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Élections 2024 : N-VA et Vooruit se font la cour et l’assument
06·09·22

Élections 2024 : N-VA et Vooruit se font la cour et l’assument

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Isopix / Belga Image

Nous le savions depuis longtemps : la N-VA et Vooruit se font la cour. Mais aujourd’hui, les deux partis l’assument. Petit à petit, ils plantent les graines d’une future collaboration.

Conner Rousseau, président de Vooruit, aimerait que son parti fasse son entrée au gouvernement flamand après les élections de 2024. Il souhaiterait, comme il l’avait clairement annoncé en 2020 dans son livre intitulé « T. », pouvoir peser sur des domaines tels que l’enseignement et le bien-être. Et pour ce faire, Rousseau pense depuis longtemps qu’il devra accompagner la N-VA au pouvoir. Au cours d’une assemblée de trois jours avec les cadres de son parti au centre de vacances De Barkentijn à Nieuport, où il anime depuis des années des camps de jeunesse, il a abouti à la même conclusion.

Les sondages des dernières années ont poussé les dirigeants socialistes à tirer la conclusion qui s’impose : sauf changement retentissant dans les intentions de vote, les nationalistes restent incontournables pour tout parti souhaitant diriger la Flandre de demain. Mathématiquement parlant, la N-VA est quasiment incontournable, vu la faiblesse actuelle des partis de gauche, et vu l’improbabilité de voir une tripartite traditionnelle (socialistes, libéraux et chrétiens-démocrates) obtenir une majorité au parlement flamand.

« Mathématiquement parlant, la N-VA semble quasiment inévitable pour Vooruit, qui n’a pas beaucoup d’alliés potentiels à gauche.« 

Reste donc une collaboration jaune-rouge entre N-VA et Vooruit. Pour citer Rousseau, ce week-end, dans De Morgen : « La formation d’un gouvernement, ce n’est pas qu’une affaire d’idéologie, mais aussi d’arithmétique. Il y a de fortes chances qu’on ne puisse pas se passer de la N-VA si nous voulons éviter que l’extrême droite monte à bord de l’exécutif flamand. Je refuse de me réveiller dans une Flandre dirigée par l’extrême droite et par des personnages aussi fâcheux. »

Puis, plus loin : « Ne soyons pas stupides : si je peux améliorer les choses avec la N-VA, je ne vais pas m’en empêcher. » La « chance » de Rousseau, c’est qu’au sein de la N-VA aussi, on envisage de plus en plus un partenariat avec Vooruit. Cela remonte aux négociations fédérales de 2020, et aux bons contacts qu’a conservés Bart De Wever avec Rousseau. À ses yeux, le président de Vooruit a toujours respecté les engagements pris en vue d’un gouvernement jaune-rouge. Contrairement à Egbert Lachaert et à Alexander De Croo.

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Complicité entre Zuhal Demir et Conner Rousseau

Le rapprochement n’est pas étranger à la complicité née entre Zuhal Demir, la figure féminine de la N-VA, et Conner Rousseau, abstraction faite de leur petite querelle au sujet du Codeco Énergie. Les ténors de la N-VA jugent que les coalitions de centre-droite n’ont pas d’avenir. Il faut reconnaître que la cohérence idéologique d’une coalition ne la renforce pas nécessairement. Les gouvernements Bourgeois I et Jambon I au niveau flamand, et Michel I au fédéral, semblent d’ailleurs l’avoir démontré.

Et finalement, force est de constater qu’une idylle avec le Vlaams Belang n’intéresse pas grand monde à la N-VA. Certes, si le VB sort des urnes en première position, il faudra probablement discuter avec son président, Tom Van Grieken, comme en été 2019, mais il y a vraiment très peu de chances de voir la N-VA former un exécutif avec le parti d’extrême droite, notamment à cause de certains membres particulièrement radicaux de ce parti qui accorde une place trop importante à des personnages comme Dries Van Langenhove.

De Wever ne s’alliera jamais avec le Vlaams Belang… Vraiment ?

Dans une interview accordée au quotidien Het Nieuwsblad, De Wever nie avoir conclu un pacte avec Rousseau. « Parce que j’ai un rendez-vous de temps en temps avec le président de Vooruit ? Non, nous n’avons en tout cas aucun préaccord ni intention fixe de collaborer. » Mais il ajoute, dans le même élan, qu’il ne veut plus entendre parler de l’Open VLD tant que De Croo y tirera les ficelles. « Avec lui, je ne me vois plus jamais collaborer de ma vie. »

Autre élément dont il faut tenir compte : pour la N-VA, Vooruit fera office de brise-glace pour atterrir à la table des négociations du fédéral en 2024. Les nationalistes flamands ont toujours en ligne de mire leur « rendez-vous avec l’histoire », à savoir la transformation de la Belgique en un État confédéral rythmé par les décisions des entités fédérées. Étant donné les positions électorales au sud de la frontière linguistique, la N-VA a compris depuis longtemps qu’elle doit conclure des accords avec le PS. À cet égard, un partenariat avec Vooruit pourrait nettement faciliter les choses.

« Pour la N-VA, Vooruit fera office de brise-glace pour atterrir à la table des négociations du fédéral en 2024. »

À la Rue de la Loi, il est toujours très risqué de se livrer au jeu des prédictions. Cependant, petit à petit, nous voyons se dérouler devant nous le script de ce qui nous attend dans les semaines et les mois qui suivront les élections de 2024. Compte tenu des rapports de force actuels, on dirait bien que la N-VA, après un petit show obligatoire avec le Vlaams Belang, se tournera probablement vers Vooruit en vue de signer un accord au niveau flamand. Un accord qui, à moins que les deux partis obtiennent une majorité ensemble, ce qui semble peu crédible, devra être proposé à un troisième parti.

Un arbitrage entre deux conflits

Les options sur la table ne seront pas nombreuses : cd&v, Open VLD ou Groen. Les verts constituent l’option la moins probable. Non seulement les verts ne sont pas enclins à gouverner avec la N-VA, mais il faut aussi comprendre qu’une coalition avec Vooruit et les verts pencherait trop à gauche pour la N-VA. Dès lors, quel conflit faudra-t-il surmonter pour la N-VA ? Celui entre De Wever et l’Open VLD, ou bien celui entre Demir et le cd&v ? En effet, il est de notoriété publique que Zuhal Demir en a plus qu’assez des démocrates-chrétiens.

Pour Vooruit, ce sera l’occasion de mettre la main sur des secteurs plus sociaux, tels que l’enseignement et/ou le bien-être. Dans ce cas-là, faudra-t-il s’attendre à un retour de l’ancien président du parti, John Crombez ? Quoi qu’il en soit, il faudra convaincre la base et les syndicats du bien-fondé d’une collaboration avec la N-VA. Une source nous a mis au parfum : « Nous sommes en train de planter des graines. »

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