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« Les femmes sont plus facilement sacrifiées que les hommes », malaise à l’Open VLD après l’éviction d’Eva De Bleeker
22·11·22

« Les femmes sont plus facilement sacrifiées que les hommes », malaise à l’Open VLD après l’éviction d’Eva De Bleeker

Temps de lecture : 3 minutes
Auteure
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Lors d’un bureau de parti convoqué en urgence, les membres de l’Open VLD ont exigé des explications sur le remplacement d’Eva De Bleeker. Il y fut notamment question de « culture toxique au sein du parti ».

La confiance est perdue, entend-on dans les rangs des libéraux flamands. Et pour cause : l’ancienne secrétaire d’État Eva De Bleeker a été remplacée vendredi passé par Alexia Bertrand, une MR relativement peu connue. Libérale certes, mais pas membre du parti. Les jeunes de l’Open VLD, se sentant écartés, ont exigé des explications le lendemain au bureau de parti. Ils s’interrogeaient sur l’opportunité de désigner quelqu’un d’extérieur, alors que les libéraux flamands ne manquent pas de gens de talent. Le député flamand Maurits Vande Reyde comprend bien les reproches : « La foi et la confiance en nos propres membres devraient toujours prévaloir. »

Le Premier ministre De Croo avait déjà eu des sueurs froides lorsque De Bleeker a fourni des chiffres plus négatifs (un déficit de 35 milliards d’euros) à la Chambre qu’à la Commission européenne (un déficit de 35 milliards d’euros). Cette décision, combinée aux erreurs de calcul dans une deuxième version du budget, a coûté son poste à la secrétaire d’État.

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Une « culture de parti toxique »

Ce qui pose question, c’est surtout la manière dont son départ a eu lieu, car il se pourrait même qu’en fin de compte, elle avait bel et bien raison. Aurait-elle été écartée aussi vite si elle avait été un homme ? Pour de nombreux membres du parti, tous genres confondus, la réponse est non.

La députée Freya Saeys a posté sur les réseaux sociaux un message en solidarité avec Eva De Bleeker, accompagné du hashtag « womenunited ». Lorsque la nouvelle de son éviction est tombée, les messages de collègues féminines se sont multipliés, explique la parlementaire. « Tous exprimaient la même frustration : nous avons l’impression que les femmes sont plus souvent sacrifiées que les hommes. » C’est effectivement ce qui ressort d’un vaste sondage de notre homologue De Standaard et de messages postés sur les réseaux sociaux.

Le parti libéral a une longue tradition de femmes démissionnaires : citons par exemple Annemie Neyts, Annemie Turtelboom et Gwendolyn Rutten. Par contre, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, dont la fonction était remise en question après le meurtre d’un agent de police, a pu rester en place, ce qui suscite les commentaires.

Le problème couve depuis longtemps au sein du parti, mais le départ d’Eva De Bleeker a permis de le faire ressurgir : « Je pense qu’il est grand temps de discuter sérieusement de la manière dont nous pouvons améliorer la culture du parti concernant les femmes qui occupent des postes de pouvoir, témoigne M. Vande Reyde. Les députés de sexe masculin ont du mal à le remarquer. C’est peut-être pour cette raison que j’ai moi-même trop souvent minimisé ce phénomène. Il n’en demeure pas moins que j’ai déjà entendu tellement de témoignages de femmes politiques ayant subi des actes déplacés qu’il est difficile de nier l’existence du problème. »

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« On donne toutes leurs chances aux femmes, mais leurs actes sont souvent jugés beaucoup plus sévèrement. »

Le président de l’Open VLD, Egbert Lachaert, qui qualifie ces incriminations d’insensées, a demandé à Stephanie D’Hose, la vice-présidente du parti, de réagir : « Si Eva avait été remplacée par un homme, j’aurais dit : oui, il y a un problème. Mais là, ce n’est pas vraiment le cas. »

Cependant, la vice-présidente confirme que l’image de la politique, dans son intégralité, est entachée par la misogynie et le machisme. « Mais il n’y a pas que les hommes qui s’en rendent coupables. »

Vande Reyde : « On donne toutes leurs chances aux femmes, mais leurs actes sont souvent jugés beaucoup plus sévèrement. »

Mercedes Van Volcem, une autre députée flamande Open VLD, confirme : « Une femme doit être très populaire pour que son obstination et son énergie soient considérées comme des qualités. »

Dans le débat de l’émission dominicale De Zevende Dag, Egbert Lachaert souligne qu’Eva De Bleeker « est et reste une amie ». Il lui a également promis une position de premier plan.
S’agira-t-il d’une place sur une liste électorale ? Impossible de le savoir pour le moment. Cependant, il faut savoir que les très populaires députées Maggie De Block et Goedele Liekens viennent toutes les deux de la même province qu’elle, le Brabant flamand. Si le président Lachaert désire garder son amie, il va falloir qu’il lui promette mieux que cela.

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