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Le test électoral flamand révèle les divisions qui déchirent le gouvernement Jambon
18·04·24

Le test électoral flamand révèle les divisions qui déchirent le gouvernement Jambon

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(c) Belga

Favorable à un assouplissement des règles limitant les rejets azotés et à une augmentation des services de bus, mais opposé à l’idée d’annuler l’obligation de vote, le CD&V se place curieusement à contre-courant de la politique actuelle du gouvernement flamand… dont il fait partie. Ce n’est pas la seule constatation frappante du Stemtest, votre boussole électorale en ligne.

La pomme de discorde : l’azote

Ça ne surprendra probablement personne, après les innombrables débats consacrés à l’azote et aux centrales nucléaires : le climat et l’environnement constituent, entre les partis, une ligne de fracture claire — qui ne suit pas nécessairement une logique gauche-droite. Ainsi, le CD&V, la N-VA, le Vlaams Belang et le PVDA (PTB) sont opposés à la loi européenne sur le climat, qui interdit les nouvelles voitures diesel et à essence à partir de 2035. Ces quatre partis rejettent également l’idée d’augmenter le prix des billets d’avion pour les courtes distances.

Plus surprenant : tant l’Open VLD que le CD&V veulent assouplir les règles relatives aux rejets d’azote, alors que l’un comme l’autre, membres — avec la N-VA — du gouvernement flamand, viennent tout récemment de conclure un accord visant à réduire ces émissions. « Les objectifs imposés sont trop stricts, trop rapides et injustes », affirme même le CD&V.

Voilà qui montre une fois de plus à quel point le gouvernement flamand reste divisé sur cette question. Ce n’est d’ailleurs pas la seule source de désaccord entre les partenaires de la coalition flamande. Ainsi, le CD&V entend augmenter à nouveau le nombre de lignes de bus, même dans les endroits peu fréquentés. Tout juste le contraire de ce que vient de décider le gouvernement flamand : une augmentation des fréquences de bus sur les grandes lignes, et donc une baisse des fréquences sur les lignes moins fréquentées.

Le CD&V rejette également l’idée de supprimer l’obligation de vote aux élections. Or c’est l’automne dernier que le gouvernement flamand a supprimé cette obligation pour les élections locales.

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Le Vlaams Belang et la N-VA ne s’entendent pas toujours

Bien sûr, les points d’accord sont nombreux entre le Vlaams Belang et la N-VA, ne fût-ce que sur des questions telles que le voile aux guichets des administrations flamandes (contre), l’arrêt automatique des allocations de chômage, la scission de la sécurité sociale (pour), le raccourcissement des vacances d’été (contre) et l’allongement à 18 semaines de grossesse du délai légal pour pratiquer un avortement (contre).

Mais les points de divergence sont tout aussi nombreux. Ainsi, la N-VA ne veut pas entendre parler de lignes de bus supplémentaires, notamment dans les endroits peu fréquentés. En revanche, elle accorde une grande importance aux accords budgétaires européens. Le Vlaams Belang, lui, veut augmenter le nombre de bus au-delà du nécessaire ; il estime en outre que la responsabilité du budget incombe aux États membres, et non à l’Union européenne.

Les gros patrimoines doivent-ils contribuer davantage ? Pour les libéraux, c’est « oui ».

CD & V, Groen, PVDA et Vooruit sont d’accord sur ce point : les grandes fortunes devraient payer plus d’impôt. Étonnamment, même l’Open VLD en est convaincu, et il ne s’en cache pas. « Lors d’une ample réforme fiscale future, il faudra que les contribuables aux épaules les plus solides contribuent davantage ». Dans le même temps, les libéraux flamands estiment qu’il convient de réduire l’ensemble la charge fiscale.

Sur d’autres points, encore, les positions sont plus conformes à ce qu’on pourrait attendre. Ainsi, les libéraux s’opposent à l’utilisation par la police de caméras dotées de fonctions de reconnaissance faciale ainsi qu’à l’obligation de vote aux élections.

Tout comme le PVDA, l’Open VLD veut mettre fin à la retransmission télévisée de messes à la VRT, au motif que « ce n’est pas une tâche essentielle du gouvernement ». Compte tenu du grand nombre d’autres partis qui veulent maintenir ces retransmissions, on peut penser qu’elles seront encore diffusées un bon moment. Autre fait marquant : pour la première fois, et après des années d’opposition, l’Open VLD cesse de s’opposer au port du foulard par les fonctionnaires en contact avec le public.

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Le PVDA veut sortir de l’OTAN, le Vlaams Belang veut cesser de reconnaître les mosquées

Certaines propositions ont pour effet d’isoler tel ou tel parti, ce qui en dit souvent long sur son orientation idéologique. Ainsi, l’Open VLD est le seul à juger qu’il n’incombe pas aux pouvoirs publics de contraindre les banques à augmenter leurs taux d’intérêt applicables à l’épargne ; de son côté, Groen est le seul à réclamer une obligation, pour chaque commune, d’accueillir un certain nombre de demandeurs d’asile.

Dans certains cas, les extrêmes politiques se font remarquer par les positions qu’ils adoptent. Ainsi, le PVDA est seul à vouloir que la Belgique verse au Congo des indemnités pour les injustices commises dans l’ancienne colonie belge. Le même PVDA est d’ailleurs le seul à refuser que l’on interdise aux grévistes de bloquer les accès aux zones industrielles, affirmant que « c’est là un moyen légitime de convaincre les gens de faire grève ». Le PVDA veut également voir la Belgique quitter l’OTAN, alors que tous les autres partis considèrent justement cette alliance comme la pierre angulaire de la sécurité internationale.

De son côté, le Vlaams Belang entend garder ses distances à l’égard du conflit israélo-palestinien ; il considère qu’on devrait pouvoir continuer de construire dans des zones inondables, mais refuse que l’on reconnaisse encore de nouvelles mosquées. C’est le seul parti à rejeter l’idée que l’UE puisse réduire les financements versés aux États membres qui ne respecteraient pas les règles démocratiques. « L’UE n’a pas à s’immiscer dans les affaires intérieures des États membres ».

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