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Le parti Blanco veut secouer la politique belge avec l’idée du « siège vide »
14·04·23

Le parti Blanco veut secouer la politique belge avec l’idée du « siège vide »

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(BELGA)

Le nouveau parti, qui prône la politique de la chaise vide, part à la conquête de la Belgique avec une seule une idée en tête. « Nous voulons que nos responsables politiques voient la réalité en face. »

Ne vous étonnez pas si vous voyez apparaître le parti Blanco sur votre bulletin de vote aux prochaines élections législatives de 2024. Les porte-parole du parti, Laurent Ryckaert (43 ans) et Raf Lens (45 ans), travaillent sans relâche au lancement officiel de la nouvelle formation. Le premier est commercial à Londerzeel, tandis que le second est fiscaliste à Malines. Les deux hommes n’ont aucun antécédent politique, pas même la moindre carte de parti. Voici deux ans, ils étaient encore de parfaits inconnus l’un pour l’autre. Ils se sont rencontrés sur Twitter, animés par un objectif commun : donner un visage à celles et ceux qui votent blanc.

Le parti n’a donc qu’un seul point à son programme : une réforme du système électoral afin que les votants puissent délibérément choisir un siège vide. « Si cette possibilité venait à se concrétiser, nous aurions atteint notre objectif. Si nous obtenons un siège, nous quitterons le parlement sur-le-champ, laissant ainsi notre siège vacant », promet Raf Lens. « Les députés n’auraient alors d’autre choix que de voir la réalité en face : tout un pan de l’électorat leur échappe complétement. »

Pas le même profil que les assaillants du Capitole

L’idée du parti Blanco a germé durant les élections de 2014. « À l’époque, le nombre de personnes ayant voté blanc était déjà interpellant. En 2019, le phénomène a encore pris de l’ampleur », constate Laurent Ryckaert. « Environ un million de Belges sont restés chez eux, et près d’un demi-million ont voté blanc. Un million et demi, cela représente 25 sièges au parlement. J’ai donc créé un compte Twitter pour prôner la politique de la chaise vide ». Le projet a suivi son cours, faisant de nombreux adeptes ces derniers mois. Si bien que le parti Blanco entend désormais participer aux élections.

Les deux Flamands n’en font aucun mystère : les personnes désabusées par la politique sont nombreuses à venir frapper à leurs portes. « Au début, je pensais que nous serions contactés par des hordes d’anarchistes, mais il s’est avéré que nos sympathisants n’avaient pas le profil des assaillants du Capitole qui arboraient des crêtes d’Iroquois », précise M. Lens. « C’est tout le contraire : nous avons affaire à des gens sensés et tout à fait normaux, qui ont chacun leurs raisons de se sentir frustrés ou abandonnés par la classe politique », ajoute-t-il.

« On entend souvent des gens qui disent voter PTB/PVDA ou Vlaams Belang en guise de protestation. Je ne veux plus accepter ce genre de discours. »

« J’ai moi-même déjà voté pour plusieurs partis, lesquels m’ont systématiquement déçu. Quand j’ai contacté Laurent pour la première fois après une fête de famille. Un proche parent engagé politiquement, qui votait jusqu’alors par conviction, m’a dit : « Moi, c’est fini ! Cette fois-ci, je vais voter pour l’un ou l’autre extrême ». Ce n’était du tout pas son genre, mais il ne savait plus sur quel pied danser. C’est ce qui m’a incité à franchir le pas. Voici le message que nous voulons faire passer : si personne ne vous convainc vraiment, lancez un signal en votant pour le parti Blanco. »

Ainsi le parti s’érige-t-il en alternative aux extrêmes. « On entend souvent des gens qui disent voter PTB/PVDA ou Vlaams Belang en guise de protestation. Je ne veux plus accepter ce genre de discours. À présent, nous offrons une troisième voie », lance M. Ryckaert.

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Appel aux femmes

En se focalisant sur une seule idée, le projet est fédérateur. « Tout le monde est le bienvenu chez nous, à condition bien sûr d’être d’accord avec nous sur ce point », insiste M. Lens. « Que vous soyez frustré à cause de l’azote, des pensions parlementaires, de la justice, de la corruption ou encore de la garde d’enfants, au fond, peu importe. Là n’est pas la question ».

Selon les deux instigateurs, le mouvement a toutes les chances de prospérer dans toute la Belgique. « Pour le moment, nous ne sommes pas encore un parti officiel, mais nous aspirons à le devenir. Je crois sincèrement que nous pouvons dépasser la barre des cent candidats », espère M. Ryckaert. « Il nous en faut au moins 77 pour être présents partout. Le seul problème demeure la parité homme-femme, qui est une obligation légale. À cet égard, j’espère que davantage de femmes se joindront à nous ».

Laurent Ryckaert et Raf Lens ont également fait savoir que les hypothétiques députés pourront conserver l’intégralité de leur salaire parlementaire, bien qu’ils n’aient pour ainsi dire rien à faire. Il s’agit selon eux d’une juste compensation pour des personnes qui mettraient alors leur travail ordinaire entre parenthèses afin de plaider en faveur d’un cadre légal.

Reste à savoir si les membres du parti Blanco pourront bel et bien résister à la tentation de se prononcer. « Des candidats qui postulent à une place sur notre liste nous posent souvent la question », explique M. Lens. « Que faire, par exemple, s’il est question de voter en faveur d’une augmentation de l’aide accordée aux enfants handicapés ? Notre réponse est simple et catégorique : même dans un tel cas de figure, nous nous abstiendrions. Par définition, un siège vide ne peut voter. Et ce ne serait pas correct vis-à-vis des électeurs qui nous ont demandé d’incarner le vote blanc. Si certains de nos membres sont pris par la fièvre politique, libre à eux de rejoindre un autre parti lors des prochaines élections ».

En Belgique, le seuil électoral est beaucoup moins favorable aux petits partis qu’aux Pays-Bas. « Mais cela ne nous décourage pas pour autant. Je pense que les responsables politiques ont toujours tendance à sous-estimer les frustrations », affirme Raf Lens. « Le seul hic, aujourd’hui, c’est que nous développons le projet sur notre temps libre, et sur fonds propres. »

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