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Un gouvernement fédéral en mauvaise santé ne peut pas protéger les citoyens
13·10·22

Un gouvernement fédéral en mauvaise santé ne peut pas protéger les citoyens

Bart Haeck est journaliste politique au quotidien De Tijd.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Towfiqu barbhuiya on Unsplash

Bart Haeck
Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Une autorité publique qui veut jouer un rôle protecteur doit elle-même jouir d’une santé suffisante. C’est précisément sur ce point, au regard du degré d’ambition manifesté dans la déclaration de politique fédérale de mardi, que le bât blesse.

« Soyons francs : les années de guerre sont des années difficiles », a déclaré mardi le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) dans sa déclaration de politique générale, quelques heures à peine après avoir conclu avec ses principaux ministres un accord sur ses projets politiques pour 2023 et pour l’année électorale 2024.

Citant l’ancien président américain Ronald Reagan, il a rappelé que la mission première d’un État consiste à protéger les gens, et non à prendre le contrôle de leurs vies. « C’est le défi que relève ce gouvernement », a-t-il poursuivi, « aider et protéger nos citoyens, nos indépendants et nos entreprises ». C’est là une ambition bien légitime, tout comme le message selon lequel, en période d’incertitude, la force est fille de flexibilité et de résilience.

Remettre les réformes structurelles au lendemain : l’éternelle maladie belge

Mais voilà : si l’on veut être capable de protéger quelqu’un, il faut être soi-même en bonne santé. Et sain, le gouvernement fédéral ne l’est pas, et cela fait des décennies que cela dure. Encore aujourd’hui, on est déçu de constater à quel point proposer des projets ambitieux d’amélioration de cet état de santé reste un exercice difficile. Au moment où le Premier ministre s’exprimait, le Fonds monétaire international publiait des prévisions économiques montrant que la Belgique — en ce compris ses entités fédérées — est en bonne voie d’atteindre le déficit budgétaire le plus élevé de la zone euro en 2025. Dans le même temps, mardi, le taux appliqué à la dette souveraine belge franchissait la barre des 3 %, son niveau le plus élevé en dix ans.

L’image qui subsiste au terme de cette déclaration de politique générale est celle d’une autorité publique qui, tentant de pousser son rôle protecteur à l’extrême, se heurte à des limites. Elle accorde aux entreprises des aides totalisant un milliard d’euros pour couvrir la hausse des coûts salariaux — sauf que ceux-ci augmentent de 32 milliards d’euros. L’aide énergétique promise aux ménages sera partiellement financée par les surprofits du secteur de l’énergie, flux financiers dont on peut douter s’ils se réaliseront un jour.

« Ce qui manque, en l’occurrence, ce sont des réformes qui ne devraient même pas coûter d’argent. Des réformes indispensables pour remettre davantage de citoyens au travail. »

Que subsiste-t-il de tout cela ? Une déclaration de politique générale qui ne se trompe pas d’objectif, certes, qui s’efforce, dans les limites du politiquement réalisable, d’aller au bout des choses, mais qui reste bien en deçà de ce dont le pays a réellement besoin pour se rétablir. Ce qui manque, en l’occurrence, ce sont des réformes qui ne devraient même pas coûter d’argent. Des réformes indispensables pour remettre davantage de citoyens au travail. Des réformes indispensables pour que l’État puisse continuer de payer les pensions. Des réformes structurelles essentielles, pour que le budget, source de vulnérabilité pour la Belgique en période de hausse des taux d’intérêt, redevienne sain à long terme.

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« Quand le ciel se dégage et que la tempête se calme, il faut remettre de l’ordre dans la maison », a déclaré le Premier ministre. D’où cette épineuse question : de combien de temps disposons-nous pour y parvenir ?  Peut-être la tempête va-t-elle souffler si fort et si longtemps que la maison commencera à se fissurer avant même que le ciel ne se soit dégagé.

L’histoire belge nous enseigne que les décisions les plus difficiles et les plus nécessaires ne se prennent que sous d’immenses pressions extérieures. Le plus ironique, dans la déclaration de politique générale, c’est que le Premier ministre y parle de résilience, évoquant celle des citoyens, alors que le véritable sujet de préoccupation, c’est la résilience de l’État belge lui-même. Et que la pression externe qui inciterait à ouvrir ce difficile chantier reste apparemment insuffisante.

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