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Les sous-titres à la TV: la solution pour apprendre des langues étrangères aux enfants?
03·01·23

Les sous-titres à la TV: la solution pour apprendre des langues étrangères aux enfants?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Image par Vidmir Raic de Pixabay

Les enfants apprennent-ils plus vite une langue en regardant des films étrangers (adaptés à leur âge) en version originale sous-titrée, plutôt qu’en version doublée ? « Opter pour le doublage, c’est passer à côté d’une belle opportunité d’apprentissage. »

Vos enfants regardent-ils le Bon Gros Géant à la télévision au lieu de la version originale « The BFG » (Big Friendly Giant) ? Les mettez-vous devant les Minions en néerlandais ? Les plateformes de streaming comme Netflix offrent la possibilité de choisir une version doublée pour de nombreux films étrangers destinés aux enfants. Mais est-ce bien raisonnable ?

En 2011, une étude européenne baptisée Early Language Learning in Europe a montré que les enfants des pays où les films ne sont généralement pas doublés, comme les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et la Suède, maîtrisent nettement mieux l’anglais que les jeunes ayant grandi, par exemple, en Espagne ou en Italie, où les films étrangers sont pour ainsi dire toujours doublés. Selon les chercheurs, le fait d’être fréquemment exposé à une langue étrangère aide d’ailleurs à en apprendre d’autres.

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Pour Vanessa De Wilde, linguiste et formatrice d’enseignants d’anglais à l’université de Gand, le constat saute aux yeux. Auparavant, ses enfants regardaient des films en version néerlandaise sur Netflix. « Mais nous avons décidé de bannir les doublages. Il a fallu batailler quelque peu, mais les enfants ont fini par céder. »

Le but n’est évidemment pas que les enfants restent scotchés devant l’écran. Mais quitte à les laisser regarder la télévision, autant qu’ils en tirent un enseignement. Le raisonnement tient la route, bien que le lien entre le fait de regarder la télévision et l’apprentissage d’une langue étrangère ne soit pas clairement établi. L’étude européenne a analysé l’exposition à l’anglais de 1 400 élèves issus d’écoles primaires de l’UE.

Et il s’avère que la télévision n’est pas le seul vecteur. Les enfants sont également en contact avec la langue anglaise en jouant à des jeux vidéo, en allant sur YouTube et en écoutant de la musique. Reste à savoir s’il existe un lien de causalité. Il se peut en effet que les enfants qui sont déjà familiarisés avec l’anglais – ou dont la langue maternelle s’en rapproche – soient plus enclins à regarder et écouter des programmes anglophones. « Ce facteur peut jouer un rôle », reconnaît Vanessa De Wilde. « Mais il existe également de nombreuses études expérimentales qui indiquent que l’exposition à une langue étrangère aide les enfants à la maîtriser. »

« Les jeunes enfants qui ne lisent pas encore les sous-titres peuvent faire le lien entre les images et les mots, ce qui leur permet d’étoffer leur vocabulaire. »

Eva Puimège, linguiste à la KU Leuven, cite une étude espagnole au cours de laquelle des chercheurs ont régulièrement montré des films en anglais à des jeunes de 13 et 14 ans, et ce durant six mois. « Les progrès en anglais des participants sont significatifs », observe-t-elle.

Mais comment assimile-t-on une langue, au juste ? Notre pays regorge d’experts en la matière. La linguiste Maribel Montero Pérez, de l’université de Gand, souligne l’importance de l’aspect visuel chez les enfants. Ils sont capables de suivre une histoire sans peine en se basant uniquement sur les images. « En regardant des dessins animés, les jeunes enfants qui ne lisent pas encore les sous-titres peuvent faire des rapprochements entre les images et les sons, et ainsi capter de nouveaux mots. »

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L’anglais plus « cool »

Les films comportant beaucoup de dialogues et où l’image est moins percutante sont dès lors plus difficiles à suivre. Maribel Montero Pérez recommande d’activer les sous-titres en anglais pour les enfants un peu plus âgés. « Cela leur permet de faire le lien entre l’anglais parlé et l’anglais écrit« , précise-t-elle. Une étude menée par Eva Puimège et sa consœur Elke Peters (KU Leuven) a révélé qu’à l’âge de 12 ans, les petits Flamands connaissent déjà environ trois mille mots anglais en moyenne. Or à cette âge-là, ils n’ont pas encore appris l’anglais à l’école. « Opter pour le doublage, c’est passer à côté d’une belle opportunité d’apprentissage », assure Elke Peters.

Selon les deux chercheuses louvanistes, la tendance ne risque pas de s’essouffler. Au contraire : l’exposition à l’anglais ne cesse d’augmenter, notamment grâce à Youtube et aux jeux. La valeur ajoutée des jeux vidéo dans l’assimilation d’une langue pourrait déjà faire l’objet de tout un article en soi. Les enfants apprennent beaucoup lorsqu’ils jouent ensemble et qu’ils élaborent des stratégies entre eux en anglais.

« Opter pour le doublage, c’est passer à côté d’une belle opportunité d’apprentissage »

La Néerlandaise Marijn van Dijk, psychologue de l’université de Groningue, en connaît un rayon sur les effets du doublage dans l’apprentissage des langues. S’il est incontestablement appréciable d’apprendre des mots dans une autre langue, il ne faut pas se montrer catégorique pour autant. « Je laisserais le choix aux enfants. Regarder la télévision doit aussi rester un moment de détente. Et puis, de nombreux enfants de moins de 11 ans ont encore du mal à suivre les sous-titres. Certains détails leur échappent, et ils risquent de perdre le fil. Sans oublier que regarder la télévision dans sa propre langue contribue également à une meilleure maîtrise de celle-ci. »

Arrivera peut-être le moment où vous n’aurez plus à vous battre. Âgés de 10 et 12 ans, les enfants de Vanessa De Wilde préfèrent désormais regarder les films en version originale, bien souvent en anglais. Parce que c’est « plus cool », tout simplement.

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