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Le budget de la Belgique dérape et fâche les libéraux
18·11·22

Le budget de la Belgique dérape et fâche les libéraux

Bart Haeck est journaliste politique au quotidien De Tijd.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Ussama Azam on Unsplash

Bart Haeck
Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Un désaccord entre membres libéraux du gouvernement vient de mettre en lumière le véritable sujet qui fâche. Si l’on additionne correctement toutes les dépenses de tous les gouvernements de ce pays, le déficit budgétaire de la Belgique est le plus important de tous les États membres de l’Union européenne.

En raison d’un lourd déficit budgétaire, la dette publique de la Belgique va encore augmenter l’année prochaine ainsi qu’en 2024. Et cela, alors même que la « fête de l’argent gratuit » est terminée.

Connaissez-vous la série de politique-fiction « À la Maison-Blanche » (The West Wing) ? Dans l’épisode 17, saison 3, une crise politique vient d’éclater, et on demande à la porte-parole de la Maison-Blanche pourquoi cette crise est si difficile à désamorcer. La réponse fuse : « C’est parce que ce scandale est un cas d’école, façon Washington : nous avons tout bousillé parce que nous avons dit la vérité. »

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C’est cette scène à laquelle fait furieusement penser la tempête qui frappe la secrétaire d’État au Budget, Eva De Bleeker (Open VLD). La semaine dernière, elle a calculé le déficit budgétaire qu’affichera l’an prochain chacune des autorités publiques de notre pays. Le résultat de ce calcul, à savoir un déficit de 6,1 % du produit intérieur brut (PIB), est désormais qualifié d’ « erreur matérielle » : il est en effet supérieur aux 5,8 % publiés dans la version précédente de cet exercice.

Aujourd’hui, le gouvernement s’en tient au chiffre initial de 5,8%. Eva De Bleeker présentera et commentera les nouveaux documents à la Chambre jeudi. La version à 6,1% ne tient pas compte de la réforme des accises. Cette réforme est censée rapporter des recettes nouvelles, mais elle est encore jugée trop incertaine. Dans la version à 5,8%, en revanche, ces recettes semblent pourtant suffisantes pour y être intégrées.

L’affaire cause dans les rangs libéraux une tempête qui ne manquera pas de laisser des séquelles politiques. Mais l’affaire va bien plus loin. L’incident doit inciter à prendre conscience de la vulnérabilité financière de la Belgique. Vulnérabilité que rien ne soulignera mieux que le profond fossé séparant la manière dont les gouvernements de notre pays vendent leur déficit au citoyen, et la manière dont la Commission européenne les considère.

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Le gouvernement fédéral affirme que le déficit structurel (donc hors effets de la croissance) est proche du plafond de 3% visé par le traité de Maastricht. Le gouvernement flamand veut un budget en équilibre à l’horizon 2027 – mais pour ce faire, il faudrait ne pas compter les milliards nécessaires à la liaison autoroutière de l’Oosterweel. La Région bruxelloise vise un budget à l’équilibre en 2024, mais ne tient pas compte d’investissements stratégiques tels que la construction d’une ligne de métro. Quant au gouvernement wallon, le calcul de son déficit budgétaire ne tient pas compte du coût de la reconstruction post-inondations et de la relance post-covid.

« C’est le déficit le plus mauvais de tous les États membres de l’Union européenne. »

Si on tient compte de tous ces éléments, le déficit avoisine bien les 6%. C’est le plus mauvais résultat de tous les États membres de l’Union européenne. Pourtant, tous ces pays vivent eux aussi la hausse des prix de l’énergie, l’inquiétude de leur population, le choc de la guerre en Ukraine, les effets de l’inflation ; dans ces pays aussi, il faut des capitaux pour amorcer la relance post-covid et investir dans la mobilité.

En 2024 aussi, pas un seul État de l’Union européenne ne connaîtra un déficit supérieur au nôtre. Et ces chiffres n’ont rien de théorique : ils signifient très concrètement qu’une fois de plus, la dette publique belge va augmenter l’an prochain, et qu’elle augmentera encore en 2024 alors même que la fête de l’argent gratuit est finie. L’une des principales tâches incombant aux parlementaires, chaque année, est le vote du budget du gouvernement qu’ils sont censés contrôler au nom de l’électeur. Il serait bon que ces élus, dans les nombreux parlements que compte notre pays, ne prennent pas cette responsabilité à la légère.

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