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Zuhal Demir, la Margaret Thatcher du pauvre
20·12·22

Zuhal Demir, la Margaret Thatcher du pauvre

Karel Verhoeven est le rédacteur en chef du quotidien De Standaard.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

JONAS ROOSENS (BELGA)

Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Jamais l’Union européenne n’avait vécu de négociations plus importantes sur le climat que celles de ce week-end. La Belgique y a brillé par son silence. En effet, notre pays n’avait pas d’avis. Parce que les discussions portaient sur des détails trop techniques ? Non, c’est plutôt dû au fait que la ministre flamande de l’Environnement, Zuhal Demir (N-VA), estimait que ces négociations n’avaient aucun sens. Elle ne pouvait pas tolérer que la Flandre perçoive une moins grande part du fonds climat que ce qu’elle y a versé.

Pourtant, la Région flamande recevra des moyens supplémentaires pour prendre les mesures qui s’imposent en matière climatique, ou du moins pour éviter de manquer ses objectifs de manière trop flagrante. Pourtant, c’est le pollueur qui paie. Pourtant, des ressources seront allouées pour les indispensables corrections sociales. Pourtant, le fonds est d’une importance capitale pour les entreprises. Mais même après une bonne trentaine de réunions, la Belgique n’est pas parvenue à adopter un point de vue commun. Voilà ce qui a permis à Zuhal Demir, ce dimanche, de déclarer le plus innocemment du monde qu’elle déplorait « la course effrénée de l’Europe pour taxer systématiquement les personnes isolées et les familles. »

Peut-être espère-t-elle, à l’instar de Margaret Thatcher à l’époque, pouvoir dire « I want my money back ». Mais en réalité, Zuhal Demir ne fait qu’organiser son impuissance afin de pouvoir l’exploiter par la suite. À première vue, on dirait de l’opportunisme, mais c’est surtout du masochisme. Une dynamique qui caractérise bien la politique actuelle de la Flandre et de la Belgique. Un brouillard suffocant qui plane sur la Rue de la Loi.

Zuhal Demir (N-VA), une version moderne de Don Quichotte

Par leurs querelles quotidiennes, les partis se battent avant tout pour se donner une bonne image. Mais à l’horizon, point d’ambition, et encore moins de réforme systémique. La crainte de perdre des électeurs est trop forte, comme en témoigne l’inaction de l’exécutif fédéral, au bord de l’implosion et bien content de laisser à l’Europe les clés de la maison. La réforme des pensions ? Nous ne la négocierons que sous une véritable contrainte financière de l’Europe. Le budget ? Pas avant que la Commission européenne n’impose un assainissement. Et le politique de s’étonner de la méfiance des citoyens.

« Tout ceci permet à Demir de marquer un point facile : la Belgique ne fonctionne pas. Le fonds climat peut très bien être approuvé sans la Belgique. »

Tout ceci permet à Demir de marquer un point facile : la Belgique ne fonctionne pas. Le fonds climat peut très bien être approuvé sans la Belgique. De toute façon, les citoyens ne sont pas nombreux à s’intéresser à des négociations européennes menées dans un jargon technique imbuvable et dans un univers parallèle où doivent dialoguer la Commission, le Parlement et la République tchèque, qui assure la présidence tournante du Conseil.

Dès lors, quoi de plus facile pour la ministre, que de prétendre que les mesures sont « imposées par l’Europe » ? Une défense digne de Calimero. Mais le citoyen ne s’y trompe pas : il sait qu’aucun gouvernement, qu’il soit flamand ou fédéral, n’a la vision, la force ou le courage nécessaires. Ce lundi, l’Europe sera amenée à décider d’un plafond pour les prix du gaz. Une décision que le gouvernement belge tentera de vendre à ses citoyens, et qui illustre bien l’absurdité de l’attitude de nos élus.

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