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Inondations dans le Westhoek : un avant-goût de ce qui attend le reste du pays ?
15·11·23

Inondations dans le Westhoek : un avant-goût de ce qui attend le reste du pays ?

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

BELGA (KURT DESPLENTER)

Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Les averses catastrophiques du week-end dernier en Flandre occidentale représentent-elles un avant-goût de ce qui attend le reste du pays ? Alors que des parties entières du Westhoek sont sous l’eau, des experts signalent que des centaines de régions de notre pays sont au moins aussi vulnérables.

En emménageant il y a cinq mois dans le village de Lo-Reninge, en Flandre occidentale, Geert De Bruijne savait que l’acquisition de bottes de pluie pouvait s’avérer utile. Le propriétaire l’avait prévenu : l’Yser, toute proche, pouvait parfois sortir de son lit, même si l’eau n’avait jamais atteint la maison jusqu’alors.

Imaginez donc la surprise de M. De Bruijne lorsqu’il est soudainement devenu insulaire au milieu de la semaine dernière. En raison de fortes pluies, sa maison s’est soudainement retrouvée entourée d’eau. Les pompiers ont apporté des sacs de sable pour empêcher l’eau de pénétrer dans l’habitation et M. De Bruijne avait suffisamment de nourriture chez lui pour supporter l’isolement pendant un certain temps, mais dans la nuit de vendredi à samedi, les pompiers ont finalement dû l’évacuer.

Des bénévoles limbourgeois à la rescousse de Liégeois inondés

« L’eau est arrivée par le sol, puis est montée rapidement pour atteindre une hauteur de quatre centimètres, tandis qu’à l’extérieur, elle était montée à environ nonante centimètres », témoigne-t-il. L’homme est actuellement hébergé par sa compagne à Ostende et ne s’attend pas à pouvoir rentrer de sitôt. « Depuis que je suis parti, l’eau est encore montée. Je ne peux pas faire sécher autant d’eau tout de suite. »

De Bruijne est loin d’être le seul en Flandre occidentale à avoir fait les frais des averses de ces derniers jours. Le gouverneur, Carl Decaluwé, a déclaré jeudi le plan d’urgence provincial pour les intempéries. Les fortes précipitations dans le nord de la France ont provoqué un afflux massif d’eau dans les rivières locales. L’Yser est sortie de son lit à divers endroits et les pompiers se sont employés à aider les citoyens à réparer les dégâts.

« La tempête s’explique en grande partie par la convergence côtière, précise le météorologue et expert climatique Samuel Helsen (KU Leuven). En automne, nous observons une grande différence entre la température de l’eau de mer, relativement chaude, et celle de l’air, plus froid, ce qui facilite l’apparition d’averses. » Les intempéries et les inondations ne constituent donc en aucun cas un phénomène nouveau au littoral.

Cependant, le changement climatique entraîne une augmentation de la fréquence de ces phénomènes météorologiques extrêmes. Les mesures de l’IRM démontrent l’intensité accrue des périodes de précipitations. C’est donc cette élévation du pic de précipitations qui explique que nous constatons l’écoulement simultané d’une quantité nettement supérieure d’eau.

Des problèmes plus fréquents

Contrairement à ce que pourrait laisser penser la situation malheureuse de la Flandre occidentale le week-end dernier, cette province n’est pas plus sensible au changement climatique que d’autres régions du pays. « Des centaines de zones inondables en Flandre connaissent au moins autant de problèmes en cas de précipitations abondantes. Ces régions sont tout aussi vulnérables », précise Patrick Willems, hydrologue à la KU Leuven.

En aval, le long de la Lys et de l’Escaut supérieur, il y a des risques, comme dans la vallée de la Dendre ou près de la Demer. La Flandre occidentale présente toutefois l’inconvénient de compter de nombreux polders : en cas d’inondation, ce sont de vastes plaines qui se retrouvent immédiatement sous l’eau. Ailleurs en Flandre, les problèmes se situent plutôt dans les vallées ou dans des zones bien délimitées autour d’une rivière.

Il y a donc fort à parier que les problèmes y seront plus fréquents dans les années à venir et que la situation dans le Westhoek donne un avant-goût de catastrophes plus graves. Faut-il dès lors que les habitants des zones les plus exposées aux inondations déménagent ? « Il n’est pas évident de rester sur place, estime M. Helsen, mais j’envisagerais d’abord d’autres mesures. »

«Nous sommes tous responsables des inondations»

En raison du nombre de zones bâties, qui entraînent un drainage important, l’eau de pluie s’écoule encore trop rapidement dans les cours d’eau et les égouts. Lorsque l’été est sec, cette situation fait baisser le niveau des nappes phréatiques, et en automne, elle fait sortir les rivières de leur lit. Il faut permettre à l’eau de pluie de mieux s’infiltrer dans le sol, mais cela ne suffira pas à empêcher les inondations.

« Il faut améliorer la rétention de l’eau dans les régions en amont. Si nous construisons des cloisons dans les canaux, la pluie peut s’infiltrer dans le sol et créer une zone tampon », indique M. Willems. À proximité des rivières, il est important de restaurer autant que possible les marécages. Il s’agit de zones tampons naturelles autrefois souvent inondées, mais que l’on a taries petit à petit au cours des dernières décennies afin de les transformer en zones agricoles, industrielles ou résidentielles.

« Il faut améliorer la rétention de l’eau dans les régions en amont. »

La situation en Flandre occidentale démontre aussi toute la nécessité de la coopération transfrontalière pour prévenir les inondations. En effet, une grande partie de l’eau affluait depuis le nord de la France, une région plus haute qui, idéalement, devrait aussi prendre les mesures qui s’imposent.

« Mais pourquoi la France investirait-elle pour arrêter l’eau si c’est la Flandre qui en profite ? » s’interroge M. Willems. C’est la raison pour laquelle il préconise de former des coalitions de régions, au sein desquelles les acteurs situés autour d’une même rivière ou d’un même bassin réfléchissent ensemble à la manière de régler ces problèmes. Ces mesures demandent du temps et de l’argent, certes, mais ces derniers jours, l’idée a pu séduire de nombreux habitants de la Flandre occidentale.

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