste le football, adore l’histoire, notamment la Rome Antique. Il fera par ailleurs partie de l’Alliance de la Jeunesse nationale-flamande (VNJ), mouvement de jeunesse d’extrême droite dont la branche anversoise est tombée dans le giron néo-nazi au début des années 1970.

Dans une double interview au quotidien De Standaard, Bart De Wever expliquait en 2006 : « Je n’ai été membre de la VNJ que très peu de temps : les mouvements de jeunesse, ce n’était pas pour moi. À mes yeux, ça se limitait à des jeux ». Son frère réplique : « Mais la VNJ n’était pas du tout un mouvement de jeunesse ordinaire. Il était très raciste. Par définition, les jeunes de couleur n’y entraient pas. »

Membre d’un club étudiant flamingant

A l’âge de 18 ans, Bart De Wever déménage avec sa famille à Anvers. Ils occupent alors un appartement au-dessus de la maison de la VNJ à Berchem. Bart De Wever suit  d’abord des cours de droit à l’université d’Anvers pendant deux ans, mais finit par abandonner ses études.

Il se rend ensuite à l’université de Louvain (KU Leuven) où il obtiendra une licence en histoire. Étudiant actif, Bart De Wever est membre de plusieurs groupes étudiants dont la KVHV, l’union catholique des étudiants flamands. Il s’agit d’un club étudiant nationaliste flamand par lequel ont notamment transité Wilfried Martens, Marc Eyskens, Vincent Van Quickenborne, et plus récemment Dries Van Langenhove.

Pendant ses études, Bart De Wever est rédacteur en chef des magazines étudiants de la KVHV Tegenstroom et Ons Leven. Les verres de bière coulent à flots lors des événements estudiantins. En tant que doctorant, il passe ensuite un certain temps à la KU Leuven, où il participe notamment à la rédaction de la Nouvelle encyclopédie du mouvement flamand.

Esprit de compétition

Bart De Wever semble avoir la compétition dans le sang. Lors de ses études universitaires, il jouait régulièrement avec un camarade au badminton, mais ce dernier gagnait souvent. Ne supportant pas la défaite, Bart De Wever veut parvenir à ses fins : « Il m’arrive d’être très fanatique. J’ai pris des cours de badminton pendant six mois, juste pour le battre. J’y suis arrivé. J’y ai aussi rencontré ma femme, ce qui ajoute un effet bénéfique », raconte-t-il sur la chaîne radio privée Joe.

Auteur à succès

Chroniqueur pour les quotidiens De Morgen et De Standaard, il marque la Flandre de ses opinions conservatrices. Il publie aussi son premier ouvrage intitulé « Het kostbare weefsel » en 2009, une compilation de ses chroniques qu’il résumera en « cinq années de critiques de la société ». Son premier livre devient un best-seller en FlandreFei. Qu’ils évoquent son régime diététique, la question de l’identité, ou dernièrement celle du wokisme, les livres de Bart De Wever atteignent systématiquement les hit-parades des ventes au nord du pays.

De Wever et le wokisme : le livre d’un élu politique en fin de carrière

Chroniqueur idéologue de la N-VA

Bart De Wever commence une thèse de doctorat à la KULeuven sur la formation des partis nationalistes flamands d’après-guerre. Il ne la finira pas, car il décide de se consacrer entièrement à la politique. En 1996, il s’installe à Berchem, où il est élu pour la première fois en tant que conseiller de district sur une liste de la Volksunie, alliée au CD&V.

Après l’éclatement de la Volksunie, Bart De Wever rejoint la N-VA, dont il est l’un des cofondateurs en 2001. « J’ai été approché pour fournir un travail idéologique pour ce jeune parti. La N-VA devait présenter un programme cohérent, mais les textes n’existaient pas encore. En tant qu’assistant à l’université, spécialisé dans le nationalisme et les questions d’identité, j’estimais être en mesure d’y contribuer. Dans ce contexte, des journaux étaient à la recherche de faiseurs d’opinion qui n’étaient pas de gauche. J’ai accepté volontiers et cela a contribué à ce que devait devenir la N-VA », évoque-t-il lors d’un podcast diffusé par la N-VA à l’occasion des 20 ans du parti.

Lors des élections régionales de 2004, Bart De Wever est élu député flamand, un poste qu’il tiendra jusqu’à la fin du mois de juin 2007. A la suite des élections fédérales de juin 2007, il se retrouve député à la Chambre. De fin juillet à la mi-novembre 2004, il présidera par ailleurs le groupe N-VA au Parlement flamand.

Cartel gagnant

Le 14 février 2004, un cartel se forme entre la N-VA, alors un nain politique, et le CD&V, qui tient encore la précieuse place de plus grand parti de Flandre.Quelques mois plus tard, le « cartel de la Saint Valentin » remporte les élections régionales et Geert Bourgeois fait son entrée au gouvernement flamand. Il démissionne alors de son poste de président de la N-VA. Bart De Wever est nommé président intérimaire du parti en sa qualité de vice-président de la N-VA, fonction qu’il exerce conjointement avec Frieda Brepoels.

Lors d’un congrès du parti en octobre 2004, De Wever, étant le seul candidat, est élu président de la N-VA avec 95 % des voix.

Camionnettes vides à Strépy-Thieu

L’action qui marquera le plus les esprits du début de son mandat de président est sans nul doute la descente sur Strépy Thieu avec 12 camions remplis de faux billets de banque en janvier 2015. Objectif : dénoncer les transferts entre le nord et le sud du pays.

« Kris Van Dijck avait fait imprimer une paroi qui remplissait tout juste la taille du coffre et cela donnait l’impression qu’il était rempli de billets de 50 euros. Une seule camionnette était décorée de la sorte. On ne pouvait pas ouvrir les autres puisqu’elles  étaient vides », confie le président lors du podcast réalisé à l’occasion des 20 ans de la N-VA.

L’éviction de Jean-Marie Dedecker : le pire moment

Fin 2006, De Wever fait l’objet de critiques pour avoir accueilli Jean-Marie Dedecker en tant que nouveau membre de la N-VA. Le leader cèdera finalement à la pression et décide de se séparer de l’ancien judoka nouvellement arrivé.

Dans le podcast de la N-VA, Bart De Wever estime que l’exclusion de Jean-Marie Dedecker est le « pire moment de sa carrière politique » : « J’espère que cela ne se reproduira plus jamais. J’ai vraiment tiré les leçons de cette épreuve. Par la suite, je ne me suis plus jamais retrouvé dans une situation où j’ai dû laisser tomber quelqu’un. Nous avons ensuite construit la réputation d’un parti qui prend soin des siens. Si quelqu’un se retrouve en difficulté, on n’a pas le réflexe de lui tourner le dos, comme d’autres partis. »

Bye Bye Belgium : “un scénario réussi”

À la même période, en décembre 2006, la RTBF diffuse le docu-fiction “Bye Bye Belgium” où l’on fait croire que la Flandre a unilatéralement déclaré son indépendance. « On m’avait invité à un lunch pour la télévision francophone dans un restaurant flamand à Anvers et on allait parler du communautaire. Tout l’État-major du nationalisme flamand était présent. J’ai vite compris que c’était artificiel : on ne se retrouve pas de manière aussi spontanée dans un Pandémonium où tous les diables et satans viennent parler de la fin de la Belgique. On aurait vraiment dit qu’il s’agissait d’une réunion secrète pour planifier la révolution », se rappelle-t-il dans le podcast « 20 ans N-VA ». 

15 ans après Bye Bye Belgium, les francophones comprennent encore moins bien la Flandre

Bart De Wever trouve d’ailleurs le scénario plutôt réussi : d’abord les réunions secrètes, puis un vote au Parlement et puis les barrières nadar sur les rails du tram à Bruxelles : « C’est la preuve ultime que les francophones croient que nous sommes prêts à mener une révolution. Bientôt, nous aurons peut-être une majorité au Parlement flamand pour l’indépendance, mais à l’époque, c’était vraiment très loin de la réalité. »

Et d’ajouter : « Pire encore, aucun des francophones n’a eu le réflexe de regarder la VRT : on y transmettait un match de football. Sur la RTBF, on voit la révolution. C’est ce qui m’a fait comprendre qu’on peut faire gober tout ce qu’on veut aux Wallons sur les Flamands, et probablement le pire. »

La grappa de trop et le régime hyperprotéiné

En tant que président de la N-VA et partenaire du CD&V, De Wever a participé aux difficiles négociations de 2007 pour la formation du nouveau gouvernement fédéral. À la suite d’un désaccord, Bart De Wever met fin à l’entente avec le CD&V en septembre 2008.

D’élections en élections, la N-VA continue son ascension avec Bart de Wever au gouvernail. Fin 2011, début 2012, Bart De Wever, connu pour son physique très enveloppé, décide de reprendre le contrôle de son poids en adoptant un régime hyperprotéiné et en ne buvant plus d’alcool.

« C’est là que tu te rends compte que tu as bu la bouteille de grappa seul. »

Lors d’une interview avec le duo de Youtubers Kurkdroog, Bart De Wever raconte : « Après une négociation très frustrante, je suis allé dans mon resto italien préféré. Le patron nous a apporté une bouteille de grappa. Nous étions environ huit, la bouteille était vide après une heure. Et puis, je me suis tourné vers tout le monde en disant  : « On a bien bu, dis donc. » Les autres ont alors répondu l’un après l’autre qu’ils n’en avaient pas bu une goutte… C’est là que tu te rends compte que tu as bu la bouteille seul. Je pouvais encore me lever et me rendre à ma voiture. J’avais un chauffeur, si vous en doutiez. C’est l’un de ces moments où tu te dis : je ne peux plus continuer comme ça. »

Après l’éviction de la N-VA des négociations fédérales, la déception de De Wever est telle qu’il aurait sombré dans la dépression. Quelques mois plus tard, il décide de remonter la pente et d’entamer son régime draconien hyperprotéiné. Cet accro aux frites et aux hamburgers passe au bouillon dégraissé. Résultat : il fond  de 60 kilos, et passe de 142 à 82 kilos en quelques mois, une transformation physique spectaculaire qui manifeste une énorme volonté et une importante force de détermination . Cette métamorphose et sa présence dans les émissions de divertissement comme le quiz De Slimste Mens contribueront à sa popularité. A Anvers, il affronte en 2012  le bourgmestre socialiste sortant, Patrick Janssens, et devient bourgmestre de la métropole flamande, mettant un terme à 90 ans de mayorat socialiste.

La suédoise : le kibbelkabinet

Le score électoral du parti nationaliste atteint son paroxysme en 2014 avec un peu plus de 30 % des votes en Flandre. Bart De Wever en est à son quatrième mandat de président de parti, alors que les statuts de la formation politique prévoient en théorie seulement deux mandats successifs. La N-VA a presque réduit à néant le Vlaams Belang qui flirte avec le seuil électoral et passe de 21 à 6 sièges au Parlement flamand.

De manière inattendue, le gouvernement Michel, qualifié au départ de « kamikaze » ou « suédoise » voit le jour et permet pour la première fois à la N-VA d’accéder au gouvernement fédéral. Le parti nationaliste accepte de mettre son programme communautaire au frigo pour se focaliser sur le socio-économique.

Très vite, les relations se tendent entre Bart De Wever et Kris Peeters, alors vice-Premier ministre CD&V. En décembre 2014, environ 450 membres de la N-VA se retrouvent dans le sud d’Anvers pour assister au « Tour pour la Flandre », une série d’événements interdite à la presse où les dirigeants de la N-VA viennent comparer le programme de leur parti et l’accord de gouvernement.

Photo réunion Ronde voor Vlaanderen de la N-VA en 2014 (c) Aubry Touriel

Photo réunion Ronde voor Vlaanderen de la N-VA en 2014 (c) Aubry Touriel

Deux mois après l’entrée en fonction du gouvernement Michel, le président de la N-VA critique déjà son partenaire de coalition : « Le CD&V est le plus gros souci au sein de cette coalition », titre Le Vif L’Express. Le ton est donné.

Un mois plus tard, le gouvernement Michel reçoit un autre surnom : le « kibbelkabinet » (littéralement : le gouvernement qui se chamaille). Ce terme sera par la suite très souvent utilisé par les médias flamands. La lutte entre la N-VA et le CD&V se transformera en un duel à l’échelle locale : Bart De Wever, le bourgmestre, contre le Kris Peeters, l’outsider qui vient d’emménager à Anvers.

La venue de Kris Peeters ne perturbera  finalement en rien la réélection de Bart de Wever à la tête de la ville d’Anvers en 2018. Lors de ces élections, un autre parti nationaliste renaît en revanche de ses cendres : le Vlaams Belang progresse partout en Flandre, appuyé par son nouveau président Tom Van Grieken.

En décembre 2018, la N-VA quitte le gouvernement Michel à la suite d’un conflit sur le pacte d’immigration de l’ONU, sous la pression du même Vlaams Belang. Le parti de Bart De Wever pensait ainsi attirer des voix auprès des électeurs de l’extrême droite, comme elle l’avait fait en 2014. Cette tactique s’est néanmoins avérée un mauvais calcul, les gens préférant l’original à la copie.

Relations tendues avec les médias

Chroniqueur à ses débuts, auteur de best-sellers, Bart De Wever apparaît régulièrement dans de nombreuses émissions de divertissement. La plus connue reste “De Slimste Mens”, mais contrairement à ce que beaucoup pensent, le leader de la N-VA n’a pas gagné ce quizz, échouant en finale contre Freek Braeckman, à l’époque présentateur du JT à la VRT.  Sa vraie victoire, c’est sa conquête du public flamand qui découvre, grâce à cette émission,son humour pince-sans-rire.

La RTBF, Le Soir, Le Vif, De Standaard, Apache… la liste des médias qui ont été boycottés par Bart De Wever est longue. Le dirigeant de la N-VA critique également constamment la VRT, le média public flamand . Lors d’une réunion interne à Hoboken en 2015 rapportée dans Le Vif, la parole est donnée au public. « Combien de combattants de l’Etat Islamique (EI) passent par le flux des migrants ? », interroge un militant.

« Ils n’ont pas besoin des migrants : s’ils veulent venir, ils viennent. L’EI est d’ailleurs le plus grand bénéficiaire du trafic d’êtres humains. En ce qui concerne le nombre de combattants qui arrivent via l’afflux de migrants : l’État islamique dit 4000, la VRT : 0. Qui dois-je croire entre la VRT et l’EI ? Je vous laisse choisir… », répond Bart De Wever. S’en suit un tonnerre d’applaudissements.

Un autre membre enchaîne : « La VRT peut-elle communiquer de manière objective ? » Et Bart De Wever de répondre : « Je présume que c’est une question rhétorique… »

Bart De Wever peut-il faire passer sa réforme de l’État en contournant la Constitution ?

2024 : date de péremption  ?

Après 20 ans à la tête du parti, Bart De Wever a réussi à faire en sorte que la N-VA devienne et reste le premier parti de Flandre. Si les nationalistes flamands ont progressé au niveau local, le CD&V continue cependant de détenir le plus de bourgmestres.

La N-VA a par ailleurs perdu des plumes lors des élections de mai 2019, passant ainsi sous la barre des 25 %. Sur son flanc droit, elle ressent la menace du Vlaams Belang qui, avec 18% des voix en Flandre, se positionne à la deuxième place.

« Si Bart De Wever veut entrer dans l’histoire comme l’architecte de l’autonomie flamande, 2024 est sa dernière chance. Si ça échoue, la date de péremption est en vue. »

En ce qui concerne son programme communautaire, une chose est sûre : en 20 ans, le premier paragraphe des statuts de la N-VA n’a pas changé: « Dans sa quête vers une meilleure gouvernance et plus de démocratie, la Nouvelle Alliance flamande opte logiquement pour la république indépendante de Flandre, État membre d’une Union européenne démocratique. »

Dans son discours, la N-VA ne plaide plus pour une indépendance pure et dure mais pour un arrêt intermédiaire : le confédéralisme, plus facile à faire digérer aux éventuels partenaires.

Au fur et à mesure des années, il reste par ailleurs difficile de trouver un candidat adéquat pour remplacer Bart De Wever, qui en est actuellement à son sixième mandat. Les vice-présidents du parti, Lorin Parys et Valerie Van Peel, ont tous deux quitté le navire l’année passée.

La N-VA fête ses 20 ans, quel bilan?

Les prochaines élections s’annoncent d’ores et déjà cruciales. Les sondages donnent le Vlaams Belang gagnant, devant la N-VA. Si les deux partis nationalistes flamands obtiennent une majorité, la question du cordon sanitaire reviendra inévitablement sur la table.

Après 20 ans sans résultat sur le plan communautaire, la N-VA arrivera-t-elle en 2024 à convaincre ses partenaires francophones à sauter dans le train du confédéralisme ? Le nationaliste flamand Bart Maddens, politicologue à la KULeuven, met en garde dans De Standaard : « Si Bart De Wever veut entrer dans l’histoire comme l’architecte de l’autonomie flamande, 2024 est sa dernière chance. Si ça échoue, la date de péremption est en vue.”


Ne ratez aucun épisode de cette série consacrée aux présidents des partis flamands:

Sammy Mahdi (CD&V)semaine du 22 mai

Nadia Naji (Groen): semaine du 29 mai

Egbert Lachaert (Open Vld)semaine du 5 juin

Raoul Hedebouw (PTB/PVDA)semaine du 12 juin

Tom Van Grieken (Vlaams Belang)semaine du 19 juin

Conner Rousseau (Vooruit): semaine du 3 juillet

Bart De Wever* (N-VA): semaine du 10 juillet

* Bart De Wever a refusé de participer à notre série d’interviews

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