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Le chanteur Will Ferdy est décédé, son coming-out en 1970 a marqué les esprits
10·11·22

Le chanteur Will Ferdy est décédé, son coming-out en 1970 a marqué les esprits

Kris Vanmarsenille est la rédactrice en chef du quotidien Gazet van Antwerpen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

WIM HENDRIX (BELGA)

Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

Certaines chansons du répertoire de Will Ferdy passeront peut-être à la postérité, mais c’est surtout pour son coming-out en 1970 que l’on retiendra son nom. Un acte transgressif, à l’époque, de la part d’un chanteur flamand biberonné au catholicisme. Pour beaucoup d’homosexuels et de lesbiennes, ce fut une révélation.

La réaction de Bob Davidse, alias Nonkel Bob, racontée dans ce journal par son fils David permet de mesurer à quel point la confession de Will Ferdy a été ressentie comme un séisme à l’époque. Ce n’est pas tant son homosexualité à proprement parler qui a choqué Bob Davidse en 1970, mais surtout le fait qu’il en parle publiquement.

« Faites ce que vous voulez, mais n’en parlez pas » : tel était le message en ce temps. Un an plus tôt, la ville de New York avait été le théâtre des Stone Wall Riots, les premiers soulèvements publics de la communauté homosexuelle contre la brutalité des descentes de police dans les bars homos. En Flandre, beaucoup d’homosexuels et de lesbiennes se rencontraient au Cultureel OntmoetingsCentrum (note du traducteur : centre culturel de rencontres), mais ce n’est que dans les années septante qu’allait naître un véritable militantisme, avec l’organisation de la première journée des homos en 1978 comme premier réel fait d’armes. Ferdy a donc été un véritable précurseur en Flandre, mais sans jamais devenir militant. Monter aux barricades ne l’intéressait pas : il voulait simplement être lui-même.

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La Flandre de l’époque n’était toutefois pas prête à rencontrer cette aspiration. L’agenda de Ferdy allait en pâtir drastiquement, l’intéressé devenant soudain persona non grata aux yeux de nombreux organisateurs d’événements. Ferdy allait en revanche recevoir de nombreux témoignages de soutien. De nos jours, il est difficile d’imaginer à quel point le fait qu’un individu s’exprime avec autant de franchise et d’honnêteté sur son orientation sexuelle a pu être ressenti comme une libération par autant de personnes.

« Grâce à Will Ferdy et beaucoup d’autres, des milliers de membres de cette communauté sont désormais libres d’être tels qu’ils sont. »

Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, l’hypocrisie de l’époque a largement cédé la place à une véritable liberté de parole, avec cet effet pervers, malheureusement, que les personnes qui ne respectent pas les autres ou qui condamnent sans pitié l’homosexualité du fait de convictions religieuses radicales sont elles aussi sorties du bois. L’homophobie reste virulente, dans la rue comme sur les réseaux sociaux. Grâce aux militant·es de l’époque, les droits de la communauté LGBTQIA+ sont aujourd’hui garantis par la loi. Grâce à Will Ferdy et beaucoup d’autres, des milliers de membres de cette communauté sont désormais libres d’être tels qu’ils sont. Mais tant que les réseaux sociaux seront gangrénés par l’intolérance et par l’indécence et tant que les Occidentaux libres que nous sommes continueront de se vendre sans examen de conscience à des pays où l’homosexualité est interdite, l’objectif ne pourra pas être considéré comme atteint.

Je suis contente que Will Ferdy n’ait pas dû entendre les mots de l’ambassadeur de la Coupe du monde au Qatar, selon qui « l’homosexualité est un dommage mental ». Cinquante-deux ans après son courageux coming-out, de tels propos sont intolérables.

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