Le président de la N-VA, Bart De Wever, estime que voter pour le Vlaams Belang est « totalement inutile ». Il a tort : parfois, la réussite d’un « parti aiguillon » est nécessaire pour obtenir de véritables réformes.
Ce week-end, la N-VA, l’Open VLD et Groen ont tenu leur congrès, marquant ainsi le coup d’envoi de l’année électorale 2024. Lors de la grand-messe des libéraux flamands, le Premier ministre, Alexander De Croo, a déclaré en avoir assez des « politiciens qui cherchent à marquer des points en dressant un tableau accablant du pays ». Or, ce sont les responsables politiques eux-mêmes qui sont la cause de leur propre perte.
Un sondage annuel réalisé par la VRT et nos confrères du Standaard indique ainsi que, par rapport aux résultats obtenus aux élections de 2019, la N-VA chute de 24,8 à 21,0 %, l’Open VLD de 13,1 à 9,3 % et Groen de 10,1 à 7,9 %. Parallèlement, le Vlaams Belang connaît une progression fulgurante, passant de 18,5 à 24,6 %.
Cette enquête révèle que les électeurs du Vlaams Belang éprouvent surtout de l’aversion pour les autres partis. Ce qui peut se comprendre : le niveau d’imposition des salaires est quasiment le plus élevé de toute l’Union européenne, les retraites sont nettement inférieures à celles de la plupart des autres pays d’Europe de l’Ouest, et le nombre de travailleurs est bien trop faible pour financer une baisse de la fiscalité ou une hausse des pensions. Le gouvernement De Croo n’est toujours pas parvenu à changer la donne. Pour sa part, le président de la N-VA, Bart De Wever, pointe du doigt cette incompétence du fédéral — alors même que lorsque son parti était aux affaires, il ne s’est pas montré plus capable de proposer un commencement de solution à ces problèmes.
« La probabilité que le Vlaams Belang résolve les défis économiques du pays est infime : les responsables du Vlaams Belang ne sont pas plus malins que ceux des autres formations, ni plus proches des électeurs. Ils peuvent simplement se payer le luxe de ne pas avoir à trouver de compromis. »
Les citoyens sont mécontents et le font savoir en se tournant de plus en plus vers le Vlaams Belang. La probabilité que ce parti résolve les défis économiques du pays est infime : les responsables du Vlaams Belang ne sont pas plus malins que ceux des autres formations, ni plus proches des électeurs. Ils peuvent simplement se payer le luxe de ne pas avoir à trouver de compromis.
Assurément, le Vlaams Belang ne vaut donc pas mieux que les autres partis. Mais le nombre élevé de suffrages en sa faveur n’est peut-être pas forcément une mauvaise nouvelle. En effet, s’il poursuit son ascension et finit par recueillir, avec la N-VA, près de la moitié des voix exprimées en Flandre, les partis wallons tels que le PS pourraient se voir contraints de gouverner aux côtés d’un grand parti flamand, ce qui n’est actuellement pas le cas à l’échelon fédéral. Pour l’heure, c’est le PS qui semble commander au sein du gouvernement. Mais ce ne sera peut-être plus le cas après l’échéance de 2024.
Une coalition N-VA/Vlaams Belang fait-elle trembler Bart De Wever?
