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L’Open VLD, un parti au bord de l’implosion ?
24·10·23

L’Open VLD, un parti au bord de l’implosion ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

BELGA

Auteur⸱e
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Avec Gwendolyn Rutten qui se retire de la politique nationale, Patrick Dewael qui menace de siéger comme indépendant à la Chambre et Bart Tommelein qui boycotte désormais le bureau du parti, la succession de Vincent Van Quickenborne au ministère de la Justice plonge encore davantage l’Open VLD dans le bourbier où il pataugeait déjà allègrement.

Le fait que le président du parti n’ait même pas pris la peine de l’appeler de tout le week-end aura finalement conforté Gwendolyn Rutten dans une décision qu’elle avait, en fait, déjà prise depuis quelques jours. Quelques minutes à peine après que l’on eut appris la désignation de Paul Van Tigchelt au poste de ministre de la Justice, l’ancienne présidente de l’Open VLD annonçait, sur Facebook, son retrait de la scène politique nationale. « La politique est un milieu difficile, j’en suis bien consciente. Mais au-delà d’un certain point, on va trop loin dans l’irrespect. »

Le mécontentement s’exprime largement au sein du parti. Dimanche, les boucles WhatsApp des groupes de députés au niveau flamand et fédéral étaient en surchauffe « C’est un jour à marquer d’une pierre noire, j’en suis bouleversé », glisse un parlementaire. « C’est n’importe quoi. Le bureau du parti, ce sera désormais sans moi », s’agace le bourgmestre d’Ostende, Bart Tommelein, qui a d’ailleurs crié sa décision sur la place publique peu après. Selon différentes sources, Patrick Dewael, qui a jadis été le patron de Paul Van Tigchelt et dont le nom circulait également pour remplacer Vincent Van Quickenborne, menacerait même de siéger comme indépendant à la Chambre. Nous n’avons pas pu le joindre pour recueillir ses commentaires dimanche, mais il s’agirait là d’une sacrée motion de défiance.

L’Open Vld est devenu un parti zombie

Sentiment d’entre-soi

Ce parachutage, couplé à un énième manque d’égard envers les parlementaires, ne laisse pas d’envenimer la situation. Eva De Bleeker, Alexia Bertrand et maintenant Paul Van Tigchelt : aucun de ces trois-là n’est issu des groupes politiques. Sans compte que dans un premier temps, c’est l’avocat anversois Kris Luyckx qui avait été pressenti pour le poste. « À quoi joue-t-on, au juste ? C’est un manque total de respect envers nos troupes », a-t-on entendu dire.

L’incompréhension est d’autant plus grande que les pontes du parti — le Premier ministre, Alexander De Croo, Vincent Van Quickenborne, le président de l’Open VLD, Tom Ongena, et le vice-ministre-président du gouvernement flamand, Bart Somers — ont tout arrangé entre eux et ne se sont pas ou peu concertés avec le reste de la formation. « Cette manière de faire vient encore renforcer le sentiment d’entre-soi et l’idée qu’une poignée de personnes décident de tout », souffle un parlementaire. Un libéral de haut rang est encore plus sévère : « L’ambiance était déjà très difficile ces derniers mois, entre les mauvais sondages, le départ du président Egbert Lachaert et la nomination de son successeur, Tom Ongena. Les conséquences seront dramatiques. On est au niveau d’empathie d’une huître. »

Après Tom Ongena, les parlementaires anversois assistent désormais à l’arrivée de Paul Van Tigchelt. Tous deux figureront sans aucun doute en place éligible, ce qui ne laissera pas grand-chose aux autres.

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Une réunion houleuse au bureau du parti

Au sein du parti, la colère est d’autant plus forte que Gwendolyn Rutten se tenait prête, elle connaissait les dossiers et disposait de l’expérience nécessaire. « C’est l’une des responsables politiques les plus compétentes et les plus honnêtes que j’aie jamais connus. Son retrait de la politique nationale est un énorme gâchis », déplore le député du Parlement flamand Maurits Vande Reyde. Son départ constitue du reste une saignée électorale, puisqu’elle avait recueilli pas moins de 45 000 voix dans le Brabant flamand en 2019 — et plus de 60 000 cinq ans auparavant.

Gwendolyn Rutten était revenue sur le devant de la scène ces derniers mois. Elle s’était réconciliée avec Alexander De Croo, qui, fin 2019, l’avait empêchée, avec Egbert Lachaert et Vincent Van Quickenborne, de devenir la première femme à réellement occuper le poste de Premier ministre du pays. La bourgmestre d’Aarschot défendait bec et ongles la direction du parti et, lors du congrès ayant finalement porté Tom Ongena à sa présidence, avait lancé un vibrant appel à respecter ce choix. À l’annonce de sa démission par Vincent Van Quickenborne, vendredi, il semblait donc aller de soi qu’elle lui succéderait.

Mais c’était oublier que tout le monde ne la porte pas dans son cœur. Avec Vincent Van Quickenborne, la relation a tourné au vinaigre depuis un moment déjà. Et pour avoir compliqué la tâche du gouvernement flamand dans le dossier de l’azote, elle n’a pas non plus les faveurs de son vice-ministre-président, Bart Somers.

Quoi qu’il en soit, le bureau du parti de lundi s’annonçait exceptionnellement houleux. Paul Van Tigchelt — auquel, au fond, personne ne reproche quoi que ce soit — y vivra d’emblée un baptême du feu à la saveur toute particulière. « On avait déjà tant de mal à tenir le parti. Il risque maintenant de se désintégrer complètement », redoute un membre du bureau.


Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, les présidents de partis flamands se sont dévoilés dans une série d’interviews inédites pour DaarDaar. Retrouvez celle de l’ancien président de l’Open VLD:

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