Le président du parti, Tom Van Grieken, devient tête de liste au Parlement flamand, Filip Dewinter poussera la liste (« lijstduwer » en néerlandais). Le Vlaams Belang fait du Parlement flamand sa priorité absolue.
« Au fédéral, nous ferons ce qu’il faut : critiquer et surveiller le gouvernement en place. Mais nous ne sacrifierons pas les votes nationalistes flamands pour maintenir l’État PS à flot ». C’est par cette attaque à peine masquée recueillie par la Gazet van Antwerpen que le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, justifie son retour à l’échelon flamand en tant que tête de liste à Anvers. Actuellement député fédéral, Tom Van Grieken a décidé de se recentrer stratégiquement sur la Flandre. « Nous pouvons y devenir le plus grand parti et ainsi avoir l’initiative lors la formation du gouvernement flamand », précise-t-il. « Une majorité nationaliste constituée de la N-VA et du Vlaams Belang ne relève plus de la science-fiction politique ».
Personnalités controversées
Ce dernier point reste à vérifier. La semaine dernière, le président de la N-VA, Bart De Wever, a encore balayé toute éventuelle collaboration d’un revers de la main. Le bourgmestre d’Anvers a déjà indiqué à plusieurs reprises qu’avant d’envisager un tel scénario, le Vlaams Benlang devait d’abord faire le ménage en interne et se débarrasser de ses trublions, dont Filip Dewinter. Celui-ci doit maintenant céder sa place de tête de liste flamande à Anvers, mais il apportera son soutien à Tom Van Grieken, faisant office de procure-votes. « À Anvers, il faudrait à présent que les deux poids lourds électoraux unissent leurs forces », estime pour sa part M. Van Grieken. « Au niveau flamand, chaque voix comptera. »
« Une majorité nationaliste constituée de la N-VA et du Vlaams Belang ne relève plus de la science-fiction politique »
Le Vlaams Belang met donc les bouchées doubles pour devenir le plus grand parti flamand, et ainsi se positionner en pole position pour la formation du gouvernement flamand. Le parti souhaite également placer ses pions le plus rapidement possible et devrait bientôt être le premier parti à présenter toutes ses têtes de liste. Un luxe qui s’explique par le fait que le parti, crédité de 25 % d’intentions de vote selon divers sondages, a le vent en poupe.
Qui est Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang qui a ressuscité un parti à l’agonie ?
Il n’en demeure pas moins que la vieille garde s’essouffle. Outre Filip Dewinter (61 ans), qui n’est plus tête de liste pour la première fois depuis les années 1980, Gerolf Annemans (64 ans) et Stefaan Sintobin (63 ans) ont également récemment fait savoir qu’ils ne seraient plus têtes de liste, respectivement au Parlement européen et en Flandre-Occidentale. Les deux étaient encore en place éligible et auraient pu donc encore prétendre à un siège dans l’hémicycle.
« La transformation saute aux yeux avec le retrait, entre autres, de Filip Dewinter et de moi-même, mais elle s’inscrit dans le cadre d’une opération bien plus vaste qui a débuté il y a neuf ans », explique Gerolf Annemans en évoquant la relève. « Lorsqu’il est devenu président, Tom Van Grieken a entamé une véritable cure de jouvence. Cette formule magique n’a pas échappé aux vieux briscards que nous sommes. Il s’agit de renouveler le parti autour d’idées fraîches. »
Un électorat jeune
Les chiffres viennent corroborer ce raisonnement. Une nouvelle étude de la KU Leuven révèle que 23,6 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont voté pour le Vlaams Belang en 2019. Dans De Stemming, l’enquête d’opinion menée par De Standaard et VRT Nieuws, les chercheurs se sont également penchés sur l’arrière-ban du parti. Il en ressort notamment que les électeurs du Vlaams Belang sont plus jeunes que la moyenne.
Selon l’enquête, la probabilité qu’une personne âgée de 18 ans vote pour le Vlaams Belang est de 27 %. Pour une personne âgée de 65 ans, cette probabilité plafonne à 15 %. Tom Van Grieken en personne est d’ailleurs souvent plébiscité par les jeunes plutôt que par les personnes plus âgées. « Notre intention est de placer de nouveaux jeunes dans le trio de tête de toutes les listes », indique Stefaan Sintobin. Le moment est venu d’insuffler un vent nouveau, afin d’être prêts pour le scrutin de 2029. »
« Dewinter ferait parfaitement l’affaire en tant que ministre. À moins qu’il ne se contente de la présidence du Parlement flamand. »
Quoi qu’il en soit, les grandes ambitions du Vlaams Belang, qui voit bien au-delà des prochaines élections, sont claires. Dans les colonnes de la Gazet van Antwerpen, le président Tom Van Grieken s’est même déjà amusé à distribuer les postes. « Je pense que Dewinter ferait parfaitement l’affaire en tant que ministre. À moins qu’il ne se contente de la présidence du Parlement flamand. »
Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, les présidents de partis flamands se sont dévoilés dans une série d’interviews inédites pour DaarDaar. Retrouvez la bande-annonce:
