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Charleroi : l’aéroport wallon qui casse les prix
20·10·22

Charleroi : l’aéroport wallon qui casse les prix

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

VIRGINIE LEFOUR (Belga)

Bart Haeck
Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Le secteur aéroportuaire se heurte à ses propres limites, et cela suscite un mécontentement bien compréhensible. Mais la manière dont la situation a été gérée à Charleroi relève du cas d’école : « comment se tirer une balle dans le pied ».

« Les passagers en partance sont invités à ne pas se rendre à l’aéroport ». Ce message, aucune autorité aéroportuaire ne le diffuse de gaité de cœur. C’est pourtant, en substance, celui qu’affichait encore mardi soir le site internet de l’aéroport Charleroi-Brussels South. Après le chaos qu’a causé lundi et mardi le refus du personnel de sécurité d’ouvrir l’accès au hall des départs, celui-ci a été purement et simplement fermé mercredi.

L’enjeu de cette vive protestation syndicale ? La question des réductions de coûts. Actuellement, à Charleroi, la charge des contrôles de sécurité incombe à un opérateur unique : Security Master. À l’avenir, ils seront deux. La logique sous-jacente semble claire : faire jouer la concurrence pour maintenir des prix compétitifs.

Ryanair carbure aux subventions et à l’exploitation de son personnel

Bien sûr, ce conflit éclate après des années difficiles dans le secteur aérien. La crise du coronavirus, tout d’abord, qui a cloué les appareils au sol dans le monde entier. Ensuite, les problèmes de capacité qui sont survenus quand les voyages ont repris avec une rapidité totalement imprévue, menant même à la démission du PDG de Schiphol, aux Pays-Bas.

Ajoutons à cela que l’aéroport de Charleroi a été conçu comme un casseur de prix. Notez l’ironie : c’est justement le gouvernement wallon, toujours actionnaire aujourd’hui, qui a imaginé cette stratégie low cost.

« L’aéroport de Charleroi a été conçu comme un casseur de prix. Notez l’ironie : c’est justement le gouvernement wallon, toujours actionnaire aujourd’hui, qui a imaginé cette stratégie low cost. »

Il suffit de jeter un coup d’oeil aux tarifs affichés par l’aéroport pour en comprendre les tenants et aboutissants. L’aéroport de Charleroi facture aux compagnies aériennes 2,63 euros par passager. À partir de 200 000 passagers par an (lisez : pour Ryanair) ce tarif tombe à 1,31 euro par passager. On soupçonne Ryanair d’avoir même négocié sur ce point une réduction supplémentaire : aux questions sur ce sujet, la réponse est systématiquement « secret commercial ».

À titre de comparaison, Zaventem facture aux compagnies aériennes environ 22 euros par passager (soit au moins 17 fois plus) en échange du droit d’utiliser l’aéroport. C’est dire à quel point Charleroi vit dans une logique où chaque centime d’euro compte.

Une grève générale? Pas maintenant, chers syndicats, pas maintenant ! 

Le grand gagnant, bien entendu, c’est le consommateur, qui peut ainsi voler à prix réduit. Comme toujours dans un marché libre, la charge la plus élevée repose sur les épaules de l’opérateur qui est au service du consommateur. Dans un tel contexte, la frustration des syndicats de la société de sécurité est compréhensible.

Mais les actions de cette semaine ne résolvent rien. Au contraire : le secteur aérien sort tout juste des années difficiles, et Ryanair développe plus que jamais ses activités à Charleroi. Même aux tarifs très bas négociés, cela devrait aboutir à des économies d’échelle et à des opportunités. Sur le fond, les actions de cette semaine ne changeront rien à l’ADN low-cost de l’aéroport.

Si l’on peut comprendre en partie cette frustration, on comprend mal la manière dont la grève de cette semaine s’est déroulée : sans préavis, dans le plus grand chaos, sans aucune marge de manœuvre permettant de détourner les vols, et même, très probablement, sans aucune possibilité de dédommagement. C’est bien un cas d’école : comment compliquer encore une situation déjà complexe en se tirant une balle dans le pied.

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