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La N-VA se veut rassembleuse pour cacher ses fractures internes
11·10·22

La N-VA se veut rassembleuse pour cacher ses fractures internes

Bart Eeckhout est le rédacteur en chef du quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

NICOLAS MAETERLINCK (Belga Image)

Bart Eeckhout
Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

La situation a de quoi surprendre. Il y a quelques semaines encore, la N-VA et le cd&v étaient à couteaux tirés, après un conflit interne au gouvernement flamand sur la non-indexation des allocations familiales. Cette dispute n’était évidemment pas isolée, tant la frustration du cd&v, de plus en plus palpable ces derniers mois, devait éclater un jour ou l’autre.

Peut-être vous souvenez-vous qu’un ou une membre anonyme de la N-VA, à l’approche de la controversée déclaration de septembre, avait subtilement fait remarquer que le cd&v devait faire son choix entre « les enfants ou les fermiers ». En tout cas, Sammy Mahdi, président des chrétiens-démocrates, ne l’a pas oublié. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’il décline poliment la proposition de l’échevine anversoise Els van Doesburg, qui souhaitait la création d’un grand parti populaire issu de la fusion de la N-VA et du cd&v. La mémoire peut être courte, mais il y a des limites à tout.

Pourtant, d’un point de vue strictement rationnel, on ne peut pas donner tort à madame van Doesburg. En Flandre, un parti conservateur de centre droit devrait pouvoir s’assurer d’une domination quasi naturelle dans le paysage politique, à l’instar du CVP pendant des décennies, et de la N-VA dans une bien moindre mesure.

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Aujourd’hui, deux formations luttent pour cette position : un grand (la N-VA) et un plus petit (le cd&v). Ceci procure un désavantage aux deux partis : il manque à la N-VA la petite différence qui ferait d’elle le leader incontesté qu’elle aimerait tant devenir, tandis que le cd&v a bien du mal à sortir du joug de la N-VA. La concurrence féroce que se livrent les partis, avec parfois des paroles très dures entre eux, résulte de ce rapport complexe. Les élections, c’est un jeu à somme nulle : ce que l’un perd, l’autre le gagne. Et par conséquent, la menace vient surtout de l’adversaire le plus proche.

Ce qu’Els van Doesburg dit aujourd’hui sur les plateaux de télévision, Bart De Wever l’a déjà soupiré à maintes reprises.

Il en rêve depuis si longtemps, à sa « CSU flamande », sur le modèle bavarois. Le président de la N-VA évoque généralement deux obstacles à la grande réorganisation du paysage des partis politiques : leur financement, qui les pousse au statu quo, et le « fait belge ». Est-ce à la lumière de ce raisonnement qu’il faut comprendre les propositions – intéressantes par ailleurs – de la N-VA en vue d’assainir le financement des partis ?

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Ce serait faire fi d’un troisième obstacle, plus émotionnel que rationnel. Coopérer, cela demande du respect et de la confiance. On ne peut pas humilier et rudoyer sans cesse ses interlocuteurs tout en se demandant pourquoi ils refusent toute collaboration. Le succès du cartel cd&v/N-VA de l’époque n’était rendu possible que grâce au respect mutuel que se vouaient les dirigeants du parti. Et cela, Bart De Wever ne peut pas l’ignorer, car il faisait partie de ces dirigeants.

« La N-VA a beau rêver de former un grand parti populaire, c’est surtout au début de sa scission que nous assistons aujourd’hui. »

Mais ce n’est pas tout. La N-VA sera bel et bien forcée, en définitive, d’opérer un choix. Dans le gouvernement flamand, nous connaissions déjà la N-VA Zuhal Demir, qui s’échine par tous les moyens à contrarier le cd&v. Mais désormais, à la N-VA, il y a aussi Els van Doesburg, très tentée par la fondation d’un grand parti populaire conservateur avec le même cd&v. Alors, quoi ?

Nous posons vraiment la question, car en matière de contenu, il s’agit d’une véritable fracture au sein du parti nationaliste flamand. La N-VA a beau rêver d’un grand parti populaire, c’est surtout au début de sa scission que nous assistons aujourd’hui.

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