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Viol à la KU Leuven : les professeurs intouchables ?
25·10·22

Viol à la KU Leuven : les professeurs intouchables ?

Karel Verhoeven est le rédacteur en chef du quotidien De Standaard.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by Nadine Shaabana on Unsplash

Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Le silence de la KU Leuven après la condamnation de l’un de ses professeurs pour des faits de viol est révoltant. Pendant des mois, peut-être même des années, l’université n’est pas intervenue. La ministre flamande de l’Environnement, de l’Énergie, du Tourisme et de la Justice, Zuhal Demir (N-VA), annonce la suspension des subsides tant que l’établissement n’aura pas fait la lumière sur sa gestion de l’affaire. Mais ce dossier révèle à quel point il est compliqué, pour les institutions, de trouver un équilibre entre la grande vulnérabilité des victimes et la nécessité d’agir fermement contre les comportements abusifs.

Au sein de la KU Leuven, des responsables savaient dès 2016 qu’une étudiante avait fait savoir que son professeur de pédagogie l’avait violée. Mais la victime, qui n’avait pas voulu porter plainte, comme l’a confirmé son avocate, a déclaré, dimanche soir, être reconnaissante qu’à l’époque, chacun ait fait preuve de prudence quant à la suite qu’il convenait de donner aux événements.

Deux ans plus tard, lorsque les parents de l’étudiante ont sollicité le recteur, Luc Sels, et qu’une procédure judiciaire a finalement été engagée, il s’est à nouveau écoulé six mois sans qu’il ne se passe rien. Une inaction qui répondait, selon l’université, aux injonctions du juge d’instruction. La victime fait savoir au Standaard qu’elle a toujours été soutenue par l’université.

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Mais l’affaire ne s’arrête malheureusement pas là pour la KU Leuven. En effet, certains professeurs étaient au courant, depuis des années, des accusations portées contre leur collègue. Ce dernier est pourtant resté intouchable, et ses étudiants à sa merci. On peine à imager qu’il ait pu régner une ambiance sereine au sein de la faculté de psychologie et de pédagogie, qui foisonne justement de spécialistes en mécanismes de perversion, de domination, d’intimidation, de répulsion et de refoulement.

Ces experts pourront trouver, dans le jugement du tribunal de Tongres qui, la semaine dernière, a condamné le professeur à 54 mois de prison, le récit glaçant des procédés manipulatoires sournoisement utilisés par leur collègue pour arriver à ses fins : le viol brutal de son étudiante. Ils y apprendront aussi que cette agression l’a totalement anéantie. Les comportements abusifs se déclinent certes sous toutes sortes de formes, mais ce crime odieux est à condamner sans nuance.

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Le recteur de l’université, Luc Sels, va être amené à revivre les débats passionnés qu’avait suscités la révélation des détails entourant les sévices infligés à Sanda Dia dans le cadre d’un baptême estudiantin, qui avaient provoqué la mort de l’étudiant. Luc Sels avait attendu que l’affaire soit portée devant la justice pour suspendre les auteurs des faits. Un attentisme qui avait suscité de vives critiques : les professeurs avaient estimé que l’université aurait dû envoyer un message fort, prononcer des sanctions disciplinaires, s’attaquer à la culture des baptêmes et des humiliations. Le recteur était ensuite revenu à son formalisme juridique. Dans une lettre ouverte, il avait reconnu que ces nombreuses réactions lui avaient ouvert les yeux sur des aspects « dont il n’avait pas encore assez conscience ».

C’est peut-être justement là que se trouve la marge de manœuvre qu’aurait pu se donner l’université dans ce dossier. L’impunité est source de corruption, le silence est un poison. Pour assainir la situation, on pourrait commencer par sanctionner cette culture propice aux abus de pouvoir.

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