Place à la nouvelle génération. Retour aux premières amours, la politique locale. Prendre ses distances avec toute la générosité qui s’impose. Avancer sans répit vers le renouveau. Bart Somers, ministre flamand des Affaires intérieures, justifie son geste par les plus nobles des motifs, à en croire sa lettre de démission. Dommage cependant que rien de tout cela ne soit avéré.
Ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit : personne ne doute un seul instant que le cœur de Bart Somers bat toujours autant pour la ville de Malines. Jeune politique, il avait une vision de la ville, bien avant l’époque où il est devenu de bon ton d’en développer une. Mais il y a longtemps aussi qu’il n’a pas hésité à laisser sa ville bien-aimée aux mains d’un bourgmestre faisant fonction pour occuper un poste de ministre. Autant dire que ce retour précipité avant la fin de son mandat a comme un goût amer.
On peut difficilement prétendre que Somers était en train de prendre congé, à son aise, des petits jeux de pouvoir de la Rue de la Loi. Ces dernières semaines, au sein de l’Open VLD, cette entreprise coopérative pour la promotion des carrières et des noms de famille, il a passé tout son temps à distribuer les rares gilets de sauvetage qui restaient encore. Ce n’est pas exactement l’attitude détachée à laquelle on se serait attendu.
Mais le navire qui sombre, et que quitte Somers aujourd’hui, n’est autre que le gouvernement flamand. Un gouvernement au palmarès incertain. Un gouvernement dont le principal nœud reste à démêler, à savoir le dossier peu sexy mais économiquement essentiel des émissions d’azote. Un gouvernement dont le vice-premier ministre ne voit aucun mal à quitte les rangs. Il y a des signes qui ne trompent pas.
« Par ce geste, l’Open VLD fait publiquement savoir que le gouvernement flamand, dont il fait pourtant partie, ne l’intéresse plus. »
Puis, bon sang, comment un ministère décrépi peut-il servir de tremplin pour un jeune talent ? Somers le sait très bien, lui à qui l’on avait refourgué, à l’époque, la ministre-présidence flamande dans des circonstances similaires. En réalité, par ce geste, l’Open VLD fait publiquement savoir que ce gouvernement, dont il fait pourtant partie, ne l’intéresse plus. Et donc, quand Malines appelle, le ministre s’en va, les bagages débordant de cynisme.
Crise de l’azote en Flandre: privilégier l’industrie ou les services, le dilemme