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Former un gouvernement flamand relèvera du casse-tête : quelles coalitions envisager?
23·02·24

Former un gouvernement flamand relèvera du casse-tête : quelles coalitions envisager?

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Photo de Andy Makely sur Unsplash

Auteur⸱e
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Un gouvernement minoritaire ? Une coalition de quatre partis ? Le Vlaams Belang au pouvoir ? Une chose semble certaine : face à la montée des partis extrêmes, le scénario qui attend le prochain gouvernement flamand risque d’être compliqué.

Par le passé, traditionnellement, la formation du gouvernement flamand marchait toujours comme sur des roulettes : le processus durait à peine un mois. Le gouvernement Bourgeois fut le premier dont la formation dura deux mois. En 2019, il fallut à Jan Jambon pas moins de quatre mois pour constituer sa coalition suédoise (réunissant la N-VA, le cd&v et l’Open Vld).

Selon toute probabilité, cette année, la formation du gouvernement flamand ne coulera pas de source. Les sondages ont beau n’être que des sondages, ils esquissent ces derniers temps une tendance assez claire : les partis de la Suédoise n’y obtiennent plus de majorité. Et sans participation des partis extrêmes, il pourrait bien s’avérer impossible de former un gouvernement tripartite, quel qu’il soit. On rappelle évidemment que les résultats des sondages présentent une marge d’erreur qui pourrait faire la différence.

Ce qui semble certain, c’est que les partis extrémistes sont en pleine ascension. Mais la situation est la suivante : personne ne veut gouverner avec le PvdA (PTB) ; quant au Vlaams Belang, seule la N-VA laisse cette porte-là entrouverte. En toute logique, la prochaine coalition flamande naviguera en eaux troubles, c’est une quasi-certitude. Quels sont les scénarios actuellement sur la table ?

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1. Vlaams Belang + N-VA

Une majorité à deux partis ? Ce n’est pas impossible. Les derniers sondages donnent à ces deux partis de droite un résultat à deux doigts du nombre de sièges requis au Parlement flamand. Dans tous les cas, leur majorité serait de toute façon très réduite. Il faut bien avouer que le gouvernement Somers, au pouvoir en 2003 et en 2004 après la scission de la Volksunie en N-VA et Spirit, l’était aussi.

Et former un gouvernement sans majorité, serait-ce envisageable ? Après les élections de 2019, déjà, Bart De Wever, président de la N-VA, avait tenté de constituer un cabinet minoritaire soutenu par un Vlaams Belang qui soutiendrait le gouvernement sans y participer. Peut-être, après le 9 juin, pourrait-il trouver un intérêt à tenter un gouvernement minoritaire N-VA/Vlaams Belang avec le soutien extérieur d’un troisième parti. Sauf qu’à l’heure actuelle, aucun parti traditionnel ne semble disposé à apporter un tel soutien.

2. N-VA + Vooruit + cd&v + Open Vld

On pourrait envisager une coalition Arizona (une tripartite complétée de la N-VA), ou une Suédoise complétée par Vooruit. Il faudrait encore trouver un nom à un tel amalgame, mais d’après les récents sondages, une telle coalition pourrait, elle aussi, disposer d’une courte majorité. Reste savoir qui serait intéressé à participer à un gouvernement aussi hétéroclite. Deux obstacles se présentent.

Tout d’abord : tant au fédéral qu’au niveau flamand, toute coalition suédoise s’est systématiquement soldée par des chamailleries. En théorie, la N-VA, le cd&v et l’Open Vld seraient d’excellents partenaires, dans une coalition qui pourrait mener une politique cohérente de centre droit. Après tout, dans la pratique, cela fait des années qu’ils courent après les mêmes électeurs – et l’un après l’autre. Ce problème risque fort de ne pas disparaître dans un gouvernement où la Suédoise serait complétée par un autre parti.

Deuxième point : à quatre partis dans un gouvernement flamand ? Bonne chance ! L’idée n’est pas vraiment nouvelle, puisque Yves Leterme avait en son temps pris les rênes d’un tel gouvernement à quatre. À l’époque, cependant, la situation était quelque peu différente, car le cd&v et la N-VA formaient encore un cartel. Au début du siècle, la coalition dirigée par Patrick Dewael avait également tenté un partenariat à quatre. Après les années de chamailleries du gouvernement Jambon, l’intérêt pour une nouvelle tentative à quatre partis risque d’être très ténu. Il n’en reste pas moins qu’il n’y a pas, au centre, trois partis suffisamment importants pour aboutir ensemble à une majorité.

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3. N-VA + Vooruit + cd&v + Groen

Un olivier bordé de jaune. Cela ne présage rien de bon : des feuilles d’olivier tachetées de jaune sont généralement un signe de moisissure, d’excès ou simplement de manque d’arrosage.

D’un point de vue purement numérique, une coalition quadripartite pourrait sembler un peu plus stable qu’une formule de type « Arizona », puisque Groen obtient régulièrement des sondages légèrement supérieurs à ceux d’Open Vld. Dans la pratique, cependant, la formule d’un « olivier jaune » est particulièrement laborieuse, en raison des importants écarts entre les vues de la N-VA et de Groen. Quel que soit le thème (politique sociale, climat, environnement, marché de l’emploi ou azote), trouver un compromis entre Groen et N-VA sera toujours laborieux. Et prétendre gouverner dans de telles conditions pendant cinq ans, c’est s’exposer à des problèmes.

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4. N-VA + Vooruit + cd&v

Comme nous l’avons dit, il n’y a pas au centre de l’échiquier politique trois partis qui, ensemble, atteignent une taille suffisante. Or gouverner la Flandre à quatre est très loin d’être une perspective réjouissante pour les différents partis. Même chose pour l’idée d’une montée au pouvoir du Vlaams Belang. Quant à intégrer le PvdA dans la coalition, cela semble tout à fait hors de question. Et on en revient donc à un scénario à trois : un gouvernement minoritaire réunissant les trois principaux partis du centre.

D’après les sondages, il ne manquerait peut-être qu’une poignée de sièges pour installer une coalition associant N-VA, Vooruit et cd&v — un sondage Knack lui accorde 59 des 62 sièges nécessaires. Dans ce cas, le gouvernement devrait compter sur le soutien tacite d’un quatrième parti. Un scénario compliqué, en Flandre.

En effet, quand un parti non gouvernemental soutient un gouvernement, il tient généralement à se garder un bâton, de manière à pouvoir renverser le gouvernement si celui-ci ne respecte pas les accords pris. Mais au niveau flamand, il est impossible de procéder à des élections anticipées, de sorte que le gouvernement reste en place jusqu’au moment où il est remplacé par un autre. En Flandre, faire tomber le gouvernement régional est donc un exercice très difficile. Ce qui explique que la formule d’un appui extérieur à un gouvernement minoritaire n’intéresse personne.


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