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Egbert Lachaert, le président de l’Open VLD qui a convaincu Alexander De Croo de se lancer en politique
05·06·23

Egbert Lachaert, le président de l’Open VLD qui a convaincu Alexander De Croo de se lancer en politique

Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, DaarDaar part à la rencontre des présidents de partis flamands. Qui se cache derrière l’homme ou la femme politique? Comment sont-ils arrivés en politique ? Comment voient-ils l’avenir du pays ?

Après Sammy Madhi (CD&V) et Nadia Naji (Groen), nous poursuivons notre série de portraits avec Egbert Lachaert, président de l’Open VLD depuis le 22 mai 2020. Au programme: une biographie publiée le lundi, ainsi qu’une interview inédite diffusée le mercredi.

[Projet soutenu par le Fonds pour le journalisme]

Temps de lecture : 6 minutes
Aubry Touriel
Auteur

Il a traversé l’Australie et la Nouvelle-Zélande à vélo en quatre mois tout seul. La débrouillardise, il connaît. Portrait d’Egbert Lachaert, le président de l’Open VLD, « ce fils de » qui a dû se battre pour se faire un nom face aux autres dynasties politiques libérales de Flandre orientale.

Fils d’avocats, Egbert Lachaert est l’aîné d’une famille de trois enfants et a grandi à Merelbeke, une commune de la périphérie gantoise. Ses parents étant souvent absents, il avait pris l’habitude d’assumer son rôle d’aîné auprès de sa sœur et de son frère, qui ont respectivement quatre et huit ans de moins que lui.

L’Athénée royal de Gand, la fabrique à politiciens

Le père d’Egbert Lachaert était assez autoritaire et le mot d’ordre qui régnait à la maison, était la débrouille : « Jusqu’à mes 23 ans, je faisais tout à vélo même quand il faisait extrêmement mauvais. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il gèle… c’était à moi de me débrouiller et mes parents n’étaient pas du genre à m’amener partout. Donc, je me suis toujours débrouillé seul, depuis ma plus tendre enfance. »

Egbert Lachaert a effectué ses études secondaires à l’Athénée Royal de Gand, où d’autres politiciens de renommée, comme Guy Verhofstadt ou Freya Van den Bossche, sont également passés.

Avocat de père en fils

À 18 ans, Egbert Lachaert entame  des études de droit à l’université de Gand. « C’était un peu par hasard : je ne savais pas ce que je voulais devenir. J’avais participé aux journées d’info à l’université pour voir quelles études je pourrais faire, et la session de droit était la plus intéressante. »

Hasard ou pas, ce fils d’avocats suit les traces de ses parents, un peu par défaut. « J’ai choisi le droit parce que c’est un diplôme général grâce auquel je pouvais encore décider ce que j’allais faire après. Mes cinq années d’études ont filé à toute allure. »

« Je suis resté douze ans dans l’avocature, sans avoir vraiment l’ambition d’être avocat. »

Une fois ses études achevées , Egbert Lachaert ne savait toujours pas vraiment ce qu’il voulait faire. « Un professeur m’avait proposé de commencer  un stage dans son cabinet. C’était un professeur assez respecté dans le droit du travail et j’ai donc démarré mon stage là-bas. »

Après trois ans de stage, Egbert Lachaert demeure indécis quant à son avenir  Le cabinet où il a effectué  son stage lui propose alors de s’y établir comme associé : « C’est ainsi que je suis resté douze ans dans l’avocature, sans avoir vraiment l’ambition d’être avocat. »

Le sportif aventurier

Natation, judo, tennis, base-ball, football, cyclisme… Egbert Lachaert a testé de nombreux sports dans sa jeunesse. « Le vélo, c’est ce que je fais le mieux. Mais si tu veux te lancer en compétition, ça prend beaucoup de temps et je ne pouvais pas combiner ça avec mes études.”

Cette passion pour le sport, il la poursuit encore à l’heure actuelle : « Le vendredi soir, je joue au foot. Il ne faut rien prévoir d’autre dans mon agenda. Être actif physiquement, ça me fait beaucoup du bien, mentalement aussi. »

Le président des libéraux flamands adore par ailleurs allier sport et voyage. L’une des expériences les plus marquantes de sa vie fut son voyage en Océanie : à 26 ans, Egbert Lachaert a en effet parcouru seul la Nouvelle-Zélande et l’Australie à vélo, pendant quatre mois. « Je n’ai pas fait mon service militaire, mais ça y ressemble un peu parce que tu es confronté à toi-même dans des conditions de survie. Tu reviens aux besoins basiques de la vie : trouver de l’eau, de la nourriture, dormir et continuer ton chemin. Cette expérience m’a donné confiance en moi-même. »

Un libéral convaincu

À l’université, Egbert Lachaert était déjà très actif politiquement. Il devient ainsi secrétaire politique de la section de Gand des étudiants libéraux. Lors de sa dernière année de droit, il occupe le poste de président national des étudiants libéraux.

Durant ces années, il rencontre des personnes qui s’engageront plus tard dans le monde politique. « J‘ai par exemple appris à connaître Mathias De Clercq, l’actuel bourgmestre de Gand, dans un bar près de la gare de Gand alors qu’il avait 17 ans. Je lui ai dit : »Tu dois rejoindre  les étudiants libéraux. Et il est à son tour devenu président des étudiants libéraux. Par la suite, on a continué notre chemin dans le monde politique. »

Malgré son engagement, Egbert Lachaert se heurte à la réalité des partis politiques : « Je suis vraiment un libéral convaincu, un idéologue, mais la philosophie libérale, c’est encore différent de la politique politicienne. Les Jeunes VLD étaient déjà très proches du parti. On ressentait beaucoup les envies de carriérisme et d’ambition, et ce n’était pas vraiment mon truc. »

« J’ai quand même eu un rôle  dans l’engagement en politique d’Alexander De Croo : avant, tout le monde disait qu’ il n’irait jamais en politique. »

Après ses études, il décide de lancer le groupe de pensée “Liberales” avec des amis de l’université. L’initiateur de ce think thank recrute notamment un certain Alexander De Croo, qui a l’époque  travaillait dans le privé et n’ambitionnait pas de faire de politique.

« Je l’ai quand même convaincu de s’engager dans “Liberales”. À cette époque, son père disait qu’il n’allait jamais s’engager en politique. Mais le contact est bien passé, et un an plus tard, Alexander De Croo devenait président de l’Open VLD. »

En 2009, Egbert Lachaert et Alexander De Croo mènent leur première campagne nationale ensemble. Ils sillonnent alors ensemble  les marchés de Flandre. « J’ai quand même eu un rôle  dans son engagement en politique : avant, tout le monde disait qu’ il n’irait jamais en politique. Il avait besoin de trouver des gens avec qui il s’entendait bien. Son engagement auprès de “Liberales” a changé son état d’esprit. »

Fils de

De Croo, De Gucht, Verhofstadt… Les dynasties politiques sont monnaie courante chez les libéraux de Flandre orientale. Et la famille Lachaert ne fait pas exception : Egbert suivra en effet les pas de son père Patrick Lachaert, ancien député libéral flamand.

Mais le nom Lachaert restait moins connu que les trois autres bastions : « Le nom Lachaert pesait moins que les autres. Mon père connaissait très bien ses dossiers et était très respecté, mais il n’aimait pas trop s’afficher. Après deux élections, j’avais déjà plus de votes que lui et on ne parlait plus de lui. »

Face aux autres « fils de » libéraux, Egbert Lachaert a dû se créer sa propre place. « Ce n’était pas évident à cette époque-là, parce que cette province était déjà divisée en trois bastions libéraux. J’étais un concurrent pour les autres successeurs : j’étais un homme, du même âge, avec le même profil. J‘ai vraiment dû me battre pour me créer mon propre chemin. »

Enfin président

En 2013, il tente une première fois sa chance à la présidence du parti libéral. « Je n’étais pas content de la manière dont le parti était géré. À ce moment-là, j’étais totalement inconnu. J’étais juste conseiller CPAS dans ma commune, et tout le monde disait que je n’avais aucune chance contre Gwendolyn Rutten qui avait le soutien de tous les cadres du parti. Pour sa campagne, Gwendolyn Rutten posait sur un escalier du Parlement flamand, entourée de tous les ténors libéraux flamands. L’image était parlante. » 

Cela n’a pas pour autant découragé le Gantois : deux semaines plus tard, il organisait une conférence de presse où il posait lui aussi sur un escalier, mais entouré de membres de sections locales. « C’était un petit peu la base contre le top et tout le monde disait « Ah, tu n’as aucune chance. » Mais c’était vraiment kif-kif à la fin : 59 contre 41 %.« 

« Tout le monde disait ‘Ah, tu n’as aucune chance.' »

Ce n’est qu’à ce moment que  sa carrière politique s’accélère vraiment. Il devient premier échevin dans sa commune de Merelbeke et député fédéral. En 2019, il passe chef de groupe à la Chambre. En 2020, alors que les négociations pour former un gouvernement fédéral sont dans l’impasse, Gwendolyn Rutten remet son mandat en jeu. Egbert Lachaert retente sa chance, avec succès cette fois : il récolte 61% des voix contre 29 % pour son principal opposant Bart Tommelein, le bourgmestre d’Ostende.

Peu de temps après sa prise de fonction à la présidence de  l’Open VLD, le Roi Philippe lui confie à deux reprises une mission dans le cadre de la formation du gouvernement. Lors de la campagne pour la présidence du parti libéral, il se prononçait davantage en faveur d’une coalition avec la N-VA, il contribue à mettre sur pied le gouvernement Vivaldi.

Malgré le poste « bonus » de Premier ministre accordé à l’Open VLD, le parti reste à la traîne dans les sondages. Le scandale autour de Sihame El Kaoukibi ou la démission d’Eva De Bleeker sont autant de dossiers qui sont venus entacher le parcours d’Egbert Lachaert depuis son entrée en fonction.

Retrouvez l’interview d’Egbert Lachaert ce mercredi 7 juin sur DaarDaar.


Ne ratez aucun épisode de cette série:

Sammy Mahdi (CD&V): semaine du 22 mai

Nadia Naji (Groen): semaine du 29 mai

Egbert Lachaert (Open Vld): semaine du 5 juin

Raoul Hedebouw (PTB/PVDA): semaine du 12 juin

Tom Van Grieken (Vlaams Belang): semaine du 19 juin

Conner Rousseau (Vooruit): semaine du 26 juin

Bart De Wever* (N-VA): semaine du 3 juillet

* Bart De Wever a refusé de participer à notre série d’interviews, mais une biographie et un article bonus paraîtront aussi sur le président de la N-VA.

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