DaarDaar

Le meilleur de la presse
flamande en français

Bart De Wever prend le parti d’Israël : les critiques fusent
13·10·23

Bart De Wever prend le parti d’Israël : les critiques fusent

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

BELGA (TOM GOYVAERTS)

Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

« Aujourd’hui, on ne saurait choisir qu’un seul camp : celui d’Israël ». Ces mots ont été prononcés par Bart De Wever à l’occasion d’une cérémonie d’hommage aux victimes de l’attaque du Hamas. Réaction chez Groen : « Prenez plutôt le parti de toutes les victimes civiles ».

« Chacun pensera ce qu’il veut des problèmes complexes que connaît le Moyen-Orient. Mais aujourd’hui, on ne saurait choisir qu’un seul camp : celui d’Israël, de la démocratie et de la lumière ». C’est ce qu’a déclaré mardi le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever (N-VA), lors d’une cérémonie organisée mardi au château (Het Steen) de la ville, en souvenir des victimes de l’attentat perpétré par le Hamas le week-end dernier. En présence d’une centaine de personnes, on y a donc hissé le drapeau israélien. Bart De Wever a appelé chacun à choisir le bon camp : « contre les forces de la tyrannie, contre les forces des ténèbres. Nous savons que ces forces ont le bras long : le bras long de Téhéran, du Hezbollah, du Hamas, qui s’étend jusqu’à atteindre la rue en Europe ».

Els Hertogen, du collectif 11.11.11, a qualifié ces paroles d’« hallucinantes » : « Aujourd’hui, on ne saurait choisir qu’un seul camp : celui du droit international, contre les violences infligées tant aux civils israéliens qu’aux civils palestiniens. C’est la seule façon de sortir de cette spirale de violences sans fin ».

Plusieurs membres du parti Groen se sont également opposés à l’idée d’un soutien unilatéral à Israël. Ainsi, la députée flamande Meyrem Almaci s’est exprimée sur X (ex-Twitter) affirmant qu’« aujourd’hui, on ne saurait choisir qu’un seul camp : celui des innocentes victimes civiles de cet horrible conflit. De quelque parti qu’elles soient. Et ce n’est pas difficile, vraiment pas. On peut sans aucune difficulté condamner à la fois le terrorisme et la volonté d’infliger une sanction collective. Et aussi observer une minute de silence pour les victimes de l’un et de l’autre. »

Caroline Gennez (Vooruit), ministre chargée de la Coopération au développement, semblait partager ce point de vue quand, dans l’émission télévisée De afspraak, elle s’est rangée « du côté des victimes innocentes, des deux côtés ». Joris Vandenbroucke, député Vooruit, a écrit sur le réseau social X : « En tant que bourgmestre d’une ville comme Anvers, empreinte d’une si grande diversité, peuplée de nombreux habitants soit juifs soit musulmans, vous pourriez également vous efforcer de réconcilier plutôt que d’importer des conflits et de “prendre parti”. Et non, cela n’a rien à voir avec une éventuelle sympathie pour les terroristes du Hamas. La paix commence ici. »

Pourtant, Tom Meeuws — membre du même parti Vooruit et échevin du Développement communautaire (Samenlevingsopbouw) — défend le discours du bourgmestre. « Il faut opérer une distinction entre l’acte terroriste de ce week-end et le conflit de longue date qui oppose la Palestine et Israël », estime-t-il. « L’occasion de ce discours était une cérémonie d’hommage aux victimes de cet acte terroriste. Bart De Wever a clairement rappelé que cet hommage n’avait rien à voir avec ce que chacun pourrait penser de la problématique complexe du Moyen-Orient. Cet acte terroriste, perpétré par le Hamas, méritait une condamnation sans équivoque. »

La ville d’Anvers n’aurait-elle pas pu choisir d’honorer les victimes des deux camps ? La ville d’Amsterdam, par exemple, a choisi de faire flotter le drapeau international de la paix, en guise de « témoignage de soutien à toutes les victimes innocentes tombées tant du côté israélien que du côté palestinien, ainsi qu’à tous les Amstellodamois qui prennent part à leur douleur ou qui vivent dans la peur et l’incertitude ». Tout cela est encore possible, estime Tom Meeuws. Au bourgmestre et à l’ensemble du collège communal incombe maintenant une tâche essentielle : trouver le moyen d’inciter tout un chacun à tisser des liens, dans une logique de désescalade. Pour établir ces liens, diverses actions devront certainement être entreprises dans les semaines à venir.

Conflit israélo-palestinien : un fossé toujours plus profond, même entre amis

Vigilance

Les réactions à la récente flambée de violence qui a embrasé Israël et la Palestine s’inscrivent donc dans un clivage gauche-droite. Au sein de la N-VA, les opinions relatives à ce conflit ont beaucoup évolué. En 2007, Patrick Janssens (SP.A, aujourd’hui Vooruit), qui était à l’époque bourgmestre d’Anvers, avait présenté ses excuses pour le comportement de la police anversoise lors des rafles de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, Bart De Wever avait qualifié ces excuses de « gratuites », pour ajouter ensuite que « bien entendu, le gouvernement israélien est parfaitement en droit de commémorer l’Holocauste, mais nous ne saurions fermer les yeux sur l’occupation des territoires palestiniens. Car ils utilisent là-bas des techniques qui, dans mon esprit, évoquent ce sombre passé ».

Mercredi soir s’est déroulé à Anvers un rassemblement organisé par Antwerp For Palestine, un mouvement affilié à l’association Palestina Solidariteit. Après avoir pris l’avis de la police locale, le bourgmestre d’Anvers avait autorisé la manifestation, annonçant en outre « une tolérance zéro pour toute expression haineuse ou discriminatoire ». Le cabinet du bourgmestre a d’ailleurs fait savoir que « la police locale avait été invitée à faire preuve de vigilance à l’égard de tout symbole, texte ou slogan susceptible d’être provocateur ou offensant à l’égard d’autres communautés ».

Comment la N-VA est devenue un parti pro-israélien

Partager :
© DaarDaar ASBL 2021 - Mentions légales - Vie Privée

Gratuit pour les employés de la Commission Paritaire 200 grâce à notre collaboration avec Cefora!

 Vous constatez un manque de cohésion entre collègues néerlandophones et francophones dans votre entreprise? 

Workshop, teambuilding... Inscrivez-vous aux nouvelles formations bilingues de DaarDaar! 

Si vous versez minimum 40€ en un an, vos dons seront déductibles fiscalement à hauteur de 45%.

Vous avez aimé cet article ? Alors soutenez-nous en devenant Amis de DaarDaar ! 

 

Nous voulons rester accessibles à tout le monde. Mais les traductions de qualité, ça a un coût.