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Face à la colère des agriculteurs, le silence radio des politiques
01·02·24

Face à la colère des agriculteurs, le silence radio des politiques

Bart Eeckhout est l’éditorialiste en chef du quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

BELGA / DIRK WAEM

On en viendrait presque à pardonner les syndicalistes et les défenseurs du climat, verts de rage à cause du traitement de faveur accordé par la classe politique aux agriculteurs protestataires. Et pour cause : dès que des militants syndicaux ou écologistes osent s’aventurer sur la voie publique, les politiques ne tardent pas à les taxer de « terroristes » et de « racailles », allant jusqu’à prôner des arrestations préventives. Et voilà que des agriculteurs en colère bloquent les rings de Bruxelles et d’Anvers, ainsi que les voies d’accès au port de Zeebrugge, en toute impunité. Silence radio de l’extrême droite à l’extrême gauche, dont les responsables plient l’échine avec compréhension.

Loin de moi l’idée de discréditer la révolte des agriculteurs. Ils ont de bonnes (et moins bonnes) raisons d’être en colère. Il s’agit plutôt ici de dénoncer le deux poids deux mesures qui prévaut à l’heure actuelle. Les syndicalistes ou les jeunes défenseurs du climat ont, eux aussi, bien souvent des raisons tout à fait légitimes de s’indigner.

« Les syndicalistes ou les jeunes défenseurs du climat ont, eux aussi, bien souvent des raisons tout à fait légitimes de s’indigner. »

L’indulgence des politiques à l’égard des agriculteurs pose d’ailleurs question, car ces derniers protestent justement contre les décisions des premiers. Il est donc pour le moins étonnant que la classe politique – opposition et majorité confondues – acquiesce bêtement, en reconnaissant que les agriculteurs ont raison.

Au Parlement flamand, personne n’ose encore défendre le décret azote, qui vient pourtant d’être adopté. Il semblerait que ce décret ne soit finalement pas voué à « durer éternellement » et qu’il risque déjà d’être remplacé « d’ici un ou deux ans ».

Le Parlement flamand adopte le décret azote, la bataille juridique peut commencer…

De son côté, la ministre en charge du dossier de l’azote, Zuhal Demir (N-VA), a disparu de la circulation. Celle qui a battu campagne sans relâche pendant quatre ans, multipliant les apparitions dans les médias, est désormais aux abonnés absents alors que le dossier embrase le pays. À croire que son parti, à force de jouer les conservateurs, a fini par comprendre qu’il s’est mis dans le pétrin en Flandre rurale. Dans sa seule interview récente, accordée au journal De Zondag, Zuhal Demir a déclaré qu’il n’était « pas question d’assouplir l’accord ». Des propos qui n’ont pas rassuré les hautes strates de la N-VA.

« Derrière les chiffres et les statistiques des entreprises à haut risque se cachent également des gens en chair et en os. »

L’azote demeure encore et toujours un dossier particulièrement épineux. Mais maintenant que le décret est en vigueur et que la colère refait surface, force est de constater que Zuhal Demir et la N-VA ont agi beaucoup trop à la hâte, sur fond de stratégie politique. En essayant de sauvegarder les intérêts portuaires d’Anvers – ce qui est légitime – et par la même occasion de nuire à leurs concurrents que sont le cd&v et leurs acolytes du Boerenbond, ils ont négligé un détail important : derrière les chiffres et les statistiques des entreprises à haut risque se cachent également des gens en chair et en os.

En matière de protection de l’environnement, la ministre Zuhal Demir a été bien inspirée de passer à la vitesse supérieure. Reste que l’objectif ultime et commun à toute la société – moins d’émissions d’azote, une nature plus saine et davantage de biodiversité – aurait pu être atteint par d’autres moyens. Sans renoncer pour autant à la finalité, et en tenant compte de la réalité actuelle de l’agriculture flamande. Si les agriculteurs en colère n’ont pas raison sur toute la ligne, il est difficile de leur donner tort sur ce point.

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