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La voiture, la vache sacrée de nombreux Bruxellois
24·10·22

La voiture, la vache sacrée de nombreux Bruxellois

Luckas Vander Taelen est chroniqueur et historien. Il a également été actif en politique sous la bannière de Groen.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Alexander Van Steenberge on Unsplash

Il y a quelques semaines, un libéral francophone s’est vanté sur Facebook d’avoir « poussé un cycliste arrogant » pour le dépasser. L’incident s’est produit dans une rue cyclable, où les deux-roues ont la priorité et où il est interdit de les doubler.

Certains automobilistes bruxellois ne veulent pas partager leur territoire avec les autres usagers de la route. Un piéton de Schaerbeek en a fait les frais en affichant son mécontentement à l’égard d’un conducteur en excès de vitesse. Résultat de la course : il a reçu un doigt d’honneur, et la voiture a percuté un peu plus tard la façade d’une maison.

Une semaine plus tôt, une mère et son enfant ont évité de justesse d’être écrasés. Dans le même quartier, il y a quelques années, une jeune journaliste a été renversée. Après ce drame, le conducteur était descendu de sa voiture et avait allumé une cigarette avant d’affirmer qu’il ne fallait pas en faire tout un plat. La victime n’a pas survécu à l’accident.

Se passer de sa voiture ? Oui, c’est possible, mais…

Les autorités communales bruxelloises n’osent pas prendre de mesures drastiques contre la piraterie routière. En effet, au volant de ces bolides se trouvent leurs électeurs. Par ailleurs, de nombreux militants pour le renforcement de la sécurité routière, comme la ministre de la Mobilité, sont néerlandophones, de sorte que le débat est imprégné d’une saveur communautaire.

« Le ramdam de plusieurs dizaines de manifestants lors d’une séance du conseil communal a suffi pour que le bourgmestre rétropédale. »

Au niveau régional, le plan Good Move a été élaboré pour un grand nombre de quartiers en concertation avec les communes. À Cureghem, dans la commune d’Anderlecht, une insurrection populaire a mené à des actes de dégradation à l’encontre de la nouvelle signalisation.

J’ai déjà écrit que les politiques anderlechtois ne devaient pas céder à ce genre de sabotage. Mais le ramdam de plusieurs dizaines de manifestants lors d’une séance du conseil communal a suffi pour que le bourgmestre rétropédale.

Ainsi, la vie à Cureghem a repris son cours : un trafic non réglementé dans des rues bloquées par des automobilistes parqués à contresens en toute impunité. De plus, l’épisode anderlechtois fait tache d’huile dans d’autres communes bruxelloises. Le bourgmestre suppléant d’Evere, qui remplace soit dit en passant le Ministre-Président, a déclaré d’emblée qu’il ne mettrait pas en œuvre le plan Good Move. À Jette, la nouvelle signalisation a été sabotée.

Le vélo-cargo remplace de plus en plus souvent la deuxième voiture

Ce sont surtout les écologistes qui apprennent à leurs dépens qui décide vraiment à Bruxelles quand les choses se gâtent : à Anderlecht, le bourgmestre PS a éconduit sans vergogne son échevine Groen. Mais curieusement, la gauche progressiste comprend aussi la révolte des automobilistes. Elle invoque des arguments sociaux, les habitants ne pouvant manifestement pas vivre sans voiture. C’était déjà l’avis de Catherine Moureaux, la bourgmestre de Molenbeek, lorsqu’elle s’est opposée à l’adaptation de certaines rues pour les cyclistes.

« Il est encore plus difficile de faire sortir la voiture de la tête d’un Bruxellois que de le faire sortir de sa voiture. »

Pour de nombreux Bruxellois, la voiture reste une vache sacrée. Ce n’est sans doute pas surprenant dans une ville dont les boulevards ont été transformés en autoroutes urbaines pour l’exposition universelle de 1958. Il est encore plus difficile de faire sortir la voiture de la tête d’un Bruxellois que de le faire sortir de sa voiture.

La classe politique n’ose pas affirmer que certaines personnes ne veulent tout simplement pas emprunter les transports en commun et n’envisagent absolument pas le vélo. On retrouve ces irréductibles résistants aussi bien dans les communes aisées que dans les quartiers plus pauvres qui bordent le canal. Les usagers du bus ou du tram savent qu’ils arrivent généralement plus vite à destination qu’en voiture. Le deux-roues est de plus en plus sûr grâce aux nouvelles pistes cyclables. Sans parler des pentes qui se montent sans difficulté avec l’assistance électrique.

Mais les politiques bruxellois préfèrent s’incliner devant ceux qui parlent fort. Par intérêt électoral, ils préfèrent une ville à leur image : celle du statu quo stagnant et familier.

Grâce au nouveau plan de circulation, Bruxelles entre dans le 21e siècle !

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