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Derrière l’incendie de MolenGeek, le désengagement de l’État
13·10·22

Derrière l’incendie de MolenGeek, le désengagement de l’État

Cette opinion a été signée par Bruno Meeus (KU Leuven), Thomas Swerts (Comité de quartier La Minoterie, Université Érasme de Rotterdam), Mary Hogan (MolenGeek), Shila Anaraki (KU Leuven), Karel Arnaut (KU Leuven).

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

LAURIE DIEFFEMBACQ (Belga)

Auteur
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

« Le bâtiment de MolenGeek endommagé suite à un incendie volontaire dans la rue » : c’est ainsi que le journal local Bruzz a récemment titré un bref article contenant une vidéo de l’incendie et le témoignage d’Ibrahim Ouassari, le directeur de l’association. Ce samedi soir-là, ce ne sont pas une poubelle ou des pneus qui ont été enflammés, mais les matelas d’une dizaine de jeunes demandeurs d’asile — leur lit, pour le dire clairement.

Mesurons bien la situation : l’hiver approche et, pour la deuxième fois, des gens dormiront dans la rue parce que les autorités ne leur offrent pas l’accueil auquel ils ont pourtant droit en vertu du droit national et international. L’incendie de MolenGeek révèle le cuisant échec des pouvoirs publics dans bien des domaines.

Il y a un an, dans le cadre d’une initiative locale, un petit banc a été installé sur la place de la Minoterie, en face de MolenGeek. Les jeunes du quartier qui passent leur temps dans la rue se sont vite approprié l’endroit : graffitis, déchets non ramassés et invectives lancées aux passants. Une situation que certains riverains ont jugée suffisamment insupportable pour lancer une pétition contre le banc. « Personne ne nous parle, vous êtes les premiers à nous écouter », s’entend-on pourtant dire lorsque l’on prend la peine d’échanger avec eux. Ils ont à peine 18 ans, sont sans emploi et n’ont pas d’autre lieu de rencontre que « leur » banc. Chez eux, l’ennui et les espiègleries forment un cocktail hautement inflammable.

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MolenGeek est une association solidement ancrée dans les quartiers de Bruxelles. Sa mission : repêcher de nombreux jeunes qui passent entre les mailles du filet de l’enseignement belge, subissent des discriminations sur le marché du travail et expriment une grande défiance à l’égard des autorités. Sa recette : enseigner la programmation et le marketing pour préparer ces jeunes à intégrer le monde de l’entrepreneuriat numérique ou de l’entreprise ; bâtir une communauté réunie autour d’un message positif : « rien ne peut nous arrêter ». Une communauté qui est parvenue à remettre les locaux de MolenGeek en état d’accueillir des cours en deux jours.

« Faites en sorte que quiconque souhaite entamer une procédure d’asile en Belgique puisse le faire. »

Ce soutien et cet accompagnement sont essentiels. Mais aussi admirable que soit la persévérance de la communauté MolenGeek et des demandeurs d’asile concernés, les pressions et les traumatismes s’accumulent. Le bâtiment auquel ils s’identifient a pris feu. Leur lit a été incendié. Une dizaine de personnes doivent aller s’abriter ailleurs. Des centaines d’élèves ne peuvent plus suivre les cours…

Il reste beaucoup de travail à faire, mais nous souhaitons d’ores et déjà formuler trois propositions concrètes, l’une adressée à Mme Nicole De Moor, secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, les deux autres à Mme Catherine Moureaux, bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean. Madame De Moor, faites en sorte que quiconque souhaite entamer une procédure d’asile en Belgique puisse le faire. Mettez en place une politique efficace qui portera ses fruits dans la durée. Madame Moureaux, avec les autres bourgmestres de Bruxelles, faites en sorte de trouver un toit décent pour les personnes dont le lit a été brûlé. Comme aux réfugiés ukrainiens, fournissez-leur un logement approprié et planchez sur une stratégie à long terme. Enfin, renforcez la présence structurelle et la visibilité des éducateurs de rue, qui peuvent tendre la main aux jeunes et contribuer à les associer à la vie du quartier plutôt que de les en exclure.

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