Le président de Vooruit, Conner Rousseau, ne parvient pas à se défaire de la succession d’incidents qui écornent son image. Cette fois, il lui sera difficile de crier à la chasse aux sorcières. Car le parti est confronté à un problème qui se cristallise de plus en plus autour des méthodes de gestion de son président.

Avec Conner Rousseau, Vooruit en a déjà vu de toutes les couleurs. Ces turbulences s’expliquent en partie par l’importante exposition médiatique et l’ascension fulgurante qu’il a connues, mais aussi par la manière dont Conner Rousseau dirige le parti et sa façon quasi tsariste d’en verrouiller la communication, pas toujours en phase avec la démarche que l’on est en droit d’attendre d’un parti progressiste. L’interdiction de publication imposée aux médias au sujet de l’incident de Saint-Nicolas aura durablement entaché sa réputation — peu importe que le juge lui ait donné raison. On ne peut pas à la fois prôner la transparence et brandir la muselière, sauf à donner l’impression qu’on a des cadavres dans le placard.

Un nouvel incident, révélé dans nos colonnes, porte sur l’étouffement d’une affaire de harcèlement et d’agression sexuels — un dossier #metoo qui a fini par traîner en longueur. L’auteur des faits, un cadre du parti, a été congédié, de même que, à sa suite, la victime — ce qui est interdit par la loi, sauf pour des motifs impérieux autres que la dénonciation des actes répréhensibles.

Nuit d’ivresse de Conner Rousseau : il s’excuse mais évite le terme « raciste »

Vooruit a réagi en affirmant que ce licenciement résultait d’une série d’évaluations négatives et qu’il était sans rapport avec les faits. Le parti aurait, semble-t-il, agi dans l’intérêt de la victime. Ce qui, en toute franchise, est difficile à croire. La victime envisageait en effet de saisir la justice afin de contester son licenciement, mais Vooruit lui a versé d’importantes sommes d’argent pour l’en dissuader. Si la direction du parti était à ce point droite dans ses bottes concernant le renvoi de cette personne, pourquoi puiser dans ses caisses — largement constituées de fonds publics — pour acheter son silence ? À cette question, pourtant essentielle, Vooruit n’apporte aucune réponse.

« Même un faiseur de rois tel que Conner Rousseau ne peut pas continuer à s’en tirer éternellement. Il serait temps que le parti commence à s’en rendre compte. »

Les incidents touchant à la toute-puissance du président de Vooruit se succèdent à un rythme trop rapide pour que l’on puisse encore croire qu’il règne un climat sain dans le parti. Sans compter qu’ils s’accompagnent toujours d’un « mais », d’histoires compliquées et d’explications tarabiscotées. Même un faiseur de rois tel que Conner Rousseau ne peut pas continuer à s’en tirer éternellement. Il serait temps que le parti commence à s’en rendre compte.

Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, les présidents de partis flamands se sont dévoilés dans une série d’interviews inédites pour DaarDaar. Retrouvez la bande-annonce de l’interview de Conner Rousseau :