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L’exportation de bières belges en baisse: « Nous ne sommes pas assez fiers de nos bières »
19·07·23

L’exportation de bières belges en baisse: « Nous ne sommes pas assez fiers de nos bières »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

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Laurence Hamels
Traductrice Laurence Hamels

L’exportation de bières belges est en baisse, au profit du brassage sur place. Cela a notamment des répercussions sur l’emploi en Belgique. Mais qu’en est-il de l’aspect gustatif ? « La fraîcheur importe plus que la marque. »

Selon une étude menée par la Fédération des Brasseurs belges, l’an dernier, nous avons exporté 16,4 millions d’hectolitres de bière, soit 5,5 pour cent de moins qu’en 2021, une tendance amorcée depuis quelques années. En 2022, l’exportation dans des pays hors Union européenne a même chuté de plus de 30 pour cent. Sur le plan économique, cela a des répercussions majeures, notamment sur l’emploi en Belgique, a annoncé le quotidien flamand De Tijd la semaine dernière.

« Il convient de préciser qu’une grande brasserie comme AB InBev en est la cause principale », explique la spécialiste en bière Sofie Vanrafelghem. « 95 pour cent des bières produites par les 430 brasseries belges sont brassées dans notre pays. »

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Pour autant, Sofie Vanrafelghem ne s’indigne pas du brassage de la bière belge à l’étranger. « À condition d’être honnête et transparent, car il peut toujours y avoir une légère différence de goût, en raison des installations utilisées, mais aussi des ingrédients. »

Priorité à la fraîcheur

« Somme toute, cette différence n’est pas énorme. Elle est surtout minime dans les grandes brasseries ; ils ont des scientifiques spécialisés qui mesurent méticuleusement tous les paramètres et qui sont capables de modifier notamment le taux d’acidité de l’eau, de manière à ce qu’il soit pratiquement identique au nôtre », explique le zythologue, ou sommelier de la bière, Maarten van Leeuwaerden.

« En fait, dans le cas des bières pils, à mes yeux, le brassage sur place offre même un avantage de taille ; il permet d’éviter le réchauffement lors du transport et de réduire la durée de ce dernier, deux facteurs hautement responsables de l’altération du produit. Les pils doivent être consommées les plus fraîches possible. »

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« Si je devais choisir entre une Jupiler, une Stella et une Carapils fraîchement brassée, j’opterais pour la Cara. Lors d’une dégustation à l’aveugle, la différence est à peine perceptible. Dans ce cas, la fraîcheur importe beaucoup plus que la marque. »

Kurt Gunst, également zythologue, partage son avis. « D’une part, je regrette que de moins en moins de bières soient brassées en Belgique, mais pour les pils, cela n’a pas beaucoup d’importance, en effet. Elles sont faites pour être bues rapidement. Une bonne pils doit être servie fraîche et avoir trois mois maximum. D’autre part, la bière est associée à une certaine expérience et atmosphère. Par exemple, en Irlande, on dit souvent : “Guinness doesn’t travel”. Si je fais le test, je ne peux que leur donner raison : en Belgique, la Guinness n’a jamais tout à fait le même goût. »

« En Belgique, la Guinness n’a jamais tout à fait le même goût. »

Il en va autrement des bières spéciales. Maarten Van Leeuwaerden cite l’exemple de la Hoegaarden, qui était également brassée à Jupille en 2015. « C’était un fiasco. Là-bas, ils n’ont pas trouvé le truc. AB InBev a dû faire marche arrière et a fini par agrandir la brasserie de Hoegaarden deux ans plus tard. Cela montre que le brassage n’est pas une science exacte et que rien ne garantit le succès absolu. Pour certaines bières, c’est même impossible. Prenez, par exemple, la gueuze lambic, qui ne peut être produite que dans le Pajottenland et la vallée de la Senne selon le processus de la fermentation spontanée, assuré par une certaine bactérie locale. Cette bière a souvent été copiée, mais jamais égalée. »

« Il ne faut surtout pas brasser la vieille gueuze à l’étranger, car le savoir-faire nécessaire a tendance à faire défaut, et la différence sera vite décelée. En plus, il est préférable que nous en gardions le monopole », ajoute Sofie Vanrafelghem.

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Pays de la bière des connaisseurs en vins

Il est incontestable que nous pouvons être fiers de nos bières belges. « Mais en fait, nous le sommes bien trop peu », constate Sofie Vanrafelghem. « Nous devons améliorer la cartographie et la protection de nos types de bières. En Allemagne, par exemple, ils sont beaucoup plus forts que nous en la matière. En tant que membre du jury du World Beer Cup, je reçois toujours un manuel de tous les nouveaux types de bières. Et je remarque alors que les experts de la bière américains et allemands s’intéressent bien plus que nous à la définition des caractéristiques belges. En Allemagne, les formations sont beaucoup plus poussées, et presque tous les types de bières sont décrits. »

Aussi Sofie Vanrafelghem qualifie-t-elle la Belgique de pays de la bière des connaisseurs en vins. « Certes, nous buvons de la bière, mais le vin reste LA référence. Pourtant, la bière est une vraie boisson conviviale. Elle mérite plus de considération et de respect. J’ai du mal à expliquer aux Américains pourquoi l’offre en bières est si limitée dans les trois quarts de nos établissements horeca ou à justifier le maigre choix en bières dans la plupart des restaurants alors que la carte des vins est bien fournie. Un peu plus de chauvinisme et un peu moins de modestie ne feraient pas de tort, car cela donne lieu à des abus dans d’autres pays et nuit à notre réputation. »


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