Et si le Vlaams Belang et la N-VA obtenaient ensemble une majorité au Parlement flamand ? Voilà des mois que ce bruit de couloir prend de l’ampleur au nord du pays. En attestent les derniers sondages d’intention de vote. Les deux partis n’ont même pas besoin d’obtenir une majorité absolue ; ils pourraient en effet se contenter de 45% des suffrages exprimés. Mais quels seraient les premiers fait d’armes de cette coalition, une fois l’euphorie de la victoire passée ? Rendre l’hymne national flamand obligatoire dans les écoles ? Peindre les panneaux de signalisation en jaune et noir ? Chercher des poux dans le monde de la culture ? Cerner les priorités d’une telle coalition relève de la gageure.
Sauf séisme politique, l’hypothétique alliance pourrait donner libre cours à son fantasme le plus fou : déclarer l’indépendance de la Flandre au Parlement flamand. Reste que cet organe n’est pas compétent en la matière. Un tel scénario n’est envisageable qu’au niveau fédéral. Les Catalans se sont lamentablement heurtés à cette réalité. L’Europe a balayé leur déclaration d’indépendance unilatérale d’un revers de la main.
À supposer, en outre, que les partenaires de coalition aient encore un rôle à jouer au niveau fédéral. Car tant la Vivaldi – avec une minorité flamande – que la Suédoise- avec une minorité francophone – ont montré qu’un gouvernement fédéral majoritaire est certes une bonne chose, mais pas une nécessité en soi. En définitive, une coalition entre le Vlaams Belang et la N-VA ne peut qu’accoucher d’un Lion flamand édenté.
De Wever ne s’alliera jamais avec le Vlaams Belang… Vraiment ?
Du côté de la N-VA, il existe néanmoins une énorme pression militante pour que la majorité aux côtés du Vlaams Belang voie le jour, sous la houlette de Bart De Wever. Mais ce dernier, président du plus grand parti, veut-il réellement se lancer dans l’aventure ? Avec un Tom Van Grieken ministre-président ? Et ce faisant, certains mandataires de la N-VA ne risquent-ils pas de franchir une ligne rouge ?
« Le « confédéralisme », sous quelque forme que ce soit, ne serait-il pas plus facile à digérer qu’un gouvernement flamand dirigé par le Vlaams Belang ? »
En fin joueur d’échecs qu’il est, voilà quelques semaines que Bart De Wever place ses pions avec un plan en tête. Celles et ceux qui se demandaient pourquoi il a remis le confédéralisme à l’ordre du jour – au moment le plus inattendu – peuvent y voir sa première manœuvre. Un roque, tablant sur le fait que les francophones sont encore plus effrayés par une Flandre dirigée par le Vlaams Belang que par les revendications de la N-VA. De Wever argumentera, le visage impassible, qu’il est prêt à convaincre ses partisans de ne pas céder à la tentation, mais qu’il doit obtenir quelque chose en contrepartie. Le « confédéralisme », sous quelque forme que ce soit, ne serait-il pas plus facile à digérer qu’un gouvernement flamand dirigé par le Vlaams Belang ? Et si un tel cas de figure venait à se dessiner, qui se mettrait à trembler ?
Le confédéralisme est-il le remède aux problèmes de notre époque?