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Remettre les réformes structurelles au lendemain : l’éternelle maladie belge
12·10·22

Remettre les réformes structurelles au lendemain : l’éternelle maladie belge

Isolde Van den Eynde est journaliste politique au quotidien Het Laatste Nieuws.

Sa chronique a été publiée avant l’annonce d’un accord budgétaire ce mardi à la Chambre.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Image par Nicole de Pixabay

Lorsque le Premier ministre, Alexander De Croo (Open Vld), pénétrera dans l’hémicycle du parlement mardi pour y prononcer son discours de politique générale, il ne s’exprimera pas uniquement sur l’année à venir, mais sur les deux prochains exercices. « Comme 2024 est une année électorale, je l’intègre déjà dans le budget. C’est une question de bonne gouvernance », avait-il déclaré précédemment à Het Laatste Nieuws. On nous l’annonce comme si cela allait de soi : tout doit se faire d’une seule traite, car il ne sera bientôt plus possible, sur le plan politique, d’entreprendre quoi que ce soit. Mais depuis quand cette situation est-elle devenue normale ? Pourquoi acceptons-nous sans broncher qu’un gouvernement ne puisse pas travailler jusqu’au terme de son mandat ?

Le Premier ministre est un pragmatique, cela va sans dire.

La situation est déjà extrêmement difficile. Le fait de toucher au bonus logement pour une résidence secondaire fait monter le MR sur ses grands chevaux. « Le budget des Belges est plus important que celui de l’État » : la phrase est de l’un des nouveaux présidents de Groen, Jeremie Vaneeckhout. Comme si les fonds publics avaient une existence propre et n’étaient pas abondés par les contributions des citoyens. Quant au PS, la moutarde lui monte au nez à chaque annonce d’une économie dans le budget de la sécurité sociale, mais ce n’est pas pour autant qu’il est disposé à engager une réforme en profondeur pour assurer la pérennité du système.

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En principe, le mandat d’un gouvernement s’étend sur cinq ans. Une durée suffisante — a priori — pour laisser le pays dans un meilleur état qu’on ne l’a trouvé. Mais en définitive, seules deux ou trois de ces cinq années peuvent être mises à profit. Sans compter que le gouvernement De Croo a déjà perdu un an et demi en raison d’une formation péniblement longue. Une situation que le pays connaît d’ailleurs de plus en plus souvent. Et personne n’ose entreprendre de réformes au cours d’une année électorale, car cela équivaudrait à un suicide politique. Dans le cas du gouvernement De Croo, il reste donc les années 2021, 2022 et 2023 — certains souhaitent même réduire la voilure dès 2023. Face à l’urne, les électeurs doivent pouvoir se souvenir que le gouvernement a osé prendre des décisions difficiles.

« Pourquoi acceptons-nous sans broncher qu’un gouvernement ne travaille pas jusqu’au terme de son mandat ? »

Comme si notre pays pouvait se permettre ce luxe.

Le déficit budgétaire est abyssal. Le vieillissement de la population coûte de plus en plus cher. Le marché du travail est paralysé. Des professions entières disparaissent, de même que certains services. La Belgique n’est pas tout à fait dans le haut du panier en termes de compétitivité. Nous pouvons faire bien mieux. Certes, de graves crises ont mobilisé et continuent de mobiliser beaucoup de moyens. Mais pendant ces deux à trois années exploitables, ce gouvernement autoproclamé réformateur n’a fait qu’avancer à tout petits pas.

Le deal pour l’emploi ne permettra pas d’atteindre l’objectif d’un taux d’occupation de 80 % — un seuil que la coalition Vivaldi s’était elle-même fixé. La réforme des retraites ne facilite pas le financement des pensions. Résultat : on sort à nouveau le rabot pour glaner quelques millions çà et là. Ce gouvernement recourt aux ficelles les plus éprouvées. La Belgique est frappée d’un mal qui consiste à toujours remettre les réformes structurelles au lendemain. Comme si chaque année de perdue n’était pas une année de trop.

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