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L’intelligence artificielle, la solution pour booster les compétences en lecture des élèves?
24·04·23

L’intelligence artificielle, la solution pour booster les compétences en lecture des élèves?

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Photo de Joseph Agboola sur Unsplash

Auteur
Laurence Hamels
Traductrice Laurence Hamels

Mercredi matin, peu avant 10 heures. Un doux bourdonnement s’échappe d’une classe de l’école primaire communale anversoise De Wereldreiziger. Un casque sur les oreilles, les élèves de quatrième année sont assis derrière leur banc. Concentrés, ils fixent l’écran de leur ordinateur portable et murmurent dans leur micro le texte qui s’affiche.

L’application utilisée, Reading Progress, a été développée par le géant de la technologie Microsoft et est disponible sur la plate-forme Teams. Elle enregistre l’image et le son au moment de la lecture, et une technologie intelligente analyse en temps réel les compétences des enfants : leur vitesse de lecture, les fautes, hésitations et erreurs d’accents toniques.

Ensuite, le programme présente aux élèves une liste de mots sur lesquels ils ont buté, de manière à ce qu’ils puissent réaliser des exercices supplémentaires ad hoc. Les apprenants peuvent visionner de nouveau leur propre prestation et réécouter les passages erronés.

« Cela fait un an et demi que nous utilisons cette technologie, et les résultats sont probants », s’enthousiasme le directeur de l’établissement, Jef Groffen. « Notre école compte environ septante nationalités différentes, ce qui veut dire que de nombreux élèves sont allophones. Ce sont souvent des primo-arrivants ou des enfants issus d’un milieu défavorisé. Avant, il était toujours difficile d’enregistrer des progrès en lecture à voix haute, mais les choses sont différentes maintenant. En vingt ans d’expérience dans l’enseignement, je n’ai jamais vu ça. »

« En trois semaines, certains élèves ont rattrapé dix-huit mois de retard de lecture. C’est du jamais vu ! »

Jef Groffen brandit un tableau. « Regardez, il y a un an et demi, sur la petite cinquantaine d’élèves qui sont maintenant en quatrième année, seuls huit atteignaient ou dépassaient le niveau de lecture correspondant à leur âge. Aujourd’hui, vingt et un y arrivent, soit presque la moitié du groupe. En trois semaines, certains élèves ont rattrapé dix-huit mois de retard de lecture. C’est du jamais vu ! »

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L’enthousiasme est tel que Joacim Damgard, le nouveau président de Microsoft en Europe occidentale, a voulu voir cela de ses propres yeux. Mercredi dernier, il s’est rendu à De Wereldreiziger, une des écoles flamandes qui recourent déjà à la tech­nologie Microsoft. La ministre des Télécommunications, Petra De Sutter (Groen), l’a accompagné lors de cette visite.

« Bien entendu, je m’intéresse beaucoup aux aspects purement commerciaux », précise Joacim Damgard. « Je ne voulais pas rater l’occasion de constater les atouts de notre technologie sur le plan social. Nous nous interrogeons beaucoup sur la manière optimale d’exploiter l’intelligence artificielle (IA). Eh bien, ceci est peut-être le meilleur usage qu’on puisse en faire. »

Selon le président de Microsoft, l’idée n’est pas de saper le travail des enseignants. « L’instituteur reste la figure centrale dans la classe. Il faut voir notre outil pédagogique comme un co­pilote qui assiste l’enseignant. » Jef Groffen partage cet avis. « La technologie est capable d’accomplir certaines tâches de manière plus efficace qu’un enseignant. Alors, pourquoi gaspiller du temps précieux ? »

« La technologie est capable d’accomplir certaines tâches de manière plus efficace qu’un enseignant. Alors, pourquoi gaspiller du temps précieux ? »

Le directeur cite un autre exemple. « En deuxième et troisième années, les élèves doivent apprendre les tables de multiplication. C’est à peu près la base des mathématiques. Avant, nous y consacrions trente-deux leçons de cinquante minutes. Mais quel constat s’imposait ? Une fois arrivés en quatrième année, presque tous les élèves les avaient oubliées. Les 1600 minutes de cours n’avaient pratiquement servi à rien. »

Désormais, l’école De Wereldreiziger intègre les tables de multiplication dans Microsoft Forms, ce qui permet aux élèves de s’exercer de manière autonome et à leur propre niveau, ajoute le chef d’établissement. « Nous procédons souvent de cette manière, sous forme de sessions plus brèves. Après une explication de quatre minutes, les élèves ont compris le mode de fonctionnement et peuvent se mettre au travail. Niveau par niveau, à leur propre rythme. Maintenant, au bout de deux mois, la plupart d’entre eux connaissent réellement leurs tables. Et ceux qui stagnent trop longtemps bénéficient d’une aide individuelle. »

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Pour la compréhension à la lecture aussi, la technologie représente une aide précieuse. Comme de nombreux élèves ne parlent pas encore suffisamment le néerlandais, cette activité est difficile à organiser. Souvent, ces élèves rataient une partie des cours à cause de cela. Pour remédier à ce problème, l’école utilise Immersive Reader de Microsoft. Cette application comporte des outils qui rendent les textes plus accessibles pour le lecteur. « Ce programme est capable de traduire des textes dans la langue maternelle des enfants », s’exclame Kris Vande Moortel, conseiller pédagogique chez Microsoft. « Et il comporte également des options permettant de rendre le texte plus lisible pour des enfants qui ont des problèmes de dyslexie et d’attention ou une déficience visuelle. »

Cette technologie est même capable de traduire la langue orale en temps réel. Les nouveaux arrivés peuvent donc « sous-titrer » simultanément dans leur propre langue des leçons d’un enseignant pour pouvoir apprendre plus vite. « Cela a également transformé ma communication avec les parents », corrobore Olivier Dijkmans, instituteur. « Je peux enfin avoir de vraies conversations avec des parents allophones, alors que chacun d’entre nous s’exprime dans sa propre langue. »

La technologie ne permet pas seulement d’atteindre des objectifs pédagogiques stricts. Elle sert aussi à cartographier la situation socioémotionnelle des élèves. C’est pourquoi Microsoft a mis au point l’application Reflect. Sur la base des réponses à quelques questions ciblées, elle mesure le bien-être des élèves. Si l’un d’eux rencontre une difficulté, l’appli en informe l’enseignant. « Pour pouvoir apprendre efficacement, on doit se sentir bien dans sa peau », conclut le conseiller pédagogique Microsoft. « Reflect permet de tenir cela à l’œil. »

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