Ce week-end, le championnat belge de cyclocross nous a livré un vainqueur totalement inattendu, au contraire de la N-VA et du CD&V qui, pendant ce temps-là, ont tenu des discours en tous points prévisibles lors de leurs réceptions du Nouvel An. Le président de la N-VA, Bart De Wever, a sorti le confédéralisme du frigo après cinq ans, tandis que son collègue du CD&V, Wouter Beke, s’est insurgé contre la montée du populisme, tout en plaidant pour une « révolution de la raison ».
On retrouvait dans ces deux discours un seul et même fil rouge. Aussi bien De Wever que Beke prétendent servir l’intérêt général. Wouter Beke a raison de mettre en garde contre la montée du populisme, mais en cette période troublée, les citoyens veulent des réponses claires. Le secret de la N-VA est peut-être sa capacité, mieux que quiconque, à intégrer l’air du temps dans sa communication. Même si elle manque parfois de tact.
Si le CD&V est bien moins efficace en la matière, c’est parce que le cap au centre donné par Beke le condamne encore plus à un discours équilibré. Avec une N-VA qui grignote leur flanc droit, les chrétiens-démocrates ont glissé du centre-droit vers le centre-centre. Fait révélateur de cette évolution : la métamorphose de Kris Peeters, ancien dirigeant de l’organisation patronale Unizo devenu le contrepoids social dans le gouvernement Michel. Wouter Beke suggère désormais que cette voie médiane protège l’intérêt général. Mais cette seule présence au « centre courageux » n’offre aucune garantie, sans quoi le parti n’utiliserait pas l’argent du contribuable pour indemniser les coopérateurs Arco.
La vérité est qu’aucun parti politique ne défend seul l’intérêt général. Ni le CD&V ni la N-VA avec son appel au confédéralisme. Entendons-nous bien, il existe certainement des arguments en faveur d’une septième réforme de l’État. La sixième, dont Beke fut l’architecte, a résolu le problème de Bruxelles-Halle-Vilvoorde et a transféré un grand nombre de compétences et de moyens vers les entités fédérées. Mais notre pays reste un capharnaüm institutionnel.
Le confédéralisme que la N-VA y oppose est à sens unique. « Moins nous faisons ensemble, mieux c’est ». Rien d’étonnant pour un parti qui aspire à l’indépendance de la Flandre. Mais si on fait abstraction de cette chimère idéologique, on peut se demander si le confédéralisme est le bon remède contre les problèmes de notre temps. Prenez le climat. Ces dernières années, cette compétence a été fédéralisée à l’extrême. Aujourd’hui, nous avons quatre ministres de l’Environnement, mais pas la moindre trace d’une action cohérente.
Si on veut rafistoler la structure de notre État, l’ambition de départ ne doit pas être de viser un objectif final précis. La seule bonne question à se poser est de savoir comment mettre en place la forme de gouvernement la plus efficace possible, au moindre coût. Des compétences doivent-elles pour ce faire être transférées aux entités fédérées ? Cette option doit être négociable. Mais à l’inverse, une refédéralisation ne peut pas davantage être taboue. C’est ça, servir l’intérêt général.