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Message à Bart De Wever: agissez sinon on ne vous écoutera plus
26·10·22

Message à Bart De Wever: agissez sinon on ne vous écoutera plus

Christophe Degreef est un journaliste indépendant qui contribue régulièrement au pure player Doorbraak.

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

NICOLAS MAETERLINCK (Belga)

Christophe Degreef
Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

« Bart De Wever aurait dû utiliser son pouvoir en 2019. Il aurait dû devenir premier ministre ou ministre-président flamand. L’homme politique qu’il est dépasse tous les autres de la tête et des épaules. Et il le sait. En 2024, ce sera sa dernière chance. Au-delà, il aura atteint sa date de péremption. Et ceci vaut pour toute la N-VA. Quoi qu’il advienne, il faudra toujours négocier avec les francophones, car toute indépendance a son prix. Mais est-on prêt à le payer ? »

Il y a une semaine, dans une interview accordée au site Doorbraak, Jean-Marie Dedecker a tenu des propos particulièrement bien envoyés sur la fin de l’hégémonie de la civilisation occidentale. Et chaque jour qui passe, ses mots gagnent en importance. En effet, plus un responsable politique met du temps à s’élever dans l’imbroglio social de 2022, plus cet imbroglio s’aggrave. Jusqu’à ce que nous soyons contraints de progresser à tâtons, dans le noir. Au sens figuré comme au sens propre.

Liz Truss

En politique, la loyauté est de rigueur, avait coutume de souligner le journaliste flamingant Mark Grammens. La loyauté envers les principes et les programmes. Le talent aussi est de rigueur. Un homme politique de la trempe de Bart De Wever est suffisamment intelligent pour se rendre compte que les personnes de talent et de principe ont bien du mal en cette époque. Mais aussi qu’un excès de compromis ne peut mener qu’au chaos. Nous en avons eu un bel exemple outre-Manche cette semaine, et De Wever serait bien inspiré d’y méditer. La Première ministre britannique Liz Truss a démissionné après six semaines à peine. Pourtant, elle avait échafaudé un programme budgétaire ambitieux pour son pays.

Bart De Wever, un phénomène politique plus durable que Léonid Brejnev ?

Malheureusement, la banque nationale anglaise et les marchés financiers y ont réagi négativement, entraînant une rétractation de la part de Truss. Et finalement, Truss s’est rétractée elle-même, à la faveur de ce que l’ancien politicien Nigel Farage appelait à juste titre « un coup d’État mondialiste » fomenté par l’establishment mondialiste qui semble avoir conservé le pouvoir au sein du parti conservateur britannique. Au grand dam de ceux qui imaginaient que Truss pouvait tracer, en Première ministre souveraine, une ligne politique qu’aurait dû suivre la banque nationale.

Rentrer dans des cases

Qu’est-ce que tout cela a à voir avec le talent ? Ou avec la loyauté ? C’est peut-être le député britannique conservateur Charles Walker qui en parle le mieux. À propos de son parti, il s’est emporté, notamment face aux caméras de la BBC : « J’en ai assez de ces personnalités sans talent qui ne font que rentrer dans les bonnes cases. Non pas dans l’intérêt du pays, mais dans leur propre intérêt de devenir ministre. Ce n’est pas moi qui le dis, mais des centaines de mes collègues parlementaires. Nous ne savons plus comment expliquer cela aux électeurs. »

Le MR sur les traces de la N-VA en Wallonie

Walker n’est pas le seul à remarquer, le regard triste, que trop souvent et trop facilement, en fin de compte, tout revient toujours au même, peu importe qui est au pouvoir – progressistes ou conservateurs. Et ce, alors que la population demande de faire des choix clairs.

Coalition arc-en-ciel

C’est le même problème pour la N-VA : après le pari raté en 2018, et en 2020, lorsque De Wever a continué de croire en une coalition menée de concert par son parti et par les socialistes. Avec la Vivaldi, la Flandre n’a pas obtenu la coalition pour laquelle elle avait voté. Qui plus est, la Vivaldi est en bonne voie pour devenir un gouvernement encore beaucoup plus néfaste que la coalition arc-en-ciel de 2003. L’enjeu est très élevé : la sortie du nucléaire, décidée en 2003, doit être mise en œuvre au détriment de l’intérêt national. La Wallonie est en faillite, tout comme la Communauté française, Bruxelles et… la Belgique. Un observateur cynique en viendrait à déduire que dans de telles conditions, une majorité de droite doit tenter de gouverner après 2024.

Au sein de la Vivaldi, personne ne semble comprendre ce qu’il se passe, ni pourquoi. Comment un mouvement qui s’autoproclame écologique parvient-il à prendre en otage la société et le politique ? Si nous passons cet hiver sans problèmes de réserves d’énergie, ce ne sera probablement pas le cas dans les prochaines années. Et encore, cet hiver-ci, on peut prétexter la situation en Russie. Mais l’hiver suivant, on comprendra que l’analyse n’était que très superficielle, et que l’excuse de la guerre dissimule deux décennies de ventes de ressources stratégiques de l’État, d’endettement, de politique monétaire inflationniste, de rage taxatoire et d’hystérie climatique.

Charleroi : l’aéroport wallon qui casse les prix

Résultat : le froid et la faim qui s’inviteront dans les foyers, la fin de la paix sociale, des tensions, voire des violences sporadiques. La semaine passée déjà, à l’aéroport de Charleroi, des agents ont dû sortir les matraques pour tenir à distance une foule de plus en plus en colère. La semaine passée déjà, nous avons entendu à des conférences – où était présent par hasard un collaborateur de cabinet politique – des gens dire un peu trop fort qu’il était temps de ressortir la guillotine. Cela ne s’est pas passé dans un local syndical carolo, mais bel et bien dans une Flandre plutôt distinguée…

Vers une nouvelle constitution ?

Mais dans tout ce chaos, l’espoir subsiste. À condition que le politicien qui gagne désormais les élections demeure loyal à quelques principes. Et qu’il les transforme en une politique réaliste. Un : laisser le citoyen travailler, vivre et entreprendre à des taux d’imposition acceptables, à savoir de maximum 50 %. Deux : accorder une aide financière à toute personne qui en a besoin, mais s’en tenir à une définition stricte du mot « besoin ». Trois : réserver l’immigration à ceux qui souhaitent exercer un métier en pénurie, et ce, à titre provisoire. Ceux qui veulent rester plus longtemps ne peuvent pas prétendre à une aide financière et doivent passer des examens sérieux de langue et de citoyenneté. Quatre : négocier avec les alliés européens un nouveau système monétaire qui ne se base plus sur l’accumulation de dettes. Cinq : séparer clairement ce que l’État doit faire de ce qu’il n’a pas à faire, et couler tout cela dans une nouvelle constitution. Une constitution flamande, dont peut éventuellement profiter une confédération belge.

La Constitution belge « préservée » sous la poussière d’un vestiaire… « ça en dit long! »

Il est réjouissant de voir Bart De Wever sillonner la Flandre pour prévenir des dangers du wokisme et du postmodernisme. Du moins, si cela signifie aussi que dorénavant, le gouvernement flamand cesse de subventionner des initiatives utilisant le mot « inclusion ». Sinon, avant peu, De Wever fera face à des foules qui ne l’écouteront plus. Des foules qui auront accepté que l’establishment mondialiste contrôle tout jusque dans les moindres détails.

Le talent ne sert pas qu’à faire des discours. Il sert avant tout à agir.

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