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Dries Van Langenhove démissionne de son mandat de député : une aubaine pour le Vlaams Belang ?
07·02·23

Dries Van Langenhove démissionne de son mandat de député : une aubaine pour le Vlaams Belang ?

Bart Eeckhout est le rédacteur en chef du quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

JONAS ROOSENS (BELGA)

Bart Eeckhout
Auteur
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Dries Van Langenhove a démissionné de son mandat de député à la Chambre des représentants. Un départ en apparence volontaire qui n’est pas sans soulever de questions. Alors qu’il siégeait, jusqu’à ce week-end, dans le groupe parlementaire du Vlaams Belang, en demeurant soi-disant indépendant du parti, il déclare désormais vouloir se consacrer entièrement au militantisme. C’est possible, mais on peut aussi en douter. En tout cas, il est étonnant que l’on renonce à la sécurité d’un mandat politique pour préférer l’incertitude d’une situation en dehors de cette sphère.

Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, assure que Van Langenhove a fait ce choix en toute liberté. C’est possible, mais on peut également en douter. Une chose est sûre, en revanche : Van Langenhove a forcé le Vlaams Belang à marcher sur une ligne de crête difficile à tenir. Car les mensonges complotistes qu’il colporte sur ses propres réseaux, par leur nature extrême et incendiaire, l’amènent sur un terrain périlleux, même selon les critères du Vlaams Belang : ils discréditent totalement le discours tenu par le parti, à savoir sa volonté de participer au pouvoir. Voilà donc un caillou en moins dans la chaussure du parti — mais il lui en reste plein d’autres.

Quoi qu’il en soit, le départ de Dries Van Langenhove, qu’il soit volontaire ou un tant soit peu contraint, est une véritable chance pour Tom Van Grieken. En effet, si dans le cadre du procès à venir de « Schild & Vrienden » (le mouvement fondé par Van Langenhove) les propos racistes et antisémites de ce dernier et de ses acolytes reviennent sur le devant de la scène, le Vlaams Belang pourra désormais jouer la carte de la distance.

Dries Van Langenhove a déjà son canal sur Odysee, le « YouTube de l’extrême droite »

Cette mise en retrait offre également au parti une opportunité politique. Car tant que des personnalités telles que Van Langenhove contribuaient à donner le ton au sein du Vlaams Belang, la question de la participation du parti à une majorité gouvernementale n’avait jamais dû être posée sérieusement. Pour la N-VA aussi, la présence de personnages controversés tels que Van Langenhove est une excuse toute trouvée pour éviter le débat de fond sur la question de l’existence d’une véritable Muraille de Chine séparant les deux partis sur le plan du contenu et de l’idéologie. Désormais, il y a fort à parier que cette discussion aura tout de même lieu en interne, surtout si les résultats du scrutin de 2024 rendent possible une coalition entre la N-VA et le Vlaams Belang.

« À la manière d’un rabatteur, il peut également faire en sorte que les brebis égarées ne sortent pas du giron du parti. »

Mais le Vlaams Belang n’a pas totalement « perdu » Van Langenhove. La crise du coronavirus a montré qu’en Flandre aussi, il existe une catégorie de personnes perméables à des thèses complotistes délirantes et extrémistes. Elles sont certes peu nombreuses, mais le jour de l’élection, chaque voix compte. Elles pourraient donc faire pencher la balance du côté de la victoire ou de la défaite. Or, en tant que militant, Van Langenhove peut faire vibrer cette corde complotiste encore plus passionnément. À la manière d’un rabatteur, il peut également faire en sorte que les brebis égarées ne sortent pas du giron du parti — à l’image des activistes des médias d’extrême droite qui, aux États-Unis, assurent la cohésion du mouvement de Donald Trump.

Reste à savoir s’il est bon pour la société que cet extrémiste quitte le Parlement. Intéressons-nous un instant à l’aspect financier du dossier. Le fait que Van Langenhove renonce à la garantie pécuniaire qu’offre un mandat de député semble étonnant, mais ce retrait lui ouvre également des perspectives. En effet, les obligations qui s’imposent aux responsables politiques en matière de financement des partis, de dépenses électorales ou de déclaration de patrimoine ne s’appliquent pas aux militants de la société civile. Il est difficile, dans notre système, de déstabiliser la politique et la société à coups de fonds provenant potentiellement de l’étranger. À moins, bien entendu, qu’un activiste soi-disant indépendant ne se mette à œuvrer en dehors du système…

De Wever ne s’alliera jamais avec le Vlaams Belang… Vraiment ?

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