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Asile : quand les partis au pouvoir reprennent la propagande de l’extrême droite
02·11·22

Asile : quand les partis au pouvoir reprennent la propagande de l’extrême droite

Bruno Struys est journaliste pour le quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Adli Wahid on Unsplash

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Le syndrome NIMBY, not in my backyard, qui désigne la propension à accepter un projet pourvu qu’il se réalise loin de chez soi, peut se manifester de bien des manières. C’est ainsi qu’à l’approche d’Halloween, il a sévi en Flandre occidentale, dans les jardins de Jabbeke, sans déguisement autre qu’une écharpe maïorale.

Le gouvernement fédéral, de son côté, a réagi sarcastiquement en faisant comprendre que le bourgmestre Frank Casteleyn (CD&V), qui refuse de voir arriver des demandeurs d’asile dans sa commune, doit fournir sa part d’effort dans cette crise.

Cependant, le spectre du NIMBY hante aussi la majorité fédérale. En effet, la secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Nicole de Moor (CD&V) souligne depuis des semaines que la Belgique doit accueillir beaucoup plus de demandeurs d’asile que d’autres États membres de l’UE. En quoi cela diffère-t-il du discours du bourgmestre de Jabbeke ?

Crise de l’accueil: que fait la « plus grande experte en migration de la rue de la Loi »?

Quant au président de l’Open VLD, Egbert Lachaert, il a repris l’argument de la répartition inéquitable dans l’émission De Afspraak op vrijdag, en y ajoutant la fameuse formule « Vol is vol » : « Complet, c’est complet ».

Une formule qui n’est ni plus ni moins qu’un ancien slogan du Vlaams Blok. Vous savez, ce parti qui s’est fait condamner pour racisme en 2004. Tout au long du week-end, les libéraux se sont échinés, sur les réseaux sociaux, à tenter d’étayer cette phrase au moyen de statistiques.

« C’est sous la Vivaldi que les retards de dossier ont pris des proportions aussi monstrueuses. »

Par contre, ils se sont bien gardés d’évoquer les retards dans les dossiers, qui mènent les demandeurs d’asile à séjourner parfois plus de trois ans dans des centres d’accueil. Et c’est sous la Vivaldi que ces retards ont pris des proportions aussi monstrueuses.

Certes, avec un peu de bonne volonté, on pourrait comprendre que Lachaert a voulu dire que ce sont les centres pour demandeurs d’asile qui sont complets, et non le pays, mais il faut reconnaître que nous nous trouvons sur un terrain glissant. Ce n’est pas pour rien que lors de la manifestation de vendredi passé à Jabbeke, on a pu lire « Vol is vol » sur une banderole du Vlaams Belang. Comment un parti centriste compte-t-il s’y prendre pour convaincre des électeurs en faisant la propagande du Vlaams Belang ?

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Heureusement, la crise de l’accueil sera bientôt un lointain souvenir, d’après Lachaert toujours, car le Commissariat général aux réfugiés décidera d’ici peu que l’on vit en sécurité sous le régime taliban, ce qui permettra à 9 000 Afghans de quitter leur centre d’accueil dans les prochains mois.

« Nous vivons à une époque où c’est le Vlaams Belang qui doit faire remarquer à un gouvernement composé entre autres de verts et de socialistes que des femmes et des enfants doivent dormir dans la rue. »

Mais comme le disait mon collègue Bart Eeckhout dans la même émission : à moins que la Belgique ne signe un accord de rapatriement avec les talibans, les demandeurs d’asile afghans ne verront d’autre issue que de séjourner en Belgique dans l’illégalité.

Le fédéral juge donc l’illégalité acceptable. Rien de surprenant, en somme, pour un exécutif qui a déjà été condamné à maintes reprises pour violation des droits des demandeurs d’asile. Nous vivons à une époque où c’est le Vlaams Belang qui doit faire remarquer à un gouvernement composé entre autres de verts et de socialistes que des femmes et des enfants doivent dormir dans la rue.

Crise de l’asile: les politiques ne peuvent pas fuir leurs responsabilités

Samedi, un ami syrien résidant dans notre pays a reçu un appel d’une de ses connaissances à Afrin, où les djihadistes se battent pour s’emparer du pouvoir. Cet homme a fui en Grèce et demande si c’est une bonne idée d’aller en Belgique. Oui, un homme seul. Un homme dont la femme et les enfants restent au pays, parce qu’il n’existe aucune route sûre pour se rendre en Europe. Voilà qui illustre bien comment se crée l’illégalité : nos États sponsorisent le trafic d’êtres humains. Tout ça parce que « quand c’est complet, c’est complet ».

Contrairement à la migration de travail, le droit d’asile n’a jamais eu pour but de définir la démographie d’un pays. Mais bon, peut-être faut-il oser en parler de manière explicite, alors que Filip Dewinter sillonne la Flandre avec son mythe du grand remplacement. Quand la Belgique affichera-t-elle complet ?

Petit avertissement à l’intention des libéraux : à un moment, sans vous en rendre compte, vous vous demanderez s’il faut plus ou moins d’étrangers en Belgique. Et à ce moment-là, on ne sera plus très loin des propos qui ont valu une condamnation au leader de l’extrême droite néerlandaise Geert Wilders.

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